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Le Grand Est affiche un produit intérieur brut bien inférieur à son poids démographique

Grand Est. Le Produit Intérieur Brut du Grand Est, désormais sous la moyenne nationale, passe de la 6e à la 8e place des régions métropolitaines. Sa difficile progression dans les quinze dernières années et huit fois moindre que celle du niveau national. Le travail frontalier impacte significativement la concentration de l’emploi sur son territoire régional.

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Depuis 15 ans, la richesse totale créée par le Grand Est progresse faiblement avec un PIB en volume qui s’accroît de +0,1% en moyenne chaque année, contre +0,8% en France métropolitaine. (Crédits : Shutterstock)

Le PIB, Produit Intérieur Brut, mesure la richesse produite par les activités économiques du territoire. Il avoisine les 180 milliards d’euros dans le Grand Est en 2022 (7e place métropolitaine) et ne pèse que 6,9% du PIB national, au-dessous de son poids démographique de 8,4%. Ce différentiel de -1,5% est quasiment comparable à celui des régions voisines des Hauts-de-France (-1,9%) et de la Bourgogne-Franche-Comté (-0,9%). Comme dans toutes les autres régions, ce sont les activités liées au tertiaire marchand qui génèrent la plus forte valeur ajoutée, soit 46,1% du total.

Pour le solde, le tertiaire non marchand couvre 24,6%, l’industrie 18,6%, la construction 5,9% et l’agriculture 4,8%. Comparativement à la moyenne métropolitaine, la part de l’industrie y est plus forte (+5,8%). À une moindre échelle, c’est également le cas de la construction (+0,4%) et du tertiaire non marchand (+3,1%). Si la part de l’industrie place le Grand Est au deuxième rang des régions métropolitaines, derrière la Normandie, celle de son tertiaire marchand reste faible comparée à la moyenne nationale (58,3%). Ces écarts se maintiennent depuis une vingtaine d’années.

L’analyse du PIB régional ne peut faire l’économie d’un après de la crise financière mondiale de 2008 et de son impact plus marqué dans le Grand Est qu’ailleurs en France. Contrairement au plan national, le PIB régional a diminué de 5,3% entre 2007 et 2010, soit la plus forte baisse des régions métropolitaines. Avec une reprise économique plus faible, il a fallu attendre 2019 pour que la région retrouve son niveau d’avant crise, soit huit ans après le rattrapage du niveau national.

Une progression du PIB huit fois moindre qu’au niveau national

Sixième population métropolitaine (5,5 millions d’habitants), le Grand Est n’occupe en 2022 que la 8e place du PIB par habitant (32 159 €), devant les régions voisines des Hauts-de-France (30 988 €) et de la Bourgogne-Franche-Comté (31 323 €). La moyenne des régions se situant à 33 780 €. En quinze ans, la position du Grand Est a reculé de deux places. En 2007, le PIB régional était au niveau du PIB métropolitain, en 2022, il est inférieur de 5%.

Avec la Normandie, la Bourgogne-Franche-Comté et le Centre-Val de Loire, le Grand Est fait partie des régions connaissant les plus faibles taux de croissance annuelle du PIB par habitant, soit +1,3% pour ces quatre régions, contre +1,7% en France métropolitaine.

Depuis 15 ans, la richesse totale créée par le Grand Est progresse faiblement avec un PIB en volume qui s’accroît de +0,1% en moyenne chaque année, contre +0,8% en France métropolitaine. Le Grand Est partage cette faible croissance avec d’autres territoires voisins de la région francilienne (Normandie, Centre-Val de Loire, Hauts-de-France et Bourgogne-Franche-Comté). Ces cinq régions connaissant, par ailleurs, des évolutions démographiques modestes, comparativement au niveau national. Entre 2007 et 2022, la hausse de la population dans le Grand Est (+0,1% par an) et quatre fois inférieure à celle de la France métropolitaine.

Le plus faible taux métropolitain de concentration de l’emploi

Septième région pour le nombre d’emplois (2,2 millions), le Grand Est occupe la 5e place pour sont PIB par emploi, derrière l’Ile-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Provence-Alpes-Côte-d’Azur et la Normandie. L’emploi par habitant peut dépendre du nombre dans le territoire, le nombre d’actifs occupés résidents ou la répartitions de la population selon l’âge.

Dans le Grand Est, comme en France, seule l’évolution du taux d’emploi des 15 à 64 ans a un effet positif sur l’emploi par habitant. Cette évolution sur 15 ans est de +2,7 points dans le Grand Est contre +3,1 points en France. L’amélioration du taux d’emploi est le fait de la classe d’âge des 55 à 64 ans. Cette classe est passé de 36% en 2007 à 53% en 2022. La part des habitants en âge de travailler s’érode : 66% en 2007 et 62% en 2022 et sa baisse de 4% est quatre foi supérieure à celle de l’échelon métropolitain.

Enfin, le travail frontalier explique le plus faible taux de concentration de l’emploi de l’Hexagone. Dans le Grand Est, les travailleurs frontaliers sont passés de 150 000 en 2007 à 220 000 en 2025. Le taux de concentration de l’emploi est ainsi passé de 93 à 91%. Précisons que les travailleurs frontaliers, s’ils ne contribuent pas à la création régionale de richesse, participent au PIB du Grand Est par leurs dépenses sur le territoire régional.