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Les Maires de la Marne sensibilisés à la gestion des risques

Prévention. L’Association des Maires de la Marne, en collaboration avec la CMMA, organisait une rencontre avec les élus marnais sur le thème des risques : risque climatique, technologique, terroriste, cyber… Nombreux ont été les aspects abordés avec les deux grands témoins missionnés sur le sujet par l’AMF, Éric Ménassi, maire de Trèbes (Aude) et Sébastien Leroy, maire de Mandelieu (Alpes Maritimes).

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Photo de Sébastien Leroy, Éric Ménassi, Océane Da Paz, Audrey Hamm, David Petit et Christophe Duvernoy
Sébastien Leroy, maire de Mandelieu, Éric Ménassi, maire de Trèbes, Océane Da Paz, cheffe du Service interministériel de défense et de protection civiles SIDPC à la Préfecture de la Marne, Audrey Hamm, adjointe à Sécurité Prévention des Risques Naturels, Technologiques et Routiers à la DDT de la Marne, David Petit, Capitaine au SDIS de la Marne et Christophe Duvernoy, Lieutenant-colonel au sein du groupement de gendarmerie départementale de la Marne sont venus apporter leur expertise.

Face à une crise, le maire est seul. Seul avec sa responsabilité. Alors pour ne pas être démuni, il doit se préparer au mieux. C’est dans cette optique que l’Association des Maires de France organise, dans les départements, des sessions de sensibilisation aux risques. C’était ainsi le cas le 21 octobre, à Châlons-en-Champagne, où Éric Ménassi, maire de Trèbes (Aude) et Sébastien Leroy, maire de Mandelieu (Alpes Maritimes) sont venus apporter leur témoignage et leur expérience. Car il faut reconnaître qu’ils n’ont pas été épargnés. Éric Menassi est venu rappeler deux crises qui ont fait l’actualité nationale dans sa commune en 2018, « année terrible ». Tout d’abord en mars, avec la prise d’otage du supermarché Super U de sa commune entrainant le décès du colonel Arnaud Beltrame et de trois autres victimes civiles.

Puis, quelques mois après, en octobre, lors d’inondations qui ont coûté la vie à six personnes. « Quand vous portez cette écharpe de maire, vous êtes en responsabilité et surtout, vous n’imaginez pas le type de crise qui peut venir vous frapper », a-t-il voulu rappeler, arguant qu’en 2018, « le terrorisme c’était à Paris ou Marseille, mais pas dans une petite ville de 6 000 habitants en Occitanie ». Sébastien Leroy a pour sa part livré son vécu lors des crues de 2015, ayant entraîné la mort de huit personnes dans sa commune.

L’indispensable Plan communal de sauvegarde

Outre leur témoignage, plusieurs experts en gestion des risques sont venus apporter des clés afin d’appréhender au mieux les crises lorsqu’elles surviennent. Et s’il ne fallait retenir qu’un mot des interventions, ce serait celui de « PCS » pour « Plan communal de sauvegarde ». À ce sujet, l’Association des Maires de la Marne a en effet diffusé un questionnaire demandant aux élus s’ils avaient établi un PCS pour faire face aux situations de crise. Et la réponse a été édifiante : 29% ont répondu « non, mais nous prévoyons de l’établir prochainement », 20% « non, nous n’envisageons pas de l’établir », quand 19% avouent tout bonnement ne pas savoir ce que c’est. « Le plan communal de sauvegarde est un outil essentiel d’aide à la décision du maire, c’est un document qui peut être obligatoire dans certaines communes et qui est fortement recommandé pour toutes les autres », explique Océane Da Paz, cheffe du Service interministériel de défense et de protection civiles SIDPC à la Préfecture de la Marne.

« Il recense une cartographie au niveau des risques de la commune et permet de penser avant la crise, la réponse et l’organisation adéquates. Un PCS doit par exemple répondre concrètement à : comment j’ouvre ma salle communale pour accueillir des victimes ; quels sont les moyens à ma disposition ; quelles sont les personnes que je peux mobiliser ? » Ce document va notamment recenser les moyens de la communes (véhicules, nombre de tables et de chaises à disposition, les endroits où on peut héberger des personnes), il contient aussi un annuaire de crise avec les contacts ressources qui peuvent venir en appui. « Ce qui va être déterminant lors de la survenue d’une crise, c’est la capacité à garder sa lucidité », insiste Éric Ménassi. « Une crise, elle arrive rarement un lundi à 14h30. En 2018, il a plu fort en pleine nuit, avec un fleuve Aude passant de 35 cm à minuit à 7,67 m à 7 heures du matin. »

À ce moment-là, tout le monde doit intervenir en complémentarité et surtout pas en opposition, appuient les experts. Sébastien Leroy souligne quant à lui, que « le calme apparent, c’est le premier danger ». « Tout est en train de changer très vite. Avant le 1er octobre 2015, on construisait encore des logements sociaux dans la commune au bord du Gard. Trois mois après les travaux, il y avait 2 mètres d’eau au-dessus des rez-de-chaussée. Et deux fois de suite deux mois après ! Des bâtiments de 400 ans ont été balayés. Les impacts climatiques n’ont plus rien à voir avec ce qu’ils étaient auparavant. »

Le PCS est également appelé des vœux de Christophe Duvernoy, Lieutenant-colonel au sein du groupement de gendarmerie départementale de la Marne qui dévoile cette citation d’Eisenhower : « La première victime de la guerre, c’est le plan. Mais c’est quand même nécessaire de le faire. » Et pour limiter les dégâts, la gendarmerie, comme le SDIS, possède des référents qui opèrent le lien avec les élus.

« Dans la Marne, nous avons fait preuve d’innovation, nous avons créé la communauté de protection des entreprises et des organisations qui est là en appui, afin de répondre à un certain nombre de questions des élus et des chefs d’entreprises », indique le Lieutenant-colonel Christophe Duvernoy. « Trois référents sont à dénombrer, le référent SECOPE (sécurité économique des entreprises), le référent sureté et le référent cyber. »

Des risques climatiques, sécuritaires mais aussi géologiques…

Audrey Hamm, adjointe à la cheffe du service Sécurité Prévention des Risques Naturels, Technologiques et Routiers à la Direction Départementale des Territoires de la Marne, est quant à elle venue indiquer à quels types de risques était exposé le département : « 400 communes dans la Marne sont exposées au risque du gonflement des argiles. Les éléments précis sont disponibles sur « Georisques » qui est une supra base de données reprenant une trentaine de bases de données différentes. On va pouvoir y retrouver toutes les informations sur les différents risques qu’ils soient naturels ou technologiques et la recherche est disponible par commune. C’est un outil très utile pour un élu », insiste-t-elle.

« Le risque glissement de terrain concerne quant à lui 77 communes dans la Marne. Sur ces secteurs, on a soit réalisé un Plan de Prévention de Risques glissement de terrain, soit porté à connaissance des résultats d’études. Toute la vallée de la Marne est concernée par un PPR et une partie de la Vesle qui a été inscrite ainsi que le nord-ouest de Reims. Le risque cavité effondrement concerne 204 communes quand celui d’inondation s’applique pour 123 communes dans les secteurs d’Épernay, Châlons-en-Champagne, Vitry-le-François et Sainte-Menehould. »

Pour faciliter la communication avec les services concernés lorsqu’une crise intervient, le SDIS, qui est généralement le premier arrivé sur les lieux, souligne l’obligation d’avoir « un référent » notamment pour tout ce qui concerne les incendies. L’alerte donnée à la population entre ainsi en jeu. Comment prévenir les habitants qu’une catastrophe est en train de se dérouler et qu’il faut évacuer les lieux ? « Le système FR-Alert a été déployé en France depuis 2022. C’est un système d’alerte aux populations déclenché par le Préfet qui permet d’informer, dans une zone déterminée, une situation de crise. Tous les individus de cette zone vont recevoir un message sur le téléphone portable qui va se traduire par un signal sonore qu’on ne peut pas louper », indique Sébastien Leroy.

« Le bémol est que seuls 60% des portables sont en capacité de recevoir ce message d’alerte, c’est pourquoi on fonctionne encore avec les sirènes en complément. » D’autres systèmes d’alerte existent pour des problèmes plus spécifiques comme les crues avec « Vigicrues ». « Il faut garder à l’esprit que les crues n’interviennent pas uniquement lors d’un débordement de cours d’eau mais aussi lors d’un ruissellement, c’est souvent la concomitance des deux qui déclenche une forte crue. » Dernier conseil apporté par les deux témoins, celui concernant la « judiciarisation de la société ». « Le maire, en cas de catastrophe, sera toujours tenu pour responsable. C’est pourquoi il faut établir des documents et procédures en amont pour se prémunir. »