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Malgré un budget « contraint et équilibré », les Ardennes investiront 37 M€

Ardennes. Dans un contexte très tendu, les élus ardennais réunis lors d’une séance plénière, ont voté le budget primitif 2025 qui s’élève à 460 millions d’euros.

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Photo de Noël Bourgeois
« Si rien ne change et qu’on continue de nous faire les poches en permanence, on arrivera au bout d’un système. Il y a vraiment urgence à ce que l’État prenne la mesure du problème. » (Crédits : DR)

« Encore une fois et en attendant de savoir à quelle sauce les collectivités départementales vont être mangées dans les prochaines semaines, nous sommes parvenus à présenter un budget sincère et équilibré et à honorer nos obligations légales tout en continuant d’investir, à hauteur de 37 millions d’euros, à conserver nos actions volontaires et à contenir notre épargne nette à moins de neuf millions d’euros. Ce qui peut être considéré comme un bel exploit », a annoncé Noël Bourgeois en préambule de cette séance plénière. Avant de lancer un énième cri d’alarme.

« Si rien ne change et qu’on continue de nous faire les poches en permanence, on arrivera au bout d’un système. Il y a vraiment urgence à ce que l’État prenne la mesure du problème. Comment peut-on, en effet, financer des dépenses qui nous sont imposées par l’État sans avoir les recettes qui vont avec et alors qu’on a perdu toute autonomie financière ? Il faut qu’on arrête de charger la barque », a continué Noël Bourgeois qui ne dispose guère de marges de manoeuvre.

Et le conseiller départemental d’Attigny de chiffrer les conséquences financières des mesures prises par les gouvernements Borne et Attal : « 19,6 millions d’euros de dépenses supplémentaires avec à peine deux millions d’euros de compensations. On ne peut plus continuer comme cela car le moment arrivera où tout va craquer ».

37 millions d’euros dégagés pour les routes et les bâtiments

Dans un tel décor et compte tenu d’un poste lié aux politiques de solidarité qui absorbe à lui seul 226,4 millions d’euros malgré une légère baisse du chapitre consacré au RSA (58 millions d’euros au lieu de 62,7 millions) mais avec un reste à charge de 40 millions d’euros et une augmentation de la prise en charge des mineurs non accompagnés (23 millions d’euros de coût cumulé seulement compensé par un million d’euros), le Département des Ardennes parviendra à consacrer 37 millions d’euros à plusieurs lignes directrices. Cette enveloppe financière, qui nécessitera un recours à l’emprunt de 36,4 millions d’euros, sera destinée aux routes (10,4 millions d’euros plus 5,7 en fonctionnement), aux collèges et aux bâtiments départementaux (12 millions d’euros plus 5 en fonctionnement).

Les efforts prodigués le seront donc en direction des collèges, dont celui à réaliser à Monthermé (4,4 millions d’euros), des deux bases de loisirs des Vieilles-Forges et de Bairon, et pour des créations d’aires de services sur les voies vertes. Mais aussi vers les actions volontaires (5,5 millions d’euros), dont celles pour le sport, la culture et le monde associatif et de l’éducation (2,5 millions d’euros) « car il est important de soutenir ceux qui créent du lien social sur le territoire ». Le département adoubera enfin 145,53 millions d’euros pour les ressources humaines et les affaires financières, et 2,9 millions d’euros à la promotion du territoire.

Demande d’une péréquation plus juste

« Compte tenu de la situation financière apocalyptique laissée par Bercy, avec 3 228 milliards de dettes engendrant 60 milliards d’intérêts par an et de la situation inédite à laquelle nous sommes confrontés sans disposer de données précises sur les dotations et dépenses futures », Noël Bourgeois n’a pas caché son inquiétude quant à la pérennité du fonds de sauvegarde ou la reconduction du « Geste 24 ». En raison de toutes ces incertitudes et de la crainte de devoir supporter de nouvelles charges supplémentaires, dont une probable hausse des cotisations sociales des agents à leur caisse de retraite (1,3 million d’euros), le président de l’exécutif ardennais, décidément incisif, a réitéré sa demande d’une « véritable péréquation imposée par l’État ». « Avec, cette fois, des critères objectifs de pauvreté afin de donner aux départements réellement les plus en difficulté une véritable bouffée d’oxygène. Nos concitoyens se sentent abandonnés, oubliés de la République. Si cette véritable péréquation ne se met pas rapidement en place, je ne donne pas cher de notre peau. 2026 sera en tout cas l’année de tous les dangers ».