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Le marché du travail dans le Grand Est affiche moins de besoins de main-d’œuvre

Emploi. L’enquête de France Travail recense plus de 193 000 besoins en main-d’œuvre pour l’année 2024 dans le Grand Est. C’est un recul de 5% sur un an, mais une progression de 12% par rapport à 2018, période antérieure à la crise sanitaire. Près de 69% de ces projets sont non saisonniers et près de 55% sont jugés difficiles pour les employeurs.

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Ce sont les petites entreprises qui proposent le plus grand nombre d’emplois. Celles de moins de 10 salariés comptabilisent 46% des projets. (Crédit : Shutterstock)

Après une année record en 2022 (216 480 projets) et une année 2023 en recul (203 444 projets), les besoins régionaux en main-d’œuvre affichent 193 318 projets et reculent de près de 5% dans le Grand Est contre une décélération de 8,5% au niveau national. Plus de 68% de ces projets sont non saisonniers et pour les plus nombreux, ils concernent les métiers d’agent d’entretien de locaux, d’aide en cuisine, employé polyvalent de la restauration, aide à domicile, aide-soignant ou serveur dans les cafés et restaurants.

Près de 55% de ces offres (106 000 au total) sont jugées difficiles par les employeurs, soit trois points de moins sur un an. Les plus forts taux de difficulté concernent les métiers du bâtiments, les services à la personne, la maintenance et les transports et plus précisément les conducteurs de transports en commun sur route. Ces offres s’inscrivent dans un contexte de 411 280 demandes d’emploi, catégories A,B et C, inscrits dans le Grand Est. Un point de réflexion comme un autre, en matière d’inadéquation entre l’offre et de la demande ?

Plus de la moitié des projets dans trois départements

26% du total des entreprises régionales sont porteuses d’offres d’emploi. Ce pourcentage est plus fort dans la Marne (29%) et dans le Haut-Rhin (28%). Le Bas-Rhin (44 000), la Marne (32 200) et la Moselle (28 000) concentrent 54% des projets régionaux de recrutement. La part des projets non saisonniers dans la région (69%) est plus forte en Moselle (81%) ou en Meurthe-et-Moselle (79%) que dans la Marne (44%) ou l’Aube (46%), en raison pour ces deux derniers départements de l’importance de la viticulture fortement demandeuse de travail saisonnier. Les grands centres urbains concentrent le plus grand nombre de projets. Cinq bassins d’emploi, Strasbourg, Reims, Metz, Nancy et Troyes portent 41% des intentions d’embauche du Grand Est. Les hausses les plus importantes de propositions d’embauche sont à Châlons-en-Champagne, Saint-Dié, Briey et Sedan. Les baisses les plus importantes sont enregistrées dans les bassins d’Epernay, Metz, Epinal Troyes et Molsheim.

Un projet sur deux dans le secteur des services

Ce sont les petites entreprises qui proposent le plus grand nombre d’emplois. Celles de moins de 10 salariés comptabilisent 46% des projets. Les entreprises de 10 à 49 salariés en comptent 25%, celles de 50 à 199 pèsent 18% et les plus de 200 salariés 11%. Au total, les établissements de moins de 50 salariés concentrent plus de sept intentions d’embauche sur dix. Les services représentent 52,5% des projets de recrutement (33,4% pour les particuliers et 19,1% pour les entreprises). Viennent ensuite l’agriculture (14,5%), le commerce (12,1%), l’industrie (12%) et la construction (8,9%). Les projets sont en hausse dans le commerce et stables dans l’industrie. Ils diminuent dans tous les autres secteurs.

Le huit métiers qui proposent le plus d’emplois enregistrent des baisses d’intention, notamment la santé humaine et le social, la construction, l’hébergement et la restauration, l’administration publique et l’enseignement ou encore le transport et l’entreposage. Sur les 24 secteurs d’activité comptabilisés par France Travail, huit affichent des intentions d’embauche en hausse. C’est le cas pour l’industrie agroalimentaire, pour l’automobile, pour l’information et la communication ou pour les industrie extractives, l’énergie et la gestion des déchets. Ces hausses ne concernent cependant que 11% du total des intentions d’embauche.

Les difficultés de recrutement en baisse

De 2014 à 2024, les embauches jugées difficiles par les employeurs potentiels sont passées de 30 à 54,8%. Elles ont culminé à 58,3% en 2022. Elles ont baissé de 3 points et sont en 2024 inférieures de 3 points par rapport au niveau national. La part des embauches jugées difficiles va de 45% dans l’agriculture à 76% dans la construction. Les secteurs en tension sont tous en baisse dans le Grand Est et notamment pour celui des services (-5% pour les entreprises et -3,3% pour les particuliers). La baisse est moindre dans les autres secteurs : 2,4% pour le commerce, 2,1% pour l’industrie, 1,9% pour la construction et 1,3% pour l’agriculture.

Dans son enquête France Travail pointe les vingt métiers présentant les parts les plus élevées de projets de recrutement jugés difficiles. À plus de 80% figurent trois métiers du bâtiment : couvreur, ouvrier de façade, d’étanchéité ou d’isolation, plombiers et chauffagiste. À plus de 70%, sont recensés l’aide à domicile, ouvrier mécanicien véhicule, maçon qualifié, électricien ou encore cuisinier.

Difficultés de recrutement surtout dûes à une pénurie de candidats

Les employeurs du Grand Est estiment que la pénurie de candidats sur certains postes et l’inadéquation des profils seront les principaux facteurs de tensions sur les recrutements. Pour 91% des employeurs potentiels le nombre de candidats est insuffisant, pour 79%, ils constatent une inadéquation entre le poste proposé et le profil du candidat, qu’il s’agisse des diplômes, des compétences ou des motivations. Pour 33%, ce sont les conditions de travail qui rebutent : nature du poste proposé, pénibilité, horaires. Outre la priorité du recours à France Travail (87% des cas), les solutions envisagées par les employeurs sont la formation, y compris en interne, l’appel à d’autres intermédiaires, rendre l’offre plus attractive, recourir au travail intérimaire, ou tout simplement différer les embauches.