Collectivités

Les collectivités se mobilisent pour l’emploi dans les quartiers

Emploi. Deux actions complémentaires, la Caravane de l’emploi, initiative locale, et la labélisation Cité de l’emploi, dispositif national, fédèrent l’Etat, la Ville de Reims et la Communauté Urbaine du Grand Reims dans un projet de renforcement des dispositifs actuels et de création de solutions spécifiques pour l’emploi et l’insertion dans les sept quartiers rémois prioritaires de la politique de la ville.

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Jacques Lucbereilh, Sous-préfet de Reims : "L’Etat salue l’implication de Reims dans sa démarche innovante pour l’emploi". Gérard Delenclos

Faire se rencontrer, au bas des immeubles des sept quartiers rémois prioritaires de la politique de la ville, demandeurs d’emploi et recruteurs est le concept créateur de la Caravane de l’emploi, initiée par la Ville de Reims. À l’origine de cette idée, Philippe Wattier, Adjoint au Maire de Reims, en charge de la politique de la ville et de la cohésion territoriale explique : « Une de nos priorités est la redynamisation du secteur économique de notre territoire. Si l’économie n’est pas de notre compétence directe, nous savons qu’avoir un emploi contribue au bien-être de chacun. Là nous sommes dans notre rôle. Trouver des solutions pour insérer un maximum de personnes, c’est aussi notre mission d’élus ».

Epaulée par une soixantaine de partenaires et d’acteurs de l’emploi, privés ou publiques, de l’Etat aux entreprises, en passant par les collectivités et les associations, les instances de l’insertion et les entreprises privées en recherche d’embauches, la caravane de l’emploi est allée à la rencontre d’un public majoritairement vierge de toute démarche d’emploi ou de formation.

« Il s’agit de mettre en synergie les dispositifs existants en les coordonnant et de construire un projet territorial à l’échelle des quartiers »

S’il est encore trop tôt pour faire le bilan d’une initiative jugée innovante et audacieuse, Philippe Wattier insiste sur la volonté des élus de la Ville et du Grand Reims de réinsérer jeunes et moins jeunes des sept quartiers du territoire rémois ciblés par la politique de la ville : « L’impact en chiffres n’entre pas dans le but de l’opération. Mais les témoignages de nos partenaires dans cette caravane prouvent que des dizaines d’emplois ont été pourvus à cette occasion et que le chemin de la formation s’est ouvert pour d’autres et que d’autres encore ont renoué avec des conseillers à l’emploi. Le travail est un facteur de socialisation, il a un rôle d’impulsion sociale. Il permet d’avoir un salaire. Les aides et les allocations n’étant pas une fin en soi ».

Mettre en synergie les dispositifs existants

Les Cités de l’emploi est un dispositif initié par l’Etat mais qui implique, précise Jacques Lucbereilh, Sous-préfet de Reims, une gestion partenariale avec les collectivités locales. Outil du Plan de relance, le label concerne 84 territoires, avec une aide de 100 000 euros pour chacun d’eux, dont huit dans le Grand Est : Sedan, Epernay, Troyes, le Grand Reims, pour une mise en place courant 2022, le Grand Nancy, Forbach, Mulhouse Agglomération et Strasbourg. La Cité de l’emploi, c’est quoi ?

Réponse du représentant de l’Etat : « La Cité de l’emploi est un outil de repérage des situations et de mobilisation des acteurs. Un dispositif qui propose une collaboration renforcée de l’ensemble des acteurs de l’emploi : les collectivités locales, des associations, des acteurs professionnels du recrutement et de la formation. Faire du sur-mesure et du sans couture pour des publics qui ont du mal à aborder les dispositifs existants, pour diverses raisons. Il s’agit de travailler pour les chances de chacun dans l’accès à l’emploi ou à la formation ».

Du sur-mesure pour chaque territoire

Encore un outil supplémentaire ? Non, répond le Sous-préfet : « Il s’agit de mettre en synergie les dispositifs existants en les coordonnant et de construire un projet territorial à l’échelle des quartiers. La labellisation permet de reconnaître l’implication des acteurs dans une approche globale et systémique. Aujourd’hui le label, demain la mise en place. Du sur-mesure, pour chaque territoire et chaque population aux diagnostics différenciés, qui s’ajoute aux dispositifs de droit commun existants ».

Le Sous-préfet de Reims rappelle à cette occasion les grandes lignes du Conseil interministériel du 29 janvier dernier et parmi elles un déblocage de 2,3 Md€ pour des mesures nouvelles, en complément du milliard d’euros déjà annoncé pour les quartiers prioritaires et dans le cadre du Plan de relance. Philippe Wattier et Jacques Lucbereilh sont à l’unisson sur ce constat : « Le label Cités de l’emploi est pour nous dans la droite ligne de la Caravane de l’emploi. Il existe une très grande cohérence entre la Caravane de l’emploi et la Cité de l’emploi. Cette cohérence est dans la proposition concrète d’emploi ou de formation ».

Des recrutements pleinement satisfaits

Quatre témoignages et bien d’autres dans la salle sont venus dire leur satisfaction d’avoir participé et leur envie de recommencer. Un véritable désir de seconde caravane. Florian Botte, Responsable des ressources humaines et qualité de La Case à Pain : « Ce fut pour nous l’occasion de recruter quatre personnes, de découvrir des profils extrêmement motivés, de redonner confiance à des gens qui se croyaient inemployables ». Florent Haas, Directeur d’agence Demathieu Bard : « Nous avons rencontré des jeunes qui ont un savoir être. Nous avons pu ouvrir deux postes en CDI, toujours actifs chez nous aujourd’hui. Ce genre d’initiative, « Aller vers », nous convient parfaitement. Nous répondrons présents lors d’une deuxième Caravane de l’emploi ».

Nadia Delompré, Responsable ressources humaines Foyer Rémois : « Participer à cette caravane a été une évidence pour nous. Nos agences, tout au long des huit étapes du dispositif, ont été des lieux de rencontres de proximité, animés par nos collaborateurs. Cette approche innovante va changer nos habitudes en matière de recherche d’emploi. Tous les ans, vingt-cinq offres d’emploi émanent du Foyer Rémois. Nous avons pu sélectionner des profils en adéquation avec notre recherche. Nous sommes partants pour une nouvelle édition de la Caravane de l’emploi ».

Et enfin, Julie Fernandez, Responsable d’agence intérim Reims-Synergie : « Nous sommes spécialisés dans le bâtiment et l’industrie mais nous recrutons dans bien d’autres domaines. Nous avons reçu une trentaine de personnes et nous avons mis en poste dix d’entre elles qui sont toujours avec nous, ce qui est plutôt bénéfique pour le bilan de notre participation. Depuis, nous recevons régulièrement des candidatures, en écho à notre participation à la caravane ».

Des quartiers prioritaires pour bien des raisons

Dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, le taux de chômage est trois fois supérieur à la moyenne nationale. Dans ces quartiers, les chômeurs sont à la fois éloignés du travail et de la formation. 15% de la population des sept quartiers rémois du dispositif QPPV sont en recherche d’emploi et bénéficiaires du RSA, 25% des demandeurs du territoire rémois sont éloignés de l’emploi, 2 300 sont inscrits à la Mission locale. Des chiffres qui nous obligent à agir, précise le Sous-préfet de Reims.