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La transition verte au coeur des dossiers du Grand Est

Environnement. Le fil rouge des derniers débats du Conseil régional est vert, de plus en plus vert, teinté numérique. Mais cette politique transversale ne masque en rien les impératifs du Grand Est : l’emploi, la modernisation de l’économie et la cohérence avec le bien-être humain.

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Pour les véhicules électriques, 400 points de recharge, sur 11 000 points prévus sont déjà installés. DR

141 conseillers présents en distanciel, 28 absents, dont certains affectés par la Covid, ayant donné pouvoir de vote, 14 heures de débats en un jour et demi, 17 rapports, 7 motions, 3 voeux et 2 questions orales, voilà pour cette dernière séance plénière de la Région Grand Est avec en vedettes, au chronomètre de ce quasi-marathon : plus de 2 heures pour les motions, voeux et questions orales, 1 heure 31 minutes pour les orientations budgétaires 2022, 1 heure et 5 minutes pour le Business Act version 2. Parmi les rapports qui leur étaient soumis, les conseillers régionaux se sont aussi exprimés, entre autres sujets, sur l’emploi en tension, le plan régional automobile, le développement durable et les mobilités décarbonées.

Le bâtiment, l’hôtellerie-restauration, l’agriculture, la maintenance des véhicules, l’industrie, le transport, le numérique, l’aide à domicile, les aides-soignants… Autant de métiers en tension cités dans le rapport du Conseil régional, c‘est-à-dire des métiers pour lesquels l’offre d’emploi dépasse fortement la demande. Le Grand Est répond à cette situation en six points : la valorisation de ces métiers par des campagnes de promotion, sur les territoires les plus déficitaires et les métiers en urgence comme ceux de la santé et l’ouverture des PACE, Parcours d’Acquisition des Compétences en Entreprise, aux demandeurs d’emploi de longue durée et âgés de plus de 29 ans à l’aide de stages en entreprise avec une gratification de 1 000 euros.

100 M€ pour la transformation de la filière automobile

Le Pass Mobilité-formation devrait lever les freins à la formation avec une aide de 1 000 euros (permis de conduire, achat d’une voiture, d’un vélo ou d’un deux roues motorisé). Une prime formation, également de 1 000 euros, viendra favoriser ceux qui choisiront ces métiers en tension. Les formations sur mesure des demandeurs d’emploi seront rendues plus accessibles aux entreprises (baisse à 20%, au lieu de 40% de la participation des employeurs). Une plateforme Expérience Pro sera lancée (mise en relation des offres et demandes en matière d’apprentissage, de stages ou de jobs étudiants).

Le Grand Est est une région importante pour la filière automobile, constructeurs, équipementiers, sous-traitants, fournisseurs, qui emploie 117 000 personnes sur son territoire. Les mutations actuelles (électrification, hybridation, hydrogène carburant, crise des semi-conducteurs …) exigent des adaptations rapides. Le Grand Est vient de voter en ce sens un budget de 100 M€ d’ici à 2027 qui viendra renforcer l’emploi, les compétences et les débouchés des sous-traitants. En contrepartie, les industriels de la filière s’engagent à améliorer la gestion environnementale et l’impact énergétique de leurs activités de production.

Un développement durable réellement en marche

Le rapport développement durable concerne surtout le bilan de la situation à fin 2021 : requalification des friches pour réduire la consommation de foncier, restauration des continuités écologiques, reconquête de la qualité de la ressource en eau, viser la sobriété énergétique. La Région encourage une troisième voie pour l’agriculture, avec un premier objectif : augmenter de 50% le nombre d’exploitations engagées dans une démarche de transition environnementale et numérique et réduire en même temps de moitié l’usage des produits phytosanitaires, d’ici à 2025.

Concernant le ferroviaire la Région fait le choix de l’électrification « partout où elle est pertinente économiquement et techniquement ». Comme c’est le cas sur la ligne 4, entre Paris et Troyes. Elle annonce, d’ici à 2030, 700 bus, 50 cars, 1 200 camions, 100 péniches et une flotte de trains légers, « tous roulants à l’énergie hydrogène ». Pour les véhicules électriques, 400 points de recharge, sur 11 000 points prévus sont déjà installés. La Région a facilité l’installation de 6 000 boîtiers de conversion au bioéthanol, elle fait rouler 20 bus scolaires au GNV, depuis la rentrée scolaire 2021.

L’hydrogène et les biocarburants pour les mobilités vertes

Constatant que 26% des consommations énergétiques et 25% des émissions de gaz à effet de serre proviennent de la seule mobilité dans le Grand Est, la Région repense cette dernière et se dote d’un plan motorisation à faibles effets émissions 2030, s’appuyant sur des véhicules propres et sur des infrastructures nécessaires à leur ravitaillement, dans une logique de mixité : passer de 2 500 points de recharge électriques à 5 500, multiplier par dix l’utilisation du gaz naturel pour véhicule, alimenter 2 000 véhicules à l’hydrogène, avec une trentaine de stations d’ici à 2030 et doubler la part des biocarburants d’ici à quatre ans.

Un contrat de filière doté de 10 M€ par an d’ici à 2025 vient renforcer le statut du Grand Est, première région productrice de biocarburants en Europe. Être la Région bas carbone et à énergie positive à l’horizon 2050, c’est l’objectif clair du Grand Est. Pour réussir ce pari, le rapport développement durable cite le partenariat avec la Fondation Solar Impulse qui permet déjà 34 solutions labellisés dans des domaines aussi variés que le préfabriqué en bois écoresponsable, les emballages recyclables, les isolants issus des déchets de démolition dans le BTP, les matériaux et toitures biosourcés, les réverbères solaires connectés ou les parkings modulables et démontables.