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La seconde vie du Familistère de Guise

Culture. Monument historique le plus visité de l’Aisne, le Familistère sort d’une longue période de réhabilitation, qui l’a vu reprendre du lustre et de la pérennité. Il y a aussi gagné un musée sur le site, un théâtre et un parc naturel. Dans un second temps, il va reprendre vie en renouant avec sa vocation d’habitat social et en se dotant d’un « campus » dédié à l’économie sociale et solidaire. Les premiers logements seront livrés à la fin de l’année et l’ensemble achevé en 2027.

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Photo de la cour du Familistère de Guise
(Crédit : DR)

Le Familistère ressemble à un palais. Cependant, il n’était pas habité par des aristocrates, mais par des centaines de familles ouvrières. Un palais social conçu et construit par Jean-Baptiste André Godin sous le Second empire pour y loger les 2 000 employés de l’usine qu’il avait créée et fabrique les fameux poêles depuis cette époque.

Celle-ci est détenue désormais par le groupe familial Cheminées Philippe, basé à Béthune (Pas-de-Calais). Le Familistère lui-même, classé en 1991, est entre les mains du département, qui s’est associé à la ville de Guise pour en confier la gestion à un syndicat mixte. Son président actuel est le maire de Guise, Hugues Cochet, également conseiller départemental et président de la communauté de communes de Thiérache Sambre et Oise.

Ce syndicat a conduit depuis 2000 le projet de rénovation, baptisé « Utopia », dont la première phase s’achève. Les travaux ont coûté au total près de 57 millions d’euros, financés par le département (50 %) et la région des Hauts-de-France (20 %), avec le soutien de l’Etat (25 %) et de l’Union Européenne.

Le monument s’est embelli et consolidé, mais il a aussi regagné des espaces offerts à la visite : dans le bâtiment principal, le musée du Familistère classé musée de France et l’appartement Godin ; parmi les autres constructions, le théâtre, ouvert aux spectacles, les économats, qui servent de buvette, et l’étonnante buanderie-piscine, dédiée à l’hygiène ; enfin, à l’extérieur, le Jardin d’agrément restauré et un « parc naturel » créé dans le Jardin de la presqu’île.

Remettre de la vie

25 ans après son invention, le projet Utopia prend une nouvelle tournure. Il s’agit maintenant de remettre de la vie dans le Familistère, tout en respectant sa vocation. A une époque, il n’y avait plus qu’une vingtaine d’habitants. D’ici peu, il y en aura des centaines. Sous la conduite de CDC Habitat, filiale immobilière de la Caisse des dépôts, environ 75 logements vont être rénovés et aménagés, principalement dans l’aile droite. Ils seront gérés par l’OPAL, le bailleur social départemental.

Dans l’aile gauche, sera mis en place d’ici 4 ans un « Familistère campus » dédié aux « utopies », c’est-à-dire à des solutions nouvelles et globales pour relever les durs défis du présent. Il comprendra des salles et des bureaux pour accueillir des réunions, des conférences et des séminaires, loués aux entreprises, institutions ou associations qui les organiseront.

Il y aura aussi un hôtel de 200 chambres pour héberger les participants. Les opérateurs de cette partie sont des acteurs de l’économie sociale et solidaire, le groupe hôtelier ARTES et le groupe SOS, leader européen de l’entrepreneuriat social. Ils sont partie prenante, avec le département de l’Aisne, les collectivités concernées, l’Etat et la Banque des territoires, de l’association qui pilote ce campus ; dont la réalisation a commencé cet été.