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Orientations budgétaires 2026 : un exercice d’équilibriste pour le Département de la Marne

Département. Des recettes qui ne compensent pas les hausses obligatoires de dépenses de fonctionnement, une épargne de plus en plus basse et qui fragilise la capacité d’investissement, mais une maîtrise de la dette, meilleure ici qu’ailleurs, le Département de la Marne tricote un budget dentelle pour 2026.

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Jean-Marc Roze
En affichant 78,1M€ pour ses investissements 2026, le Département présidé par Jean-Marc Roze duplique quasiment son BP 2025 (78,9 M€) (Crédits : DR)

Dans la série « Ils ont dit », à la suite du propos liminaire du Président Jean-Marc Roze, ouverture de bal inédite, c’est Eric Kariger qui se lance : « Une démographie en berne… Le coût croissant du vieillissement assumé par le Département… La santé, la dépendance… Tout va exploser en 2030… On finit par gagner plus au RSA qu’en allant travailler… Trop d’impôts… Heureusement que dans la Marne on gère mieux » et bouquet final : « À titre personnel, j’en ai ras-le-bol ! ». Rudy Namur, en opposant très prudent après s’être qu’abstenu au moment du vote du budget primitif 2025, attitude qui lui aurait valu quelques remarques désagréables de la part de la Gauche locale, opte pour le service minimum : « Nous sommes au bout du système… Il nous faut agir là où le Département peut-être utile » … Entendez par là : « N’assumons que nos obligations légales ». Stéphane Lang, conseiller départemental de la Majorité et opposant d’un jour sur le dossier Vatry : « Stop au financement sans débat… ». Ce que lui vaudra cette réplique du Président : « On ne t’a pas attendu, mais nous sommes preneurs de tes idées ». Et Charles de Courson ? Le barde de la finance tout terrain, d’habitude prompt à dégainer, réserve ses remarques pour le débat central des orientations budgétaires. Ce que voici.

Des recettes en hausse de 2,8 %

Président de la commission ressources et prospectives, en charge notamment du budget, Rudy Namur fait presque de l’autosatisfaction en évoquant les orientations budgétaires auxquelles il a participé : « Un rapport sérieux… Des documents de qualité… », avant de noter : « Une épargne divisée par quatre en treize ans » et de demander, face aux incertitudes financières nationales, le rapport à plus tard du vote du budget primitif 2026, prévu le 30 janvier prochain. Charles de Courson s’intéresse également à une épargne brute réduite à 8 M€ et une épargne nette qui serait négative de 10 M€ et pourrait engendrer la crainte des banques, tout en expliquant : « Des perspectives de recettes prudentes… Des dépenses peut-être sous-évaluées… Un niveau d’investissement bas… Quant aux économies, on fait ce que l’on peut… ».

Alors, où devrait aller ce futur budget 2026 ? Réponse tableaux à l’appui de Jean-Pierre Fortuné, rapporteur de la commission ressources et perspectives. Du côté des recettes, le Département mise sur un total de près de 610 M€, soit une progression de 2,8% par rapport au BP 2025 et de 6% par rapport au compte administratif 2025 anticipé. Sur ces 610 M€, 553 M€ seraient destinés au fonctionnement (+ 3,4%) et 56,4 M€ à l’investissement (-2,6%). Force est de reconnaître que l’investissement projeté est légèrement inférieur au BP 2025, mais surtout double de celui du compte administratif 2025 anticipé. En clair, l’investissement serait maintenu au double de ce qui sera constaté par rapport au compte administratif 2025. Avec une épargne réduite, l’emprunt s’invite comme une nécessité.

Des dépenses de fonctionnement en hausse de 3,8 %

514,4 M€ à 531,8€, les dépenses de fonctionnement augmenteraient de 3,8%, en retrait de 4,6% par rapport au compte administratif anticipé 2025. Entre BP 2025 et OB 2026, les solidarités (74% du fonctionnement) augmenteraient de 4,5%, hors moyens généraux (+5,4%), les autres dépenses de fonctionnement seraient en baisse : -0,8% pour les infrastructures et transports, -1,5% pour les aides aux territoires, -2,9% pour les collèges et -8,8% pour la culture, le sport et les loisirs. À noter sur ce dernier chapitre la confirmation d’un certain recentrage sur les compétences propres du Département. En affichant 78,1 M€ pour ses investissements 2026, le Département duplique quasiment son BP 2025 (78,9 M€). Le maintien de l’investissement s’affirme comme le crédo prospectif des collectivités territoriales. Même si le compte administratif affiche une modération de cette volonté comme c’est le cas pour 2025 : 78,9 M€ affichés au BP et 58,9 M€ réalisés au compte administratif anticipé, soit un écart de -25%.

Epargne et dette en baisse

L’épargne de gestion de la Marne passerait de 28,8 à 26 M€, soit une baisse de 9,7% et l’épargne brute de 25,2 à 21,7 M€ soit près de 14% en moins. L’épargne nette, source de financement des investissements avec les emprunts, passerait de 6,7 à 2,6 M€, soit une baisse de 61%. Baisse qui explique l’alerte du conseiller Charles de Courson lors de son intervention en séance. Même si ce dernier, de nature pessimiste, mais peut-être visionnaire, évoque une épargne nette négative. Dans cet ensemble prospectif, le Département opte pour un besoin d’emprunt de 44,8 M€, contre 23,3 M€ constatés en 2024, un quasi doublement dicté par une baisse de près de 50% des recettes d’investissement. Et, comme pour calmer les esprits chagrin, le Département de la Marne affiche l’état de sa dette : 184,7 M€ au 31/12/2024 et 168,6 M€ au 30/09/2025, soit une baisse de près de 9%.