Municipales 2026 dans l’Aisne : la fiscalité locale s’invite dans les débats
Fiscalité. À six mois des élections municipales de mars 2026, la question de la taxe foncière s’impose comme un enjeu majeur de campagne. Entre hausses assumées et baisses stratégiques, les choix fiscaux des maires sortants dessinent une carte axonaise aux géographies contrastées.

Les chiffres fournis par la Direction générale des finances publiques ne laissent place à aucune ambiguïté : depuis 2020, les deux tiers des 797 communes de l’Aisne ont maintenu leur taux de taxe foncière inchangé. Mais pour les autres, les trajectoires divergent sensiblement. Si 242 municipalités ont augmenté leur fiscalité locale, seules 31 ont fait le choix inverse. Des écarts qui s’invitent désormais dans le débat électoral.
Cette mandature aura été marquée par une succession de bouleversements : crise du Covid-19, inflation consécutive à la guerre en Ukraine, suppression de la taxe d’habitation en 2021. Ce dernier point a redistribué les cartes, les communes récupérant les 31,72 % autrefois prélevés par le Département, ont enrichi de fait les taux communaux tout en complexifiant les arbitrages budgétaires.
L’exemple de Chambry illustre cette tendance à la hausse. La commune du Laonnois, forte de 830 habitants et d’une présence commerciale notable, détient le record départemental avec une progression de 10 points sous la mandature du maire communiste Olivier Josseaux, démissionnaire en 2024 pour raisons médicales. Le taux y est passé de 41,95 % à 52,1 %. Derrière, Pontruet et Leuilly-sous-Coucy affichent des hausses supérieures à 7 points.
À l’inverse, certains élus ont fait de la modération fiscale un étendard politique. À Beaumont-en-Beine, près de Chauny, le maire Christian Gambart a profité de la réforme de la taxe d’habitation pour baisser la part communale de 6 points. Dans les plus petits villages, où l’offre de services publics reste limitée, la pression fiscale se relâche naturellement. À Berlancourt, en Thiérache, qui affiche le taux le plus faible du département (18,86 %), le maire Philippe Torre a divisé la taxe foncière par deux (37,72 à 18,86 %). Pour certains, comme à Montescourt-Lizerolles, c’était même une promesse de campagne en 2020, alors que le village comptait parmi les communes les plus taxées du département.
Avec un taux moyen de 45,1 % dans l’Aisne et des écarts allant de 18,86 % à 65,4 % (Saint-Quentin), chaque maire sortant devra justifier sa politique fiscale sur le chemin de mars 2026. Entre projets d’investissement et maîtrise des dépenses, la facture foncière qui tombe chaque année dans les boîtes aux lettres s’impose comme un argument de campagne à double tranchant.