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Le Grand Est a perdu 500 médecins généralistes en 10 ans

Santé. Moins d’une agglomération sur deux du Grand Est dispose d’une bonne couverture en médecine généraliste. L’évolution de cette situation est à la baisse (-1% par an depuis 10 ans). Si le Grand Est accuse un recul supérieur à la moyenne nationale, la Marne dispose d’une densité de praticiens supérieure à la moyenne régionale.

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La Marne, cinquième population du Grand Est, présente une position des plus flatteuses quant à la densité de ses médecins : 3e département, derrière le Bas-Rhin et la Meurthe-et-Moselle pour l’ensemble de ses médecins (378 pour 100 000 habitants). (Crédits : GD)

Dans cette récente étude, l’INSEE s’intéresse à la localisation des quelques 4 900 médecins généralistes dans la diversité des territoires du Grand Est, à leur accessibilité et à leur disponibilité. Globalement, le temps de trajet moyen pour accéder à un généraliste est de 3 minutes, dans la moyenne de la France de Province. 90% des habitants de la région disposent d’un praticien généraliste à moins de 7 minutes. 4% des habitants doivent faire un trajet de plus de 15 minutes. Les territoires étudiés sont ceux des EPCI, Etablissement Public de Coopération Intercommunale. Il en existe 149 dans le Grand Est et les 2/3 d’entre eux sont à dominante rurale. L’évolution concerne l’intervalle 2015-2023.

En 2015, 60% de la population résidait dans une commune bien dotée en généralistes. En 2023, cette part n’est plus que de 47%. Cette baisse de 13 points est à peine moindre que celle du niveau de la France de Province (-14 points). À l’autre extrémité du spectre, la part de la population résidant dans des communes sous-dotées est passée de 8 à 14% (15% pour la France de Province). Les médecins généralistes sont les actifs en emploi les plus âgés : 50 ans contre 42 ans en moyenne pour l’ensemble des actifs. Dans la tranche d’âge des 55 à 67 ans, l’écart est du simple au double : 18% pour le total des actifs et 38% pour les généralistes.

L’INSEE note l’enjeu d’avenir qui se traduit par une baisse annuelle moyenne des effectifs de médecins généralistes : -1% dans le Grand Est et -0,6% en France de Province, dans les dix dernières années. Si les quatre plus grands EPCI du Grand Est concentrent 23% de la population régionale, ils attirent 32% des médecins généralistes (14% pour l’Eurométropole de Strasbourg, 7% pour le Grand Reims, 6% pour le Grand Nancy et 5% pour Metz Métropole).

Quatre habitants sur dix plutôt bien dotés

La proximité d’un professionnel de santé ne signifie pas forcément sa disponibilité, ce dernier élément entre dans le calcul de l’indicateur d’Accessibilité Potentielle Localisée qui tient compte de la demande de soins, plus ou moins complexes, de l’âge des habitants et du faible nombre de médecins, à proximité, pour répondre à ces demandes. L’INSEE dresse son barème : moins de 2,5 consultations par habitant et par an équivaut à un zone sous-dotée, plus de 4 consultations à une zone bien dotée. 42% de la population du Grand Est disposent d’un médecin proche, à moins de sept minutes, dans une zone bien dotée (43% au niveau de la France de Province).

Le nombre de consultations disponibles par médecin est de 6,5 à Strasbourg et de 5 à Reims, Nancy et Metz. La moyenne est de 4 consultations dans le Grand Est (3,9 en France de Province). Dans ces conditions, mieux vaut habiter la Communauté Urbaine du Grand Reims (un trajet de 2,2 et une dotation de 4,9) que la Communauté de Communes du Bassin de Joinville (7,1 et 2,5).

Le Grand Est a perdu 500 médecins en dix ans

5 400 installés dans le Grand Est en 2013 et 4 900 en 2023, le nombre de praticiens généralistes a fondu de plus de 9%, au rythme de 1% par an, contre 0,6% au niveau de la France de Province. Dans l’arrondissement de Reims le nombre de médecins gagne 0,2% par an, suivant ainsi la progression équivalente de la population. À l’inverse d’autres arrondissements du Grand Est, Troyes, Metz, Mulhouse par exemple gagnent en population mais perdent des médecins.

Au rang des EPCI du Grand Est les plus peuplés, les meilleures progressions annuelles du nombre de médecins, entre 2013 et 2023, appartiennent à Vouziers (+1%), Rethel (+0,7%), Strasbourg (+0,4%) et Reims (+0,2%), les plus fortes baisses sont enregistrées à Saint-Dizier (-4,5%), Langres (-3,1%), Châlons-en-Champagne (-2,1%) et Charleville-Mézières (-1,8%).

Moins de médecins et des médecins plus vieux et plus nombreux en exercice : 9% de plus de 65 ans en 2016 et 14% en 2022. Cette problématique est plus évidente en Meurthe-et-Moselle, Moselle et Haute-Marne, avec une pointe de 69% des généralistes au bord de la retraite à Saint-Dizier. La part des plus de 65 ans est particulièrement forte pour les arrondissements de Langres (51%), Sedan (47%) et Chaumont (46%) et plus faible pour Nancy (27%), Reims (29%), Charleville-Mézières et Strasbourg (30%). Cependant, l’INSEE relève deux arrondissements du Grand Est avec aucun médecin de plus de 65 ans : Rethel et Bar-sur-Aube.

Une densité sous la moyenne nationale

En 2025, la densité des médecins pour 100 000 habitants est de 329 dans le Grand Est, sous la moyenne nationale (335) et au 8e rang, entre les 412 médecins de la Provence-Alpes-Côte d’Azur et les 261 du Centre-Val de Loire. La densité régionale des généralistes est de 144 (7e position) et celle des spécialistes de 185 (6e position). Comme dans l’ensemble des régions françaises, la densité des praticiens spécialistes est supérieure à celle des généralistes. Elle est de 56% dans le Grand Est, loin des 67% de l’Ile-de-France et des 59% de la Provence-Alpes-Côte d’Azur.

La Marne, cinquième population du Grand Est, présente une position des plus flatteuses quant à la densité de ses médecins : 3e département, derrière le Bas-Rhin et la Meurthe-et-Moselle pour l’ensemble de ses médecins (378 pour 100 000 habitants), 3e pour ses généralistes (162) et 3e pour ses spécialistes (216).