Collectivités

L’esprit d’équipe au premier rang du 71e Congrès des Maires de la Marne

Congrès. Outre la thématique de la sobriété énergétique, le 71e Congrès des Maires et Présidents d’intercommunalités de la Marne a été l’opportunité d’affirmer un travail d’équipe constructif entre les 611 communes et les 14 intercommunalités du département.

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Franck Leroy
« Protéger les élus, c’est défendre la République », a insisté Franck Leroy. (Crédit : DR)

Ici, en ce samedi 18 novembre à Châlons-en-Champagne, le 71e Congrès départemental des Maires et Présidents d’intercommunalités de la Marne met l’accent sur la sobriété énergétique. Quarante-huit heures plus tard à Paris, le 105e Congrès national des Maires et Présidents d’intercommunalités ouvre sur « Communes de France attaquées, République menacée ». Un grand écart ? Non, parce qu’il en va du quotidien des Maires. Travailler et parfois prendre des coups, même si le mot « attaque », utilisé en accroche du Congrès national, s’explique ainsi par ses organisateurs : « Les attaques contre les communes ne se résument pas aux violences contre les élus, elles concernent aussi la raréfaction des ressources financières, le puissant mouvement de recentralisation, des crises toujours plus lourdes, les problèmes de logement, de vieillissement de la population, et le dérèglement climatique… »

DES RISQUES DU MANDAT DE MAIRE...

Pas de grand écart, mais des situations partagées à tous les niveaux de territoires. Être Maire, premier élu face aux administrés, est loin d’être un engagement de tout repos. Dans cette année en cours, les violences envers les élus ont déjà augmenté de 15%. Pour les optimistes, elles ont augmenté de 32% en 2022.

D’une mandature à l’autre, les démissions de Maires ont progressé de 30% et les statistiques les résument ainsi : 400 par mois dans toute la France. La dernière enquête du Cevipof sur le sujet affirme que 69% des Maires interrogés ont été victimes d’incivilités. De quoi approuver ce proverbe créole : « Ne deviens pas Maire si tu ne veux pas avoir de crottin devant ta porte ».

Une situation que le Président de l’association des Maires et Présidents d’intercommunalités de la Marne n’a pas éludé, citant les émeutes de juin et juillet, le non-respect des équipements publics et les agressions envers les élus : « Protéger les élus, c’est défendre la République ». Sur ce sujet, Franck Leroy annonce que l’association portera plainte et se portera partie civile à chaque agression d’un maire. En ce sens, il encourage tous les élus à parler, dès la première agression verbale, pour ne pas laisser dégénérer les situations. Un élu qui parle ne sera jamais seul, en quelque sorte, car il sera soutenu.

Il souhaite également une révision du statut de l’élu en ce sens. Sans oublier d’évoquer les difficultés du mandat : l’avalanche des règles nouvelles et complexes, la flambée des assurances, la nécessité de dépenser avec encore plus de sobriété… Et les impératifs gouvernementaux en matière de climat ou d’utilisation du foncier. Avec, ajoute-t-il, une différenciation de traitement entre ceux qui jouent la sobriété et ceux qui l’ignorent.

Les Maires de 611 communes étaient réunis, soudés derrière les questions d’actualité qui concernent la difficulté d’excercice du mandat. (Crédit : DR)

...À L’ENTRAIDE DE L’ASSOCIATION...

L’Association des Maires et Présidents d’intercommunalités de la Marne va bien et dispose d’une bonne autonomie financière. Devant une salle quasi comble, Franck Leroy remarque : « L’Association est populaire parce qu’elle est utile ». Utile pour faciliter la bonne compréhension et la bonne mise en acte de l’ensemble des composantes du mandat de Maire, en témoigne par exemple l’assistance juridique offerte aux Maires (3 520 réponses aux 578 collectivités demanderesses en 2023) ou les différentes formations aux élus et à leurs collaborateurs, l’association étant agréée par le Ministère des Collectivités Territoriales, avec une progression de 47% de la fréquentation en un an. « Vous êtes des Maires positifs », conclut Franck Leroy.

...EN PASSANT PAR LA SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE...

Sur le thème « Objectif sobriété : c’est possible », les congressistes ont écouté attentivement deux intervenants : Dimitri Carbonnelle, fondateur de Livosphère (économie circulaire, adaptation au changement climatique, expertise en responsabilité sociétale des entreprises …) et Anne Clerc, Cheffe du Pôle Territoires et Filières économiques au Secrétariat Général à la Planification Ecologique. D’un côté un membre du laboratoire d’idées Shift Project, présidé par l’incontournable Jean-Marc Jancovici et d’un autre, un organisme interministériel placé sous l’autorité de la Première Ministre.

Pour la première intervention, ont été évoqués l’accompagnement des entreprises et des acteurs publics sur les sujets environnementaux « Un futur comme nous le voulons. La libération de l’empreinte carbone. La sortie des énergies fossiles de l’économie… Pour atténuer le changement climatique… » Pour la seconde, en charge de la coordination de l’élaboration des stratégies nationales en matière de climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie circulaire, il a été question de passer en revue les leviers de décarbonation pour les régions.

ET LES BONS RAPPORTS AVEC L’ETAT

Après la remarque de Franck Leroy : « Je tiens à souligner la qualité de nos rapports avec les services de l’Etat en région », le Préfet de la Marne renvoie élégamment la balle : « Devant une assistance aussi nombreuse, je ne peux que constater la vitalité de votre association ». Tour à tour, Henri Prévost évoque le travail des Sous-préfets, la lutte contre la délinquance « Quand on attaque une Mairie, on attaque la République », et l’ensemble des dispositifs de sécurité déployés par l’Etat.

Enfin, sur le volet des moyens, le Préfet de la Marne évoque l’augmentation de 320 M€ de la Dotation Globale de Fonctionnement des collectivités territoriales dans le projet de loi de finances 2024, les 200 dossiers d’aides attribuées à la Marne pour lutter contre le changement climatique et les 37 M€ de subventions au développement durable, toujours dans la Marne. Pédagogique, Henri Prévost avertit cependant : « Les communes vont devoir se justifier sur leurs dépenses en faveur du développement durable ». 611 communes, 14 communautés de communes, d’agglomération et urbaine, 34 syndicats mixtes et organismes départementaux, un conseil d’administration et sept collaborateurs particulièrement salués par le Président Leroy et par l’ensemble de l’assistance.