Le Grand Est, région la plus inégalitaire en matière de salaires entre les femmes et les hommes
Salaires. Dans le Grand Est, le salaire net des femmes est inférieur de 21,8% à celui des hommes. Cet écart place la région en tête des inégalités salariales nationales liées au sexe, avec un écart de près de trois points au-dessus de la moyenne métropolitaine.
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Dans le Grand Est, le salaire net annuel des femmes est inférieur de 21,8% à celui des hommes, un score supérieur de 2,7 points à celui du niveau national et qui place la région en tête de le France métropolitaine en matière d’inégalité salariale par genre. Cette inégalité s’explique par un volume de travail inférieur, dont le temps partiel choisi à 12% pour les femmes et à 5% pour les hommes. Le temps partiel en région est supérieur de 1,6 points à celui de la France métropolitaine.
Mesuré à temps de travail égal, l’écart de salaires tombe à 16,2% et demeure toujours le plus élevé de l’Hexagone (14,6%). Cet écart salarial diminue de deux points entre 2018 et 2021, dans le Grand Est comme au niveau national. Cette diminution est supérieure à celle de la période 2012-2015.
Des Inégalités Grandissantes Avec L’âge Et La Qualification
A équivalent temps plein, la persistance des inégalités aboutit à une surreprésentation des femmes dans les bas salaires, 60% d’entre elles gagnent moins que le salaire médian contre 43% des hommes. Les conséquences sont plus grandes pour les salaires les plus bas : 27% des femmes et 15% des hommes ont un salaire mensuel inférieur à 1 500 euros. Si l’on progresse dans l’échelle des salaires, la part des femmes se réduit. Elles sont, par exemple, 6% à percevoir plus de 3 500 euros, contre 12% pour les hommes.
Les inégalités se creusent également avec l’âge. Le salaire net moyen des femmes est inférieur de 6% à celui des hommes chez les moins de 25 ans et de 23% chez les 55 ans et plus.
Les inégalités de salaires sont plus marquées quand on examine les catégories socioprofessionnelles les plus élevées, par exemple -19,6% chez les femmes cadres des services administratifs, comptables et financiers.
Elles varient aussi selon les secteurs d’activité, par exemple -26% pour les femmes en activité dans les secteurs de la finance, de l’assurance ou de l’immobilier.
Les activités les plus inégalitaires, industrie, commerce réparation, automobile, finance, assurance et immobilier sont davantage représentées dans le Grand Est qu’au niveau national (46% des salariés contre 40%). De plus, industrie et commerce sont plus inégalitaires en région qu’au niveau national.
Des Inégalités Moins Marquées Dans Les Métiers Féminisés
Près de la moitié des femmes salariés travaille dans les secteurs d’activité les plus féminisés, des professions en général peu rémunérés. En région, pour six des dix premières professions considérées (vendeuses, caissières, secrétaires, agentes d’entretien, aides-soignantes, aides à domicile), le salaire annuel est de 22 400 euros, soit 2 000 euros de moins que le salaire moyen toutes professions confondues.
Les métiers les plus féminisés sont souvent les moins rémunérés, proches du Smic, et donc peu inégalitaires. Dans les professions occupant plus de 80% de femmes les écarts sont le plus souvent en dessous de 10%. Dans les catégories sociales les mieux rémunérées, les femmes ne représentent que 12% des cadres contre 17% pour les hommes. Une nouvelle fois, les femmes sont moins payées à catégorie sociale identique. Lorsqu’elles sont cadres, les femmes perçoivent annuellement 8 200 euros de moins que les hommes. Enfin, l’écart de rémunération augmente avec l’âge, soit 2 500 euros entre 25 et 34 ans et 7 700 euros entre 50 et 64 ans.
Un Écart De 10% Avec Une Approche Plus Fine
L’écart de salaires de 21,8% ou de 16,2% à temps de travail égal, entre les femmes et les hommes dans le Grand Est, résulte d’une approche globale : la lecture d’une feuille de paie qui n’indique pas tous les paramètres d’origine des salaires. La trajectoire des femmes et des hommes sur le marché du travail supposent bien des différences repérables.
Au cours d’une année, le volume de travail des femmes est inférieur à celui des hommes, phénomène amplié par le travail à temps partiel qui varie aussi avec le nombre d’enfants à charge. Les femmes sont surreprésentées dans les métiers les moins rémunérateurs, elles sont moins présentes dans les métiers les plus qualifiés. De plus, les activités les plus inégalitaires (industrie, commerce-réparation automobile et activités financières) sont plus présentes dans le Grand Est que dans les autres régions.
Dans une approche plus fine, l’Insee note dans son analyse de décembre 2024 : « À temps de travail, âge, catégorie socioprofessionnelle, secteur d’activité, type de contrat et tailles d’entreprise équivalents, un écart de salaires proche de 10% ». Il s’agit donc d’un écart tenant compte de toutes les caractéristiques d’un salaire.
L’Insee note qu’au niveau national une modélisation plus fine « à même profession chez le même employeur » conclut à une différence inexpliquée de 4%. Autant dire une différence de salaires illégale.
Le Grand Est, Région La Plus Inégalitaire De La France Métropolitaine
En 2023, en prenant en compte les salaires du secteur privé en équivalent temps plein et hors agriculture, l’Insee estime à 15,3% l’écart des salaires entre les femmes et les hommes, soit près de deux points au-dessus de la moyenne nationale (13,4%). Dans ce classement, le Grand Est devance la Bourgogne-Franche-Comté (15,0%), l’Auvergne-Rhône-Alpes (14,6%), la Normandie et la Provence-Alpes-Côte- d’Azur (14,3%). Au rang des régions les moins inégalitaires figurent la Corse (10,4%) et l’Ile-de- France (12,2%).
Dans le Grand Est, les disparités départementales vont de -12,9% pour la Meurthe-et-Moselle à -17,3% pour le Haut-Rhin. Parmi les « bons élèves », avec la Meurthe-et-Moselle, la Marne, les Vosges (-14,2%) et la Meuse (-14,4%), parmi les « mauvais élèves », avec le Haut-Rhin, la Moselle (-16,6%) et les Ardennes (-15,8%).