Le photovoltaïque à la conquête de l’Aisne
Energie. L’accélération est indéniable. L’énergie solaire séduit de plus en plus dans l’Aisne, au moment où l’éolien semble ralentir en approchant de la saturation dans certains endroits.
Ces dernières années, les juridictions administratives de la région ont refusé certains projets d’implantation dans des zones où elles estimaient que la densité d’éoliennes devenait trop grande. En évoquant des « paysages saturés », elles faisaient écho aux plaintes d’associations locales hostiles aux nouvelles installations.
Les élus concernés ne cachent pas que la résistance suscitée par de futurs parcs éoliens dans une partie de la population les pousse aujourd’hui à privilégier l’énergie solaire. « Pour les municipalités, c’est beaucoup plus facile à gérer », résume l’un d’eux. Du coup les projets fourmillent.
C’est vraiment le cas à Beautor, entre La Fère et Tergnier. Pas moins de trois nouvelles « centrales solaires » y sont en gestation. Par un opportun retour des choses, deux d’entre elles vont occuper une partie des terrains libérés par une ancienne centrale électrique à charbon, fermée depuis près de 40 ans. Celle pilotée par le groupe francilien Orion devrait en occuper un bon hectare et entrer en service dans un an et demi.
L’autre, conçue par la société bordelaise JPee (JP énergie environnement), s’étendra sur une surface 4 fois plus grande. JPee est par ailleurs à l’origine d’un parc éolien de 5 mâts à Vaux-Andigny, dans le nord du département, qui demande apparemment plus de temps pour se faire. Plus récent, plus complexe et plus ambitieux, le projet porté par le groupe marseillais Enoé se décline sur 3 terrains différents dans la commune, totalisant 8 hectares, et ne devrait voir le jour que dans 4 ou 5 ans.
Dans l’agglomération Chauny-Tergnier-La Fère, deux autres installations photovoltaïques d’ampleur sont en voie d’implantation. La première, vers Chauny, est l’œuvre de l’entreprise héraultaise Luxel, filiale d’EDF Renouvelables. La seconde, sur la zone d’activité de Tergnier, a pour promoteur le groupe Apex Energies, lui aussi de Montpellier.
Les anciennes emprises militaires en reconversion
De vastes terrains occupés naguère par l’armée dans le département sont aussi des objets de convoitise pour les investisseurs dans l’énergie solaire, plutôt gourmande en surfaces. L’ancienne base militaire de l’Otan à Couvron alimente un vrai feuilleton. L’ancien pilote britannique de F1 Jonathan Palmer l’a acquis en 2015 pour y construire un circuit de 8km de long. Après le Brexit et le covid, l’air du temps l’a convaincu, voilà deux ans, de le destiner aux voitures de sport électriques et de le doter d’une centrale photovoltaïque. Celle-ci aurait survécu à de nouveaux rebondissements et pourrait être, dit-on, alimentée par 300 hectares de panneaux solaires, ce qui paraît assez ambitieux.
L’ancien dépôt de carburants de l’armée à cheval sur les communes de Mauregny-en-Haye et Coucy-lès-Eppes est l’objet de toutes les attentions d’Engie Green. Baptisé « Les Bruyères », le projet prévoit l’installation de 30 000 panneaux photovoltaïques sur 15 des 33 hectares de l’ancien terrain militaire.
La « communauté énergétique » de Montigny-en-Arouaise
D’autres solutions, plus modestes et plus collectives, voient le jour, à l’instar de la communauté énergétique locale impulsée par le village de Montigny-en-Arrouaise et son maire écologiste. Des habitants se sont joints à elle pour équiper leurs toitures de panneaux, de même que les bâtiments communaux. Ils bénéficient de l’énergie produite qui est distribuée dans le réseau de la communauté locale. Mais également les habitants qui y adhèrent sans investir dans des équipements solaires : l’électricité qui provient des édifices municipaux leur est fournie gratuitement et celle qui vient de leurs voisins, à moitié prix. Tout le monde y trouve son compte. à tel point que la communauté énergétique pourrait bientôt s’élargir aux villages voisins.