Collectivités

Le Grand Reims fait le pari d’un transport propre et accessible à tous

Transport. L’engagement réciproque du Grand Reims et de Transdev permettrait une augmentation de 45% de la fréquentation des transports en commun d’ici à 2029 et la division par trois dans le même temps des émissions de CO² émises par les bus.

Lecture 6 min
Photo de Patrick Bedek, Catherine Vautrin, Thierry Mallet et Leïla Garnier
Patrick Bedek (Vice-président Grand Reims), Catherine Vautrin (Présidente Grand Reims), Thierry Mallet (Pdg Transdev) et Leïla Garnier (DG Transdev Reims). (Crédit : GD)

Entre 2014, l’arrivée de Catherine Vautrin à la Présidence de la CAR, la Communauté d’Agglomération de Reims (16 communes), et 2017, année de la création du Grand Reims (143 communes), le problème des transports en commun a pris de l’ampleur. Le contrat entre la CAR et CITURA, filiale de Transdev, signé en 2006, qui courrait alors jusqu’en 2040, s’est vite avéré dépassé.

Le Grand Reims, en novembre 2021, a résilié ce contrat jugé obsolète pour en adopter un nouveau, porté en septembre 2023 par 91% des 208 élus du Grand Reims. « Cela a pris du temps, a surpris, mais, précise Catherine Vautrin, nous avons osé. Désormais, sans intermédiaire, nous avons un lien direct avec l’exploitant ».

Au terme de deux années de travaux, en concertation avec les 143 communes et en benchmarking auprès des réseaux de transport des agglomérations de Nice, Metz, Le Havre et Caen, Grand Reims mobilités, société à mission, choix issu de concertation et d’observations poussées, installe ses convictions et son chantier : plus de lignes, un meilleur cadencement, plus de maillage territorial, plus de passagers et moins de pollution.

Un nouveau contrat jusqu’en 2029

L’objectif du Grand Reims est clair : « Nous avons voulu maîtriser notre destin, par l’intermédiaire d’une Délégation de Service Public de six ans, avec une garantie de recette de la part de l’exploitant et une revoyure à trois ans. Nous portons la stratégie et les investissements ».

La carte de visite de la nouvelle configuration annonce la totalité des communes du Grand Reims desservie, 182 véhicules en service, dont 99 renouvelés et énergétiquement propres, 200 km de lignes nouvelles, dont sept lignes express, reliant la ruralité au centre de Reims, 800 vélos en location et 18 boxes pour les protéger.

Dans ce changement de dimension, la hausse de l’offre de transports en commun va augmenter de 14% en milieu urbain et de 291% en milieu rural, ici avec un quadruplement des km parcourus. Des BHNS, bus à haut niveau de service, seront répartis sur deux lignes (14 km), dès 2025. Electrifiés, ils circuleront en site propre, comme une troisième ligne de tramway, et contribueront à leur manière à la diminution par trois des émissions de CO². Côté maillage, Grand Reims Mobilités annonce une solution de transport à moins d’un km de chaque habitant de la collectivité.

Un modèle écologique ambitieux

Force est de citer dans ce nouveau contrat l’engagement d’un tramway toutes les dix minutes en déserte de Champagne-Ardenne TGV et l’avènement du TAD, le transport à la demande, qui sera mis en place dans un premier temps en direction des zones d’activité, des espaces ruraux et des transports de nuit, demande principalement formulée par les étudiants.

Sur ce point, la Présidente du Grand Reims a tenu à souligner à Thierry Mallet, Pdg de Transdev : « Ce qui nous a particulièrement plus dans votre offre c’est que vos équipes ont compris qu’il fallait desservir tous les secteurs du Grand Reims, y compris ces zones d’activité ».

Si le vélo participe au fameux dernier kilomètre des transports en commun, le mode de motorisation des véhicules reste le point central du modèle de transition énergétique. La feuille de route du Grand Reims mobilités est sur ce sujet des plus ambitieuses. Elle porte sur le parc de véhicules. Entre 2023 et 2029, de 1 à 23% pour l’énergie électrique, de 70 à 0% pour le diesel, de 29 à 35% pour le BioGnv (biogaz) et de 0 à 42% pour les biocarburants, principalement éthanol.

Une première en France

Avant de signer ce contrat de concession, engageant Transdev à être un moteur fort de la montée en puissance de la fréquentation du nouveau réseau, Thierry Mallet a fait remarquer qu’il s’agissait là de la création de la première société à mission en France incluant une communauté urbaine.

Introduit par la Loi Pacte de mai 2019, une société à mission permet de déclarer sa raison d’être à travers des objectifs sociaux et environnementaux qu’elle se donne pour mission de poursuivre dans le cadre de son activité.

Dans le cas du Grand Reims mobilités, la présence de salariés dans les conseils d’administration est un des signes de ces objectifs, parmi ceux évoqués. Il existe aujourd’hui en France plus de 1 300 sociétés à mission, surtout présentes en Ile-de-France, et Auvergne-Rhône-Alpes et bien moins dans le Grand Est (une trentaine) ou dans le secteur des transports.