Collectivités

Le pouvoir d’achat aussi en débat au Conseil Régional

Collectivités. Si le soutien à l’économie a représenté le plus gros dossier de la dernière commission permanente du Conseil régional du Grand Est, pour un total de plus de 154 M€ attribués, le pouvoir d’achat et la transition énergétique se sont imposés en fil rouge des plus de trois heures de débat.

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Avec un quatrième Programme d’Investissements d’Avenir (PIA), la Région franchit une nouvelle étape de son Business Act en faveur de l’accompagnement et de la transformation des PME, ETI et des filières. Gérard Delenclos

Au programme de cette commission d’avril, le soutien à l’économie (61 M€), Jeunesse, Emploi et formation (39,6 M€), mobilités (38,5 M€) et territoires ruraux (15,1 M€), des financements abordés au travers de l’urgence énergétique (réduire les factures de tous les concitoyens), des lycées (offrir les meilleures conditions de travail dans le public et le privé), l’agriculture (bas carbone et responsable), les mobilités (un investissement de 28,3 M€ pour l’ouverture à la concurrence) et l’économie (le Programme Investissements d’Avenir et le partenariat Etat-Région).

14 M€ pour l’urgence énergétique

Il s’agit pour la Région de répondre à l’urgence par des aides exceptionnelles (14 M€) pour à la fois préserver le pouvoir d’achat et diminuer les émissions de gaz à effet de serre en réduisant la vacance et les logements énergivores, développer la rénovation énergétique et l’habitat et la production de chaleur renouvelable, ou encore d’encourager les mobilités durables. En direction des particuliers, la Région engage 10 M€ pour l’acquisition d’équipements de production de chaleur renouvelable (500 à 4 000 euros par logement en fonction du matériel installé) et pour la rénovation énergétique des maisons (1 200 à 4 000 euros en fonction des revenus des ménages).

550 000 euros ont été votés pour réduire le nombre de logements inoccupés, voire à démolir les plus énergivores, une enveloppe pour six communes de la région dont la Communauté d’Agglomération de Chaumont. En faveur des mobilités durables, 3,5 M€ vont servir l’achat de véhicules faibles émissions et à l’acquisition de vélos à assistance électrique. 180 000 euros vont couvrir 35 projets de bornes à recharge pour véhicules hybrides ou électriques. Des projets qui viennent compléter un dispositif de 813 bornes et 1 322 points de charge installés depuis janvier 2020.

Les transitions de l’agriculture 2030

Le monde agricole traverse une tempête sans précédent : nourrir la population, assurer la diversité des paysages et de la biodiversité et réduire ses émissions de gaz à effet de serre. La Région s’engage ainsi à valoriser les pratiques d’élevage durable en accompagnant d’ici à quatre ans 40% des éleveurs du territoire.

Autre objectif : transformer les modèles agricoles et viticoles de 50% des exploitants pour leur faire concilier l’amélioration de la qualité de l’alimentation avec les gains de compétitivité et de décarbonation. De plus, la Région engage 1,3 M€ en direction des filières spécialisées (fruits et légumes, houblon, cultures horticoles ou viticoles), dispositif permettant à chaque producteur de gagner en compétitivité et développement durable.

4e Programme d’Investissements d’Avenir

Avec un quatrième Programme d’Investissements d’Avenir (PIA), la Région franchit une nouvelle étape de son Business Act en faveur de l’accompagnement et de la transformation des PME, ETI et des filières. Ce nouveau PIA est fondé sur trois priorités : accroître la relance, encourage la résilience des territoires et accélérer les transitions écologiques, énergétique et numérique.

Sur un total de plus de 82 M€, la Région engage sur ce PIA plus de 41 M€, dont 7 M€ de fonds européens, l’Etat engageant une somme équivalente. Le dispositif intervient sur différents projets innovation, filières, collaboration en matière de recherche et développement, ingénierie de formation.

Entre fin du système et avenir incertain

En ouverture de cette Commission Permanente, Jean Rottner, par ailleurs plutôt décontracté durant les trois heures de séance, s’est montré soucieux en pronostiquant une « rentrée difficile pour septembre prochain », avant d’évoquer « la fin d’un système, dictée par la guerre en Ukraine » ou encore l’incontournable besoin de sobriété dans les consommations, avant d’insister sur « le nucléaire, forme de souveraineté et d’indépendance ». L’avenir incertain et l’urgence d’agir sont illustrés par le surcoût prévisionnel de 20 M€ de la facture d’énergie des lycées et des bâtiments du Conseil régional, également évoqué par le Président Rottner.

Il fallait s’y attendre, le Conseil régional cesse d’honorer le paiement mensuel du service TER à la SNCF et l’annonce du Président est limpide : « Nous allons arrêter de payer en attendant que la situation revienne à la normale. Pas une journée sans incident. Le service n’est pas à la hauteur. Aujourd’hui, je dis stop et je le regrette parce que le train est une solution écologique ».

Enfin, dans les hauts et les bas de cette séance, à retenir ou oublier, le fervent plaidoyer d’Aina Kuric (Centristes et Territoires) pour la viticulture HVE, une culture qui n’a pas à rougir devant le bio, l’aveu de Gérard Shann (Les Ecologistes) sur la décroissance comme modèle économique envisageable ou encore, à propos des économies d’énergie, ce brouhaha de l’Assemblée, déclenché par Cécile Germain-Ecuer (Les Ecologistes) : « Il y a plein d’écrans allumés dans la salle et on demande à nos concitoyens de faire des économies d’énergie. Peut-être pourrait-on avoir une réflexion à l’intérieur du Conseil régional sur l’énergie qui est gaspillée quand on se rejoint ».