Collectivités

La Région Grand Est va construire une mandature encore plus décentralisatrice

Région. Le nouveau Conseil régional, installé jusqu’en mars 2028, dispose de près de sept ans pour réaliser une feuille de route bien fournie.

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Sur les 15 Vice-présidents, sept élus appartiennent à la précédente mandature et huit sont nouvellement promus.

Outre les compétences exercées jusqu’ici, le Président Rottner affiche des ambitions encore plus décentralisatrices, par exemple en matière de sécurité, de concessions routières et autoroutières, de lutte contre les violences faites aux femmes, d’accélération des formations directement liées aux besoins des systèmes de santé. Le faire savoir est désormais sacralisé. La Région Grand Est a l’intention de dire ce qu’elle est et ce qu’elle fait.

L’avènement de la CEA, Collectivité Européenne d’Alsace (fusion des départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin), a fait passer la région Grand Est de dix à neuf départements, lesquels se trouvent ainsi représentés au rang des quinze nouveaux Vice-présidents du Conseil régional : 4 pour la CEA, 2 pour la Marne, 2 pour la Meurthe-et-Moselle, 2 pour la Moselle et un pour les Vosges, les Ardennes, la Meuse, la Haute-Marne et l’Aube.

Sur les 15 Vice-présidents, sept élus appartiennent à la précédente mandature et huit sont nouvellement promus. Pour les anciens, Franck Leroy devient le 1er Vice-président, alors qu’il était 13e précédemment. Valérie Debord passe de la 6e à la 2e place et Christèle Willler de la 14e à la 4e place. A l’inverse David Valence était 3e et le voici 7e. Même constat pour Marc Sebeyran qui rétrograde de la 5e à la 15e place. Philippe Mangin passe de la 9e à la 11e place et François Werner, de la 15e à la 13e place.

Du côté des entrants, François Grosdidier est 3e Vice-président, Arnaud Robinet est 5e, Brigitte Tortoling 6e, Denise Buhl 8e, Boris Ravignon 9e, Nadège Hornbeck 10e Marianne Horny-Gonier 12e et Marie-Gabrielle Chevillon 14e. Voilà pour la cuisine politico-géographique des équilibres.

Une quasi-totalité d’élus communaux

À l’exception de Philippe Mangin, incontestable tête de pont du monde agricole et forte personnalité civile, la quasi-totalité des Vice-présidents (14 sur 15) ont été ou sont des élus communaux à divers titres. On dénombre ainsi dix Maires en exercice : Arnaud Robinet (Reims), François Grosdidier (Metz), Franck Leroy (Epernay), Boris Ravignon (Charleville-Mézières), David Valence (Saint-Dié-les-Vosges), Christèle Willer (Buschwiller), Brigitte Tortoling (Louvigny), Denise Buhl (Metzeral), Marianne Horny-Gonier (Rhinau) et François Werner (Villers-lès-Nancy).

Ajoutons à cette liste deux adjoints en exercice : Marc Sebeyran (1er Adjoint au Maire de Troyes) et Nadège Hornbeck (Adjointe au Maire de Sélestat) et une conseillère municipale, Marie-Gabrielle Chevillon (Saint-Dizier), sans oublier que Valérie Debord a été dans sa carrière politique Adjointe au Maire de Nancy, André Rossinot. Trois des quinze Vice-présidents ont été députés : Valérie Debord (2007-2011), François Grosdidier (1993-2011) et Arnaud Robinet (2008-2017).

Comme un désir de continuité

Premier message de Jean Rottner, conforté dans sa présidence, ses remerciements aux électeurs : « Ils ont martelé leur désir de continuité, ils ont entériné l’action menée et ont affirmée leur volonté de pérenniser le Grand Est ». Deuxième message : la Région doit s’exprimer. Quand pratiquement durant six ans l’opposition a fustigé les dépenses de communication, Jean Rottner, évoquant la forte abstention, déclare : « Afin d’éviter un tel désintérêt pour la vie publique à l’avenir, je sacraliserai le budget de la direction de la communication … Il faut que l’on sache ce que nous faisons, comment et pourquoi ». En résumé : les électeurs voteraient plus nombreux s’ils savaient ce que la Région fait pour eux.

Protection

Troisième message : au travail tout de suite : « Il nous revient de faire de nos promesses de campagne des réalités dans les meilleurs délais ». Aux priorités connues et défendues au cours du mandat précédent s’ajoutent des actions spécifiques, largement dictées par l’actualité. Jean Rottner évoque « la protection de tous, qu’elle soit physique, environnementale ou alimentaire ». Evidemment, c’est la protection physique qui est détaillée : « Nous soutiendrons à hauteur de 50% l’installation de caméras de vidéosurveillance dans les communes désireuses de s’en équiper à compter du 23 Juillet ».

« Nous avons un rôle de soutien à la population et à l’économie à jouer »

C’est cette même protection physique qui dicte une autre mesure en gestation : « C’est, par ailleurs, parce que les violences faites aux femmes sont notre grande cause régionale que je vous propose la mise en place d’une vice-présidence à la santé, à la solidarité et à la famille ».

L’annonce de 500 entreprises relocalisées

Plus en phase avec les compétences régionales, le Président Rottner annonce une offensive immédiate en faveurs des formations paramédicales : « Dès cette année, nous formerons en proximité 2 000 infirmiers, 2 000 aides-soignants et 2 000 auxiliaires de vie supplémentaires ». Sur la compétence croisée de la culture (Etat, Départements et Communes y interviennent), grande sinistrée de la crise Covid, la Région devrait consacrer une hausse de ses investissements de l’ordre de 20%.

Au cœur d’une compétence majeure, le Président du Conseil régional évoque plus de décentralisation sur les mobilités et un projet « pass-mobilités formation » en faveur des jeunes. Sur le même sujet, il réclame pour la Région la concession de la future autoroute A31 bis, au nord de la Moselle et vers le Luxembourg. Au détour du sujet sur l’insertion des handicapés, Jean Rottner fait cette annonce : « Je vous assure que les 500 entreprises que nous allons relocaliser dans les sept prochaines années auront besoin de toutes les bonnes volontés, de toutes les compétences pour permettre une réindustrialisation complète profitable ».

Le CESER s’était déjà exprimé sur la question : « La dette n’est pas un gros mot ». La Région signe et persiste : La dette s’aggravera car il n’est pas temps de renoncer à investir : « nous avons un rôle de soutien à la population et à l’économie à jouer ».