La Région Grand Est confirme la bonne exécution de son budget exceptionnel 2024
Région. Le Compte Administratif 2024 confirme une année budgétaire exceptionnelle pour la Région Grand Est, laquelle en profite pour améliorer ses ratios financiers et se donner un peu d’air dans la perspective de nouvelles ponctions de l’Etat.

La dernière plénière du Conseil régional, avant les vacances d’été, a été plutôt calme du côté des invectives quasi traditionnelles, même si l’on a cependant, à deux reprises, au cours des sept heures de séance et de la dizaine de rapports abordés, tutoyé la frontière des diffamations entre la Majorité et le RN. À chaque groupe de l’Assemblée sa vision musclée de la politique régionale. Ainsi, pour Laurent Jacobelli (RN), mieux valent les critiques de l’Observatoire des Territoires que les satisfécits tirés du sondage OpinonWay sur le Grand Est, avec ce tacle « ferroviaire » comparant le Président Franck Leroy au Jean Gabin de La Bête Humaine, référence au film de Jean Renoir.
Pour Christophe Chozerot (Centristes et Territoires) − au passage saluant le bon suivi du Pacte des Solidarités − l’avenir est à l’innovation. À retenir dans l’arsenal des critiques de l’écologiste Eliane Romani : « Le sacrifice des sols agricoles, le retour des pesticides et de la Droite climaticide… ». Pour Michaël Weber (La Gauche Solidaire et Ecologiste) : « Nous ne partageons pas vos choix budgétaires… Le débat démocratique est absent… Où est la transition sociétale ? ». Avec cette belle citation de Jacques Chirac : « Lorsque la prudence est partout, le courage n’est nulle part ». Valérie Debord (Majorité Régionale), étant entendu pour elle que RN et fake news font bon ménage et idem pour RN et complotisme : « Nous sommes une majorité active et aimée des habitants du Grand Est ». Cette entrée en matière de mise, c’est Marc Sebeyran, Vice-président délégué aux finances qui présente et défend le CA, Compte Administratif 2024 du Grand Est, « Juge de paix de l’action régionale » selon sa définition.
Le volume budgétaire exceptionnel de 2024
Le Compte Administratif vérifie chaque année la véracité financière au service de la réalisation des politiques engagées par la collectivité l’année précédente. Dans les grandes lignes, gonflé par des recettes exceptionnelles (4 102 M€), le budget 2024 est supérieur de près de 21% à celui de 2023. Ces recettes ont permis à l’investissement de passer de 1 307,2 M€ à 1 665,9 M€, soit une progression de 27,4%. Au final, le CA découvre, excédent et report confondus, un solde positif de 23,5 M€, dont la destination a fait objet d’un débat musclé entre la majorité et l’opposition. Outre ce résultat, le CA 2024 affiche un taux d’exécution du budget de 93% et un taux d’épargne brute de 18,3%. La dette de la Région Grand Est (2,7 Md€) progresse de 1,8% (+50 M€), loin de la progression moyenne de l’ensemble des Régions (+6,2%). Pour Marc Sebeyran, en tenant compte d’une inflation à +2,3%, cette dette maîtrisée est même en diminution. Une affirmation qui va irriter l’opposition pour laquelle la vigilance des ratios financiers par la Majorité est une obsession improductive.
La Cigale et la Fourmi version Marc Sebeyran
Le charme de la démocratie étant la friction des opinions, la discussion autour du CA en est une illustration. Place à Pierre François pour le RN : « Une Région de plus en plus coûteuse… Les billets TER les plus chers de France… Depuis 2015, une augmentation de 400 M€ de la dette régionale… Une Région qui vit en permanence à crédit ». Au tour de Lou Noirclère (Ecologistes) : « Les indicateurs en faveur de l’écologie sont en baisse… Tous les budgets 2025 améliorant la vie en ruralité sont en baisse… Les reculs sur les financements de l’emploi et de la formation sont graves… ». Éric Quénard (Gauche Solidaire et Ecologiste) constate le recul de l’épargne brute, recul nuisible à l’investissement et ajoute : « Ce qui nous intéresse, plus que les ratios financiers, c’est la satisfaction des besoins de la population ».
Si Lara Million (Centristes et Territoires) cherche des projets dans le CA et demande une évaluation des investissements passés et plus d’attention portée aux entreprises, elle prévient : « Les concours de l’Etat aux collectivités vont diminuer ». Enfin, Catherine Belrihiti, pour la Majorité, souligne la très bonne gestion des fonds européens par la Région, la meilleure de France. Marc Sebeyran conclut en direction de l’opposition : « Quand on vous écoute, nous devrions déjà être en faillite. En fait, si vous êtes cigales, nous sommes plutôt fourmis ». Moins clivante que Jean de La Fontaine, la vérité ici est, qu’en fonction des dossiers, des cigales se retrouvent fourmis et inversement.
Vient ensuite la présentation du BS, le Budget Supplémentaire 2025, intégrant le résultat de l’exercice 2024, tenant compte des évolutions budgétaires et des priorités politiques apparues en début d’année et mettant à jour les prévisions de recettes et de dépenses en fonction du contexte national. Prévoyant un impact négatif de 111 M€ contre 135 M€, cela avant le vote de la loi de finances au Parlement, le BS 2025 s’élève à 25 M€ et permet une annulation d’emprunt de 17,8 M€. Voilà donc pour le présent. L’avenir n’est pas aussi serein. En tendant bien l’oreille, certains élus disent s’attendre à une ponction de 220 M€ de l’Etat sur le Budget Primitif 2026 de la Région.
Parmi les nouveautés des politiques du Grand Est
À propos de la sécurité dans les transports, la Région va reprendre le pilotage de la Sureté ferroviaire afin de disposer d’un contrôle direct entre opérateurs et territoires. Ce pilotage régional sera rendu possible par un financement annuel de près de 3,5 M€. La nouvelle gouvernance mobilisera environ 150 agents de la Sûreté ferroviaire et se traduira par une nouvelle convention avec la Gendarmerie nationale. Dans les grandes lignes, il s’agit de renforcer la lutte contre le harcèlement dans les transports, d’amplifier la vidéoprotection des gares et la sécurité de proximité.
Afin de favoriser les déplacements en train et en car le week-end, la Région lance, dès à présent, le Pass Groupe Week-end. Proposer au tarif unique de 40 euros la journée, ce Pass va permettre aux groupes de deux à cinq personnes de voyager en illimité sur l’ensemble du réseau Fluo régional, trains et cars, y compris sur les lignes vers Paris, les samedis, dimanches et jours fériés.
Elles travaillaient déjà ensemble, la Région et les cinq universités du territoire signent une convention 2026-2028, dans une perspective de lisibilité, de visibilité et d’efficacité accrues. La convention répond à neuf défis territoriaux majeurs, dont entre autres mesures les réponses à la pénurie des compétences, la valorisation des diversités territoriales, l’accompagnement de la mutation des entreprises, la santé globale, la coopération infrarégionale, la mobilité décarbonée des biens et des personnes, la souveraineté alimentaire et énergétique… Cette convention souligne quatre priorités : la réussite étudiante, l’ancrage territorial de l’enseignement supérieur, l’attractivité scientifique et le transfert technologique.