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La révolution du biogaz est en marche

Énergie. Le Grand Est est la première région de France pour l’injection de « gaz vert » dans les réseaux grâce à l’Aube, la Marne et les Ardennes.

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Emmanuel Connesson, directeur territorial Grand Est de GRDF et Christophe Desessard, directeur clients-territoires Est de GRDF. Laurent Locurcio

Le droit à l’injection a modifié la donne. La possibilité donnée aux méthaniseurs d’injecter directement le gaz produit dans les réseaux de GRDF a donné un nouvel élan à cette énergie renouvelable. « Jusqu’ici les méthaniseurs fonctionnaient en co-génération et production de chaleur, désormais ceux qui se réalisent le sont en injection », constate Christophe Desessard, directeur clients-territoires Est de GRDF, à l’occasion d’une conférence de presse organisée lors de la convention d’affaires du biogaz et de la méthanisation de Troyes.

À cela plusieurs raisons, comme une meilleure productivité, une simplicité technique mais aussi des aides, comme des aides sur les tarifs de rachat ou encore la prise en charge de 60 % du coût de connexion au réseau de gaz. Les projets de méthaniseurs en injection de taille moyenne et petite se multiplient dans le Grand Est. Les plus grands producteurs de gaz verts dans la région se situant dans l’Aube (33 installations réalisés et en projet), la Marne (29), les Ardennes (23) et à un degré moindre la Haute-Marne (11). Une présence qui permet au Grand Est de représenter à lui seul 16 % de la production nationale et d’être ainsi la première région française productrice de gaz vert. Et ce n’est qu’un début.

« Dans le réseau du Grand Est, la part de gaz vert qui n’est aujourd’hui que de 3 %, atteindra 10 % dès 2024 et bien plus au-delà de cette date », explique Emmanuel Connesson, directeur territorial Grand Est de GRDF. La part pourrait monter à 30 % dès 2030 pour atteindre une indépendance énergétique du gaz totale à l’horizon 2050. L’idée étant à terme de remplacer le gaz d’origine fossile par du gaz vert produit localement.

Un appel à projets lancé

Le potentiel de production est encore très important dans la région. Une étude conjointe de GRDF et des chambres d’agriculture constate qu’à peine 0,5 % des terres sont concernés par des cultures intermédiaires de valorisation énergétique pour alimenter les méthaniseurs. Des cultures qui ont d’ailleurs un intérêt agronomique dans la rotation des cultures et la couverture des sols agricoles. Autre constat : seulement 17 % des effluents d’élevage sont valorisés dans des méthaniseurs pour la production des biogaz.

« Il n’y a jamais eu autant de ventes de poids lourds roulant au gaz que l’année dernière »

« Or nous avons toujours autant besoin de gaz pour nos réseaux car même si la consommation pour le chauffage devrait logiquement diminuer grâce à l’amélioration des logements et des chaudières, les besoins liés aux mobilités vont aller en augmentant », constate Emmanuel Connesson. D’ailleurs un appel à manifestation d’intérêt a été lancé par les chambres d’agriculture du Grand Est, la Région ainsi que GRDF et GRT Gaz en vue de faire émerger de nouveaux projets de méthanisation.

Les spécialistes de la filière méthanisation réunis à Troyes ont fait le point sur l’évolution des usages dans le transport. Laurent Locurcio

L’accompagnement prévu permet notamment de faire réaliser, gratuitement, l’étude de pré-faisabilité à l’injection dans les réseaux de gaz. La région Grand Est devrait ainsi conserver sa place de leader national, avec 1 400 GWh produits en 2020. Il faut ajouter à cela 170 projets en cours de réalisation qui vont venir gonfler encore cette capacité de production unique en France.

De plus en plus de biogaz dans les transports

Cette 9e édition de la Convention d’affaires du biogaz et de la méthanisation qui vient de se tenir au centre des congrès de Troyes aura confirmé le forts développement que connaît désormais le « gaz vert », tant au niveau de sa production que de ses utilisations. L’évènement proposé par Biogaz Vallée, le réseau des professionnels de la méthanisation incubé à la Technopole de l’Aube et coorganisé avec le pôle IAR, permet aux porteurs de projets biogaz et bio GNV de rencontrer des fournisseurs de solutions appliquées à la méthanisation et à la mobilité gaz. Outre ces rendez-vous d’affaires, ce rendez-vous annuel de la filière biogaz permet de faire le point sur les avancées et les projets en France, avec des experts. Parmi les tables rondes organisées, celle consacrée aux mobilité a permis de constater de grandes avancées.

« Il n’y a jamais eu autant de ventes de poids lourds roulant au gaz que l’année dernière », constate l’un de participants. Très clairement, les transporteurs et les autocaristes optent de plus en plus pour ce type d’énergie pour lequel le client est prêt à payer plus cher lorsque le gaz n’est pas d’origine fossile. Le biogaz est promis à un bel avenir dans le secteur du transport de marchandises et de personnes. Dans la région, plusieurs bus de transports urbains roulent au GNV comme à Reims, Troyes ou Mulhouse. Globalement, depuis 2014 en France, le nombre de véhicules roulant au bioGNV a plus que doublé. D’autre part une part importante des 440 stations recensées en France sont installées chez des transporteurs et les réseaux de transports urbains.