Laon, première agglomération 100% gaz vert en Hauts-de-France
Énergie. La Communauté d’Agglomération du Pays laonnois a mis en service, depuis le début d’année 2025, un méthaniseur raccordé à la station d’épuration de Laon. Cette installation ajoutée aux cinq autres méthaniseurs exploités par des groupements d’agriculteurs font du Pays de Laon, le premier territoire où désormais 100% des consommations résidentielles sont couvertes par du biogaz.

C’est une première en Hauts-de-France. Un territoire où 100% des consommations résidentielles sont couvertes par du gaz vert, produit localement (soit environ 9 000 foyers). « Ce qui circule dans le réseau, c’est du gaz – du méthane – qui peut être à la fois d’origine fossile et renouvelable. Mais ce qui est important, c’est que la production de biométhane sur le territoire est équivalente à la consommation domestique. C’est pour cela qu’on peut affirmer que nous sommes à 100 % gaz vert pour la partie résidentielle », indique le Maire de Laon et Président de la Communauté d’agglomération, Éric Delhaye.
Les six méthaniseurs produisent environ 140 GWh alors que la consommation résidentielle est d’environ 120 GWh. Cette réalisation a été rendue possible grâce aux travaux d’ampleur réalisés par la Communauté d’agglomération de raccordement de la station d’épuration de Laon à un tout nouveau méthaniseur, fonctionnant à partir des boues d’épuration. Démarrés en 2023, les travaux ont pris fin en 2024 pour une mise en service de l’unité de méthanisation en janvier 2025. Plus de 15 millions d’euros ont été engagés par la collectivité pour réaliser ces installations, avec un certain nombre de subventions apportées par l’Agence de l’eau – Seine Normandie, de l’État, du Département de l’Aisne, le syndicat du GRIFFON, qui gère la zone économique longeant l’autoroute.
Un projet de 10 ans...
« C’est un projet que nous portons depuis dix ans et qui aura nécessité deux ans de travaux. Nous sommes sur la première station d’épuration des Hauts-de-France à produire du biométhane, depuis le début de l’année. Dans le cadre de l’extension et de la modernisation de la station, nous avons mis en place une unité de méthanisation des boues issues du traitement des eaux usées. Cette installation permet également d’intégrer des apports extérieurs – des graisses, des déchets agroalimentaires – en complément des boues, afin de produire du biométhane. Ce gaz est ensuite épuré, filtré, puis injecté dans le réseau de distribution », poursuit Éric Delhaye. « L’extension de la station a aussi un objectif économique : accueillir davantage d’usagers industriels, notamment dans l’agroalimentaire. » Un appel à poursuivre la filière de ce secteur, porté localement par la « locomotive » Fruits rouges & Co (320 salariés ; 160 M€ de chiffre d’affaires).
Un atout pour la collectivité mais aussi les entreprises et les agriculteurs
La gestion et l’exploitation de la station est confiée à Suez, dans le cadre d’une délégation de service public, quand GRDF a pour sa part installé le poste d’injection pour redistribuer le gaz dans le réseau. « GRDF intervient en limite de propriété, au niveau du poste d’injection : contrôle de qualité, odorisation (car le gaz n’a pas d’odeur à la base), comptage, puis injection dans le réseau de distribution. Tout ce qui est en amont est de la propriété privée ou de la collectivité », détaille Frédéric Delormel, délégué territorial Aisne. « Plus on fera rentrer de gaz vert, moins on aura de gaz fossile dans le réseau. L’objectif 2050 c’est que sur le territoire national, on soit à 100 % de biogaz, ce qui est un objectif très ambitieux. »
Pour les entreprises aussi, ce gaz vert représente un atout car elles peuvent décarboner leurs processus de production en souscrivant des garanties d’origine. « C’est ce que nous faisons avec les transports urbains de l’agglomération. Nos nouveaux bus roulent au bioGNV, avec une réduction de 80 % de CO2 et de 95 % de particules fines par rapport au diesel. Ils sont classés Crit’Air 1 et peuvent circuler en zones à faibles émissions », précise ainsi Éric Delhaye. Concernant l’agriculture, on estime qu’utiliser du digestat permet la réduction de volume et donc de coût de 50% d’intrants chimiques.
Si la production de gaz vert couvre 100% des consommations résidentielles, de manière global (avec les entreprises, les services publics, etc.) « pour l’ensemble de l’agglomération, nous sommes à 47 % couverts par le gaz vert. À titre de comparaison, c’est 4,5 à 5 % au niveau national, 11 % dans le département. Il reste donc du potentiel ».