Le festival les Photaumnales pour documenter les mutations rurales
Festival. Du 20 septembre 2025 au 4 janvier 2026, le festival Les Photaumnales déploie sa 22e édition avec plus de 25 expositions en Hauts-de-France. Dans l’Aisne, le Familistère de Guise et l’Échangeur de Château-Thierry accueillent des séries photographiques documentant les transformations des territoires ruraux, notamment le quotidien des femmes en agriculture.

Le festival Les Photaumnales, dirigé par Fred Boucher, poursuit son ancrage territorial. Au Familistère de Guise, deux expositions interrogent les mutations de l’habitat et du monde rural : « Ultra Pampa » d’Alexa Brunet et « Hyper Life » de Stéphanie Lacombe. Ces travaux documentaires offrent un regard sans fard sur les réalités économiques et sociales des territoires de Thiérache et de Champagne Picarde.
Thiérache : le quotidien invisible des agricultrices
En 2023, Alexa Brunet a été invitée par Diaphane pour une résidence-mission sur le territoire de la Thiérache, terre d’élevage et de grandes cultures. Durant trois saisons, la photographe a documenté le quotidien d’agricultrices et d’agriculteurs sur trois communautés de communes. Sa série « Ultra Pampa » dresse un état des lieux de ces femmes, souvent invisibilisées dans les représentations du secteur agricole. « Au fil des saisons, j’ai tenté de saisir le quotidien d’agricultrices et d’agriculteurs en me voulant témoin de la dureté de leur métier », explique la photographe « En arpentant les routes de Thiérache au gré des événements locaux et de l’activité agricole, j’ai rencontré ses habitants : retraités, sportifs amateurs, pompiers, vétérinaires, écoliers, femmes au foyer, apprentis, bénévoles ou maires de petits villages… À travers cette série, qui renoue avec la jeunesse, je dresse un état des lieux tendre et cru de ce pays. J’exprime une vérité tangible que les journaux et les statistiques finissent par rendre éthérée, légendaire. ».
Champagne Picarde : la désertification commerciale en images
Le travail de Stéphanie Lacombe sur la Champagne Picarde documente une autre transformation économique : la désertion des centres-villes et la concentration de l’activité commerciale autour des zones périphériques. Dans « Hyper Life », la photographe a investi les parkings de supermarchés, devenus lieux de sociabilité faute d’alternatives. Ce déplacement des espaces de vie révèle les conséquences de la disparition du commerce de proximité : isolement des populations sans véhicule, perte d’animation des centres-bourgs, uniformisation des paysages commerciaux. Une réalité économique qui touche particulièrement les zones rurales de l’Aisne, où le taux de vacance commerciale dans certaines communes dépasse les moyennes nationales.
Un festival comme outil de développement territorial
On l’aura compris, au-delà de la dimension artistique, Les Photaumnales remplit une fonction d’attractivité territoriale. Avec un budget de fonctionnement reposant sur des partenariats publics-privés, le festival génère des retombées indirectes : fréquentation touristique, valorisation du patrimoine (le Familistère de Guise reçoit environ 50 000 visiteurs annuels), et visibilité médiatique pour des territoires souvent absents des radars culturels.
La programmation de résidences-missions constitue également un dispositif d’observation et d’analyse des mutations rurales. En immergeant des photographes sur des territoires comme l’Oise Picarde, la Picardie verte ou la Thiérache, le festival produit une documentation visuelle des transformations économiques et sociales en cours.
Cette 22e édition confirme le positionnement du festival comme observatoire des réalités rurales, loin des représentations folklorisantes. Un outil culturel qui documente, en creux, les enjeux économiques de territoires confrontés au déclin démographique, à la raréfaction des services et à la nécessaire réinvention de leurs modèles de développement.
Informations : photaumnales.com