Collectivités

Les femmes dans le Grand Est : 52% de la population et 38% des élus

Collectivités. Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, est l’occasion de manifestations, comme les assises départementales de l’égalité entre les femmes et les hommes, et d’informations sur les avancées de cette égalité en France et comparativement dans les régions. Sur ce dernier sujet, l’INSEE fait le point dans le Grand Est.

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Virginie Guérin, Déléguée départementale, animatrice des Premières Assises de l’égalité entre les femmes et les hommes. Gérard Delenclos

Les premières assises départementales de l’égalité entre les femmes et les hommes, organisées par la Préfecture de la Marne, ont réuni une quinzaine de témoignages émanant d’horizons divers et témoignant des parcours et de l’engagement des femmes dans l’Education Nationale, le sport, le spectacle, les sapeurs-pompiers, les entreprises, le planning familial, le CHU de Reims, l’Inspection du travail, le Centre d’Information sur les Droits de la Femme et de la Famille ainsi que la Délégation départementale aux droits des Femmes et à l’égalité. En filigrane de cet factuel, l’INSEE publie la situation et les évolutions de la parité dans le Grand Est et cela dans deux domaines : l’entreprise et la politique.

La dizaine de témoignages des deux tables rondes « Promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes : des actions concrètes, des réussites et des projets » et « L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, où en sommes-vous ? » a débouché sur un consensus paisible : pas de vague, pas de conflit, pas de grain de sable dans les projets au féminin.

La guerre est finie ou presque

On est ainsi passé relativement vite sur les nouvelles problématiques, harcèlement sexuel sur les réseaux sociaux, orientation professionnelle sexuée, primauté du talent sur le sexe… que certains auraient bien aimé voir approfondir dans la salle. « Trop grande, trop grosse, avec ou sans maillot de bain », Emilie Guillot-Zelanti, référente égalité au lycées Jean Talon de Châlons-en-Champagne, remet les jeunes filles dans le bain de ce qu’elles sont et qu’elles doivent affirmer : baignade pour tous, même si Léna Dillmann pour le Centre d’Information sur les droits des femmes et de la famille ajoute : « Les blondes ! Ce n’est pas nouveau. La déconstruction prendra du temps ».

Diégo Salazar, Directeur de l’Echiquier Châlonnais, évoque les femmes dans un sport pratiqué à 80% par des hommes et explique comment on renverse la vapeur. Près d’un tiers de filles dans son club animé par la locomotive Elena Pirtac, Grand Maître international féminin d’échecs et qui ne manque pas d’humour : « Les échecs ne sont pas un sport pour les hommes, c’est un sport fait pour les cerveaux ».

Trop vaste et trop complexe pour être traité comme un seul chapitre, le sujet de l’égalité professionnelle a été traité sous l’angle de la femme chez les sapeurs-pompiers, avec le témoignage du Capitaine Vanessa Ricoul, adjoint au Chef de Centre du SDIS de la Marne : « Les femmes ne représentent que 4% des officiers chez les pompiers ». Quant au fameux index égalité femmes / hommes dans les entreprises, un sujet cher à Dominique Jacquier, Inspecteur du Travail, lequel avoue : « Calculer un index, c’est compliqué ». Peu d’établissements, moins d’un sur deux, y parviennent.

Les femmes rarement aux commandes

Les dirigeantes sont moins nombreuses dans le secteur privé (34,8%) que dans le secteur public (44,3%), lequel compte une forte majorité de directrices dans le domaine hospitalier. Les femmes sont moins bien rémunérées avec des écarts plus importants dans le privé. La parité est un peu mieux respectée chez les jeunes générations. Fin 2019, la parité est presque atteinte dans les entreprises individuelles (46,8%), lesquelles représentent la moitié des entreprises du Grand Est. Les dirigeantes ne sont cependant que 20,6% dans les entreprises de taille supérieure. La proportion n’est plus que de 19,8% dans les sociétés anonymes, soit un point au-dessous de la moyenne nationale. La représentation des femmes chez les cadres s’avère également faible (24%).

Dans le secteur public, les hautes fonctions sont davantage féminisées. Ainsi, 44,3% des 700 postes de direction du Grand Est sont occupés par des femmes, un score supérieur à celui de la moyenne nationale. La parité est atteinte dans les directions de la fonction publique hospitalière et la part des directrices est plus importante qu’en moyenne nationale (+5% dans la fonction publique d’Etat et +7% dans la fonction publique territoriale). Quand elles sont aux commandes, les femmes sont en moyenne mieux rémunérées dans le Grand Est qu’en France de province, mais moins que leurs homologues masculins (-10 000 euros par an, dans le privé comme dans le public). Les inégalités salariales restent fortes. Les femmes cadres touchent 33% de moins que les hommes dans les structures de moins de 500 salariés et 26% de moins dans celles de plus de 1 000 salariés.

Le Grand Est en retrait pour la parité en politique

Toutes élections confondues, les femmes, majoritaires dans la population (52%) ne représentent que 38,5% des élus du Grand Est, à fin 2021. Cette proportion est inférieure à celle du niveau national. Les femmes élues sont généralement absentes des plus hautes responsabilités exécutives. Ici encore, les jeunes générations d’élus sont plus féminisées. La parité est presque atteinte au Conseil régional du Grand Est (47,9%) et dans les conseils municipaux des communes de plus de 1 000 habitants (48,2%). Ces deux instances restent en retrait de l’équilibre du fait que les têtes de listes sont plus souvent des hommes.

L’écart le plus important réside dans la représentation des élus régionaux à l’Assemblée Nationale, avec 25% de députées contre 42% en moyenne dans l’hémicycle. Au Sénat, 35% des élus du Grand Est sont des femmes, une proportion identique à celle du niveau national. Les conseils municipaux (38,4% de femmes contre une moyenne nationale de 42,2%) placent le Grand Est à l’avant-dernière place des régions, devant la Corse, pour la parité. Ce score s’explique par le poids (80%) des communes de moins de 1 000 habitants.

Dans le Grand Est, la présence d’une femme à la tête d’une grande collectivité est rare. Un seul Département, la Meurthe-et-Moselle, est présidé par une femme. En France métropolitaine, 4 conseils régionaux sur 13 et 19 conseils départementaux sur 96 sont présidés par des femmes. 17,5% des maires sont des femmes, contre 20% en moyenne métropolitaine. Au sein des conseils municipaux, la part des femmes diminuent à mesure que les responsabilités augmentent. Pour les communes de plus de 1 000 habitants, on recense 15,9% de maires, 38,4% de premiers adjoints et 61,8% de deuxièmes adjoints.