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Le Grand Est proche de réussir les objectifs de sa transition énergétique

Énergie. Le Grand Est occupe le 3e rang des régions en matière de développement, production et consommation, d’énergies renouvelables. La Région n’est plus qu’à dix points de l’objectif national à réaliser d’ici à 2030.

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Panneaux photovoltaïques
La Région Grand Est est la troisième de France en matière de réduction de la consommation d’électricité, la quatrième pour son développement photovoltaïque (comme ici le parc de Lassicourt dans l’Aube) et la première pour son développement éolien. (Crédit : DR)

La part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’électricité dans le Grand Est est, en 2020, de 41,44. Un score remarquable qui place la région en troisième position, derrière l’Auvergne-Rhône-Alpes (48,1%) et l’Occitanie (46,9%), et devant la Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Nouvelle Aquitaine et les Hauts-de-France. Par ordre d’importance, le mix énergétique renouvelable de la région est composé majoritairement d’éolien, puis d’hydraulique, de biomasse, solide et liquide, et de solaire.

Troisième source d’énergie renouvelable dans le Grand Est, le biométhane (gaz issu de la fermentation de matières organiques) situe la région au top avec plus de quarante sites d’injection dans le réseau, loin devant les Hauts-de-France et la Bretagne. On comptait en 2021 près de 200 projets d’installations de méthanisation dans le Grand Est.

Autre élément en faveur de la politique régionale pour l’énergie renouvelable, les 2 950 GWh des 750 km de réseaux de chaleur. Là encore, le Grand Est occupe la troisième place, derrière l’Ile-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes. La région fournit 21% de l’énergie éolienne française et 14% de l’énergie issue de l’hydraulique. Pour l’organisation Greenpeace, évoquant les performances régionales, « La transition se lève à l’Est », la région est la troisième de France en matière de réduction de la consommation d’électricité, la quatrième pour son développement photovoltaïque et la première pour son développement éolien.

La Marne, 2e département français pour l’éolien

Sur ce point, si la Somme est le premier département français, avec plus de 700 éoliennes, la Marne est 2e (470 machines), l’Aube est troisième (410 machines) les Ardennes onzième (230) et la Haute-Marne quatorzième (220). Ainsi, avec plus de 1 300 unités, le territoire de la Champagne-Ardenne pèse 72% du parc éolien du Grand Est.

Dans son rapport de 2020, la Banque des Territoires, portant ses priorités de participation en faveur du bâti et du développement du renouvelable, évalue à plus de 1,2 Md€ les investissements en faveur de la transition écologique au niveau national, soit une progression annuelle de 28%. La Banque rappelle la mise en place de budgets verts dans quatre régions pilotes : Bretagne, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Grand Est.

Une mobilité électrique en panne de bornes

Un petit bémol cependant dans ce palmarès : la région n’occupe que le 9e rang sur 13 en ce qui concerne la mobilité électrique au travers du nombre de points publics de charge, soit moins de 40 installations pour 100 000 habitants. Troisième région pour la production d’énergies renouvelables, le Grand Est est, avec l’Auvergne-Rhône-Alpes, la région qui a le plus investi dans l’électricité verte durant les dix dernières années. Elle est aussi, en raison de l’importance de son tissu industriel, l’une des régions métropolitaines les plus énergivores en matière de consommation de gaz et d’électricité.

En 2022, le Grand Est pèse 15,3% de la production nationale d’énergies renouvelables, derrière Auvergne-Rhône-Alpes (24,3%) et devant l’Occitanie (13,6%). La décomposition régionale de cette production est la suivante : hydraulique (43%), éolien (41%), biomasse (5,8%), gaz renouvelable (5,7%) et solaire (4,7%).

Depuis deux ans, le Grand Est évalue les dépenses de son budget à la lumière de leur impact sur le climat. Il en fait de même en ce qui concerne les aides qu’il attribue et la situation verte des fournisseurs de sa commande publique. Hors des fonds européens, 80% des dépenses de la Région passent le filtre de ce nouvel outil. Au final, près de 50% du budget du Grand Est regroupent des dépenses favorables ou très favorables au climat, 30% recensent des dépense neutres.

On trouve, par exemple, parmi ces dépenses favorables inscrites au budget 2023 : 450 M€ pour le programme de sobriété énergétique des lycées verts, 263 M€ en faveur de la modernisation, de l’extension et de l’entretien du réseau ferré, pour favoriser les modes de transports alternatifs à la voiture, 275 M€ pour le verdissement du parc autocars des transports scolaires ou encore 125 M€ pour le plan vélo porteur d’une nouveauté : la création d’un service régional de location de vélos dans les gares.

La compétence transition énergétique renforcée

Depuis la loi NOTRe de 2015, la Région possède déjà des compétences en matière de transition énergétique. La Loi 3DS de 2022, portant sur la différenciation, la décentralisation et la déconcentration, lui donne des compétences nouvelles concernant la planification de la transition énergétique et la coordination de l’économie circulaire.

Une des conséquences de cette dernière loi est le transfert, de l’ADEME à la Région, d’une partie du fonds chaleur (24 M€) sur trois ans permettant de soutenir des projets d’énergies renouvelables thermiques (chaufferies biomasse, réseaux de chaleur, géothermie, solaire thermique ou méthanisation).

La montée en puissance du Grand Est

Dans son « Panorama des énergies renouvelables », la DREAL, Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement, note une progression de 7% de la production régionale d’énergies renouvelables. Les 46,2 TWh, soit 12% de la production nationale, enregistrés en 2021 représentent près du tiers de la consommation énergétique du Grand Est.

L’augmentation globale est assez hétérogène. Deux filières révèlent des baisses de production : -13% pour l’éolien et -3% pour les agrocarburants. Les autres affichent des hausses très diverses :+38% pour le bois-énergie, +9% pour l’hydroélectricité, +17% pour l’aérothermie, +58% pour le biogaz, +33% pour le solaire photovoltaïque et +14% pour les déchets renouvelables. Trois filières couvrent près de 72% de la production régionale : le bois-énergie (38%), l’hydroélectricité (17%) et l’éolien (16,5%).

20% d’électricité régionale renouvelable

La production d’électricité dans le Grand Est (87,2 TWh) pèse 16,7% du total national. L’électricité régionale provient à 70% de ses centrales nucléaires, viennent ensuite l’hydraulique (10%), le thermique fossile (9%), l’éolien (9%), les bioénergies (1,5%) et le photovoltaïque (0,1%). La région exporte 47% de cette production. La part du renouvelable dans la production d’électricité régionale est de 20%. La région consomme 46% de la totalité de sa production d’électricité, toutes sources confondues.

La part de la production d’énergies renouvelables dans la consommation finale atteint 29% en 2021. Pour rappel, l’objectif du SRADDET, Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires est de 40% à l’horizon 2030. Depuis 2015, la production régionale de renouvelable a augmenté de 20%. Autant dire que le Grand Est s’apprête à réaliser pleinement cette planification nationale.