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La guerre en Ukraine souligne l’urgence de la politique de relocalisation industrielle menée par le Grand Est

Solidarité. La solidarité a fait l’unanimité au sein des groupes qui ont approuvé le premier budget consacré aux sinistrés de la guerre en Ukraine, le RN en l’occurrence surmontant ces doutes, tout en les évoquant, quant à l’origine des réfugiés.

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Jean Rottner en ouverture de la séance plénière : « De grâce, laissez les querelles de chapelles et les velléités politiques à la porte et pensez à ceux qui ont besoin de vous ». Gérard Delenclos

Comme si la guerre en Ukraine imposait son drame aux velléités ratatinées de l’imminente élection présidentielle et dessinait l’esquisse d’un monde plus que jamais incertain. Comme si cette première réunion de 2022 en présentiel et sans masque apaisait les amplifications forcées des échanges d’hier en visioconférence, traduites par les outrances verbales de la plénière budgétaire de Janvier dernier.

Ainsi sont venus s’interposer des moments de pur bonheur politique, avec des rapports votés à l’unanimité et des flashs d’humour comme cette invitation du Président Rottner à Laurent Jacobelli, Président du groupe RN, à propos de l’aide aux vacances pour les jeunes : « Souriez ! Cela va mieux quand vous souriez … Monsieur Jacobelli, vous n’êtes pas un agneau de neuf heures. La politique ce n’est pas d’appeler l’arbitre toutes les cinq minutes quand quelque chose pique. Soyez beau joueur ! »

Il est vrai que l’absence de masque rend plus lisible quelques sourires au milieu de huit heures de débat, comme des courtes récréations nécessaires au menu copieux d’une séance pleine d’une dizaine de dossiers : l’engagement du Grand Est face à la guerre en Ukraine, l’accord entre l’ADEME et la Région, la motorisation propre, le plan régional 500 relocalisations, le diagnostic concernant l’Intelligence Artificielle, le soutien à la formation par l’apprentissage, le Contrat de Plan Interrégional Massif des Vosges, l’examen du rapport de la Cour Régionale des Comptes sur l’Abbaye des Prémontrés, sans oublier une heure et quarante-cinq minutes de débats autour des questions orales, des vœux et des motions.

Le Grand Est en première ligne pour la solidarité envers l’Ukraine

Dès le début de la guerre en Ukraine, les élans de solidarité se sont multipliés et le Conseil régional a très vite joué un rôle de coordinateur pour organiser, rationaliser et décupler les aides. Le Grand Est a engagé 150 000 euros, via la Protection civile pour la collecte et l’acheminement de biens de première nécessité et 100 000 euros au FACECO, le Fonds d’action extérieure des collectivités territoriales. De plus, la Région vient de signer une convention de partenariat, unique en France, relative à l’accueil des réfugiés : logements, gratuité des transports régionaux, accès aux outils informatiques et à l’apprentissage des langues.

Sur son propre terrain, le Grand Est organise, avec l’Etat, les agences de développement et les CCI, l’accompagnement des entreprises locales fragilisées par la rupture d’accès aux marchés russes et ukrainiens, en matière d’information, de conseil, d’assistance et d’aide. La Région estime à près de 200 le nombre d’entreprises potentiellement en difficulté. « La guerre ne s’arrêtera pas demain. La pénurie et l’envolée des prix des matières premières et des énergies sont bien là ». En insistant sur cette vision du futur, le Président Rottner justifie, entre autres politiques, la relocalisation de la production, les économies et les reconversions en matière énergétique.

« La France n’a pas de pétrole mais elle a des idées »

Le vote à l’unanimité de ce rapport, au terme d’une heure de débat, n’a pas empêché l’expression génétique des groupes politiques. Pour le Président du RN, Laurent Jacobelli : « Un tiers des réfugiés ukrainiens sont des Africains » et pour le Vice-président François Grosdidier : « Poutine et Hitler même combat ».

500 relocalisations dans les six ans à venir

C’est l’un des dossiers les plus significatifs de l’urgence pour la France de retrouver une plus grande autonomie de sa production et la guerre en Ukraine vient d’accélérer cette nécessité. La Région travaille sur ce sujet et notamment sur un pacte de relocalisation des approvisionnements depuis près de deux ans, pacte qui a permis à 68 entreprises de se relocaliser dans le Grand Est, avec le rapatriement d’un chiffre d’affaires de 42 M€ et la relocalisation de 1 400 emplois.

Le Plan voté lors de la dernière plénière est d’abord un dispositif d’accompagnement avec un premier engagement de 500 000 euros, notamment dans la recherche de fournisseurs nationaux et si possibles régionaux. Le Plan offre aux relocalisations un foncier clé en main capable d’accueillir les nouvelles implantations et qui recouvre à ce jour plus de 5 000 hectares sur une cinquantaine de sites. La Région intervient également sur le volet formation pour répondre aux besoins spécifiques des relocalisations et mobilise 60 M€, avec un élargissement des cibles métiers vers le numérique, la transition environnementale, la santé, l’industrie.

Le transport durable opposé au choc pétrolier

Voici 49 ans, en réponse au premier choc pétrolier, la communication gouvernementale affichait : « La France n’a pas de pétrole mais elle a des idées ». L’une de ses premières idées fut d’ailleurs de s’intéresser aux économies à faire sur le pétrole carburant, un secteur désormais labélisé transports durables et érigé par le Grand Est en priorité absolue, même si la voiture individuelle reste un outil indispensable notamment en zones rurales.
La Région vise plusieurs cibles et l’une des plus intéressantes semble bien celle qui consiste, d’ici à 2023, à aider des collectivités en matière de recensement des besoins et planification de la conversion de flottes captives, publiques ou privées, en mobilité bas carbone (biocarburants, hydrogène, GNV, électrique …). L’un des objectifs étant de multiplier les stations multi-énergies.

Sur ce sujet, le Grand Est affiche 813 bornes et 1 322 points de charge pour véhicules électriques ou hybrides et vient d’engager plus de 300 000 euros dans l’installation de stations de ce type. La Région s’engage dans un plan de 10 M€ d’aides à l’achat de 3 000 véhicules légers propres, de 10 000 vélos à assistance électrique. La Région poursuit sont opération conversion au bioéthanol avec 2 500 primes supplémentaires (1 375 000 euros) pour l’année 2022.

Nouvel accord-cadre entre l’ADEME et le Grand Est

Lutte contre le réchauffement climatique, réduction de la consommation énergétique, préservation des ressources et développement de solutions propres, le partenariat unique en France entre l’ADEME, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, et la Région existe depuis 2017, à travers le programme Climaxion. La séance plénière du 17 mars vient d’approuver un nouvel accord (2021-2027) qui a pour ambition, en lien avec le Sradddet, le Schéma régional biomasse, le Business Act 2, les stratégies hydrogène et bioéconomie, de renforcer les synergies au service de la transition énergétique, écologique et économique du territoire.

Entre 2017 et 2020, ce programme a accompagné plus de 3 100 projets pour un budget de 345 M€ émanant des fonds européens, de BPI ou des certificats d’économies d’énergies. Ces projets bénéficiaires sont notamment des industries sur des sujets variés : énergie, décarbonation, ou efficacité matière, méthanisation durable, hydrogène, recyclage des déchets du BTP.