L’habitat dans le Grand Est est un consommateur modéré d’espace
Urbanisme. Le Grand Est est la troisième région pour la modération de sa consommation d’espace pour l’habitat. Cette tendance, très présente autour des grands villes, s’explique surtout par la réduction de la taille de ses ménages.
Le Grand Est compte parmi les régions les moins consommatrices d’espace pour l’habitat. L’évolution des surfaces consommées entre 2009 et 2019 n’est que de +5,3% dans le Grand Est contre + 7,4% dans l’Hexagone. Il s’agit de la troisième plus faible évolution, derrière l’Ile-de-France (+3,1%) et les Hauts-de-France (+5,1%). En dix ans, cette consommation régionale a été de 10 000 hectares, soit l’équivalent de la surface de Paris.
L’habitat durant cette période occupe 57% de la consommation totale régionale d’espace, contre 31% pour les activités économiques. Par comparaison, en 2014 on a constaté que 9,4% du territoire national était artificialisé et que l’habitat entrait pour 42% dans ce phénomène. Autre constat, entre 2006 et 2016, l’artificialisation a concerné chaque année en France 600 km², soit six fois la superficie de Paris.
Une consommation modérée dans tous les départements
Cette consommation, en hausse mais modérée, se retrouve dans tous les départements de la région. Elle va de la plus faible en Haute-Marne (+3,2%) à la plus forte dans les Ardennes (+6,9%). Cette relative faible évolution s’explique par la présence dans la région de petits ménages qui représentent 53% du total de la consommation d’espace pour l’habitat. Les autres causes viennent des logements vacants (29%), des résidences secondaires (9%), de la hausse de la population (5%) et de certaines caractéristiques de l’habitat (4%), plus de maisons que de logements.
La consommation d’espace progresse plus autour des aires d’attraction des villes. C’est le cas, par exemple de Charleville-Mézières (+2,8% dans la commune centre et + 11,9% dans la couronne), de Châlons-en-Champagne (+0,5 et + 7,6%), de Troyes (+1,4 et +7,2%) ou de Strasbourg (+1,3 et +7,1%).
La baisse de la taille des ménages en jeu
En dix ans, la population du Grand Est n’a progressé que de 0,5%, contre 6% pour le nombre de ménages. La dynamique démographique semble ainsi avoir une faible influence sur l’élévation de la consommation d’espace par l’habitat. La progression du nombre d’habitants n’explique que 5% de la hausse de l’espace consommé dans la région contre 34% en France.
Phénomène social important, avec la décohabitation conséquence des séparations ou des départs des enfants, les nouveaux besoins en logement expliquent à eux seuls l’accroissement de 53% des surfaces consommées pour l’habitat, de 2009 à 2019, contre 33% à l’échelle nationale.
Logements vacants et résidences secondaires en hausse
Les logements vacants pèsent 29% de la consommation d’espace dans le Grand Est. Leur nombre croît de 33% entre 2009 et 2019, de 15% en Haute-Marne à 45% dans les Ardennes. Cette vacance concerne surtout les logements de trois pièces qui représentent un tiers de la vacance contre un quart en 2019. Les résidences secondaires, dont le nombre a progressé de 24% en dix ans, contribuent à hauteur de 9% à l’évolution de la consommation totale. Cette évolution est plus marquée dans le Bas-Rhin, département dans lequel ces résidences secondaires ont doublé en dix ans, alors que leur nombre a baissé dans la Meuse, la Haute-Marne et la Marne.
Un ralentissement récent de la consommation d’espace
L’étude de l’INSEE révèle un ralentissement de la hausse de la consommation de l’espace, avec cette comparaison : +3,1% en 2009 et +2% entre 2014 et 2019. Si ce ralentissement concerne tous les départements, il est beaucoup plus marqué dans l’Aube, les Ardennes et la Haute-Marne, avec des progressions trois fois moins rapides entre 2014 et 2019.
La consommation de l’espace, un des objectifs de la loi ZAN
À partir du constat selon lequel l’étalement urbain participe à la perte de la biodiversité et au réchauffement climatique, le sujet de la consommation d’espace s’est imposé très récemment aux pouvoirs publics. Il est au centre des préoccupations du Plan Biodiversité de 2018, puis de la loi Climat et résilience de 2018. L’axe central des différentes mesures législatives, depuis 2018, est l’équilibre entre l’artificialisation et sa compensation intégrale, soit rendre à la nature la même surface prise pour construire. La loi prévoit de diviser par deux, d’ici à 2030, le rythme d’artificialisation par rapport à la période de référence 2011-2021, puis parvenir à une artificialisation zéro d’ici à 2050. Ainsi est conçue la loi ZAN, Zéro Artificialisation Nette d’Août 2023.