Collectivités

Les agents du Département de la Marne réfléchissent à des sources d’économies

Budget. Face à des ressources de plus en plus contraintes, le Département de la Marne a sollicité ses agents pour connaître leurs propositions concrètes destinées à réaliser des économies pour faciliter la construction de son prochain budget.

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Photo de Jean-Luc Boeuf
Jean-Luc Boeuf, Directeur général des services du département de la Marne a impulsé la mise en place de groupes de travail avec les agents pour identifier des sources d’économies et émettre des propositions concrètes dans ce sens. (Crédit : DR)

Parce qu’il ne suffit pas de constater l’inéluctable baisse des recettes des collectivités, ni de pester après cette situation, le Département de la Marne a décidé de prendre les choses en main pour réaliser des économies. « Avant, il était difficile de boucler un budget. Aujourd’hui c’est construire le budget qui est difficile », souligne Jean-Luc Bœuf, Directeur général des services du Département de la Marne. « J’ai l’impression, dans les collectivités que les chiffres ont parfois remplacé les lettres ».

Fort d’une vingtaine d’années d’expérience, le DGS a donc décidé de solliciter les agents de la collectivité afin de connaître leur avis et surtout leurs idées pour faire des économies à tous les niveaux. « Qui mieux que les services eux-mêmes sont mieux placés pour imaginer des solutions et faire des propositions concrètes ? »

Le Département a donc organisé des groupes de travail répartis autour de trois pôles thématiques : Routes, Collèges et Travail. Chaque thème a fait l’objet de quatre tables rondes d’une dizaine d’agents du Département, sur la base du volontariat. « Nous n’avons pas voulu faire appel à un cabinet de consultants extérieur, nous voulions réaliser cette démarche en interne. Le principe était de mobiliser les agents sur des durées assez courtes, avec une totale liberté de parole à la fois sur leur champ de compétences et sur les actions du Conseil départemental », explique Jean-Luc Bœuf, qui n’a pas fixé de montant d’économies au préalable mais a surtout insisté sur le devenir des différentes contributions : « Les propositions ont fait l’objet d’une compilation dans leur intégralité, sans aucune censure. Puis, chacune d’entre elles est étudiée par la Direction générale, avant de faire l’objet d’une présentation globale à l’attention du Président ».

Routes, collèges et social

Réunis fin mai, les trois groupes thématiques ont émis de nombreuses propositions - une centaine - parmi lesquelles certaines semblent sortir du lot : « Le groupe Routes par exemple, constatant que, de décennie en décennie, les hivers étaient moins rigoureux et produisaient moins de neige et de verglas, a proposé de réduire le temps de mobilisation des agents, qui est actuellement du 15 novembre au 15 mars », souligne le Directeur général des services. Les agents ont également proposé de revoir la stratégie d’achat et d’utilisation du matériel notamment en direction de matériels moins techniques mais plus polyvalents, mais aussi de revoir les circuits routiers.

Ont aussi été évoquées la réduction du nombre de poubelles présentes au bord des routes, la question de l’entretien du réseau des pistes cyclables (fin du nettoyage le week-end, participation des communes…). « Les agents ont aussi proposé d’adopter de nouvelles techniques de réparation des routes, permettant de réduire le temps de blocages de celles-ci par exemple », note Jean-Luc Bœuf.

Au niveau des collèges aussi, plusieurs propositions sont ressorties des groupes de travail, sachant que chacun des 47 collèges marnais compte entre 8 et 10 agents départementaux. « Nous avons noté la demande de mutualisation des agents, des matériels et des différentes tournées. Nous pratiquons déjà dans certains établissements de nouvelles manières d’aborder le nettoyage et il semble y avoir une volonté des agents de généraliser ces pratiques. La lutte contre le gaspillage alimentaire a été aussi évoquée avec des propositions de partenariats ».

Quelques propositions ont également été faites au sujet des aides aux communes et des subventions aux associations, notamment à propos des demandes de subventions, de la corrélation des aides avec les trésoreries ou l’incitation à effectuer des commandes groupées.

En matières de social et de solidarité, quelques idées sont ressorties avec néanmoins un constat partagé : « C’est sans doute dans ce secteur qu’il y a le moins d’économies potentielles. Cela représente la plus grosse partie des dépenses du département mais ça n’est pas là qu’il y a le plus de marges de manœuvre : de nombreuses aides sont liées à des allocations et il y a de plus en plus d’allocataires », insiste Jean-Luc Bœuf. Plusieurs propositions ont été faites en revanche au niveau de la prévention dans les familles, que ce soit dans l’aide à la parentalité, l’aide à domicile des seniors ou l’accompagnement des aidants par exemple.

L’été pour affiner

Les trois groupes ont aussi émis des propositions globales pouvant s’appliquer à l’ensemble des agents telles que la mutualisation des véhicules et des bâtiments ainsi que la réduction de la fréquence du nettoyage des vitres. « Une idée est revenue fréquemment dans les discussions : que le Département arrête de financer des actions qui ne relèvent pas de sa compétence, comme l’enseignement supérieur ou la gestion des zones d’activités par exemple », constate le Directeur général des services.

Ce dernier présentera un rapport global avec des premiers éléments chiffrés avant fin juin au Président du Conseil départemental, Jean-Marc Roze, pour que ce dernier puisse mettre certaines propositions en lien avec sa vision du budget 2025. Les éléments proposés seront ensuite présentés aux élus et Directeurs des services concernés dans le cadre de la préparation du budget, dès la rentrée de septembre.

« Le fait que cette démarche ait été lancée sans chiffrage et sans délais préalables a permis de réaliser un travail dans une grande sérénité », précise Jean-Luc Bœuf. « Tous les agents se sont sentis concernés. Ils ont joué le jeu dans leur propre domaine de compétences et ils sont même allés plus loin en proposant des mesures plus générales. Ce qui est intéressant c’est que, quoi qu’il arrive, ces mesures pourront servir à l’avenir. Elles permettront au Département, quand la conjoncture sera meilleure, de pouvoir amplifier son action ». Les services et les élus affineront ensuite leurs choix jusqu’aux arbitrages budgétaires qui interviendront à l’automne. « Notre objectif n’est pas de crédibiliser la démarche mais avant tout que le budget 2025 passe », souligne le Directeur général des services.