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L’Aube en ordre de bataille pour la sécurité publique

Sécurité. Dans l’Aube, État, police, gendarmerie et justice s’unissent dans un plan départemental d’action contre la délinquance et la violence à la demande de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur.

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Photo de Adeline MASSAL, Charlène MAHOT, Pascal COURTADE et Antoine LAGOUTTE
La commissaire Adeline MASSAL, directrice départementale adjointe de la police nationale, Charlène MAHOT, vice-procureure de la République près le Tribunal judiciaire de Troyes, Pascal COURTADE, préfet de l’Aube et le colonel Antoine LAGOUTTE, commandant du groupement de gendarmerie départementale de l’Aube (Crédits : MBP)

Si l’Aube connait une légère baisse de la délinquance générale, la restauration de la sécurité s’impose comme une préoccupation majeure avec un plan d’action pragmatique dans les domaines où l’augmentation des faits inquiète. Si la lutte contre les violences intrafamiliales reste une priorité, le trafic de stupéfiants, les cambriolages, les vols liés aux véhicules, les atteintes aux personnes et les atteintes à l’environnement font désormais l’objet de mesures spécifiques. La préfecture, la police, la gendarmerie et la justice répondent d’une même voix à la demande du ministère de l’Intérieur de mettre en place un plan départemental de la sécurité. Un plan plus près de la réalité du terrain et de la spécificité du territoire avec plus de visibilité et d’unité pour une meilleure efficacité.

Les mesures destinées à restaurer la sécurité au quotidien dans l’Aube font donc bloc auprès des forces de l’ordre. L’état des lieux réalisé fait émerger des priorités dont les actions seront relayées en partenariat avec les collectivités et les associations. « Nous voulons afficher une grande unité au sein des autorités. Les acteurs du continuum de sécurité ont été à leur tour mobilisés pour évaluer et améliorer les instances de coordination et de partage de l’information », explique Pascal Courtade, préfet de l’Aube. Le taux de réponse aux affaires présentées au Tribunal judiciaire de Troyes est de 92 % en 2024 et le nombre de comparutions rapides a augmenté de 20 % « pour offrir aux victimes et à la société une réponse la plus diligente possible », explique Charlène Mahot, vice-procureure de la République au Tribunal judiciaire de Troyes. « Derrière chacune des infractions, il y a des victimes qu’il convient de prendre en charge. Une politique de répression n’a de sens, que si elle se couple avec une bonne prise en charge des victimes ». C’est le projet 2025 de la juridiction.

Violences Intrafamiliales

« Nous avons une baisse de 6 % dans l’Aube, mais cela ne nous satisfait pas. Nous sommes inquiets sur les violences faites aux enfants », poursuit le préfet. L’UAPED, l’unité destinée aux enfants a été appelée 82 fois depuis sa création il y a un an avec une augmentation de 12 % des violences faites aux enfants en zone gendarmerie et de 8,5 % en zone police soit 700 faits dans l’Aube en 2024. Concernant la prostitution des mineurs, un groupe local de traitement de la délinquance pour lutter contre la prostitution des mineurs a été créé pour détecter les proxénètes, partager les informations entre autorités de poursuite mais aussi les institutions qui connaissent les mineurs (éducation nationale, protection de l’enfance…). « Mieux prévenir, agir plus vite et résoudre davantage », tels sont les objectifs de la gendarmerie, comme l’explique colonel Antoine Lagoutte, commandant du groupement de gendarmerie de l’Aube, dont les équipes formées au dispositif Mélanie, pour les auditions des enfants dans des conditions rassurantes, ont augmenté. En 2024, 302 audiences ont été réalisées, soit le double de l’année précédente. Des moyens comme l’ordonnance de protection immédiate ou les bracelets antirapprochement sont notamment utilisés par le Parquet.

Lutte Contre Les Stupéfiants

Pénaliser les consommateurs, démanteler les points de deal et lutter contre le deal numérique. L’Aube compte 158 faits de mise en cause pour trafic et revente de stupéfiants en 2024. Des chiffres qui restent en dessous des données régionales et nationales. Pour autant, pour le préfet de l’Aube, « le trafic de stupéfiants est source de tout un tas d’autres faits de délinquance comme l’extorsion, l’escroquerie. Cela reste une priorité. Le paysage change avec l’importance du numérique et impose aux forces de changer leur façon de travailler ». Côté consommation, les contrôles tant pour les transports scolaires que sur routes s’intensifient. « En 2024, 738 infractions graves sur la route étaient des conduites sous l’emprise de stupéfiants avec de nombreuses récidives », confirme colonel Antoine Lagoutte, commandant du groupement de gendarmerie départementale de l’Aube et dont l’objectif est de remonter les filières pour « lutter contre le blanchiment et frapper la criminalité au portefeuille ».

Lutte Contre Les Cambriolages

« Nous allons aussi développer les actions de prévention avec les « tranquillité vacances », « tranquillité senior » ou « ma securite.fr » poursuit la commissaire Adeline Massal, directrice départementale adjointe de la police nationale. Avec une augmentation de presque 9 % des cambriolages, l’Aube poursuit son ascension : +31,70 % de faits depuis 2021. Pour lutter contre ce fléau, les dispositifs citoyens seront mis en avant. Au-delà des effets dissuasifs, ils favorisent l’élucidation des enquêtes.

Lutte Contre Les Vols Aux Véhicules

Avec une augmentation en flèche de + 10,6 %, les vols de véhicules ou de pièces de véhicules impactent davantage la zone police et les zones proches de grands réseaux routiers. À noter aussi, l’augmentation de vols de pièces comme les GPS dans les exploitations agricoles qui portent directement préjudice à l’outil de travail des victimes. Les forces de police et de gendarmerie travailleront sur la visibilité et les présences terrain.

Lutte Contre Les Atteintes Aux Personnes (Hors Domicile)

Les 1 014 victimes de 2024 font réagir les instances, avec les chiffres plus élevés qu’en Grand Est. Au-delà des actions prévues à Troyes pour protéger les lycéens et collégiens aux abords des collèges, police et gendarmerie vont multiplier les patrouilles pour dissuader les passages à l’acte et pour lutter contre la consommation d’alcool, des phénomènes souvent liés. La police proposera également des formations de désescalade de la violence pour le personnel particulièrement exposé comme France Travail ou les bailleurs sociaux.

Lutte Contre Les Atteintes À L’environnement

Gens du voyage, particuliers, entreprises… « il n’y a pas de coupable unique » en matière d’atteinte à l’environnement, souligne Pascal Courtade qui mentionne 44 procédures initiées par la gendarmerie pour dépôt ou abandons sauvage de déchets comme à Sainte-Savine. L’accompagnement des élus souvent face à ces phénomènes et un renforcement des forces de sécurité avec des enquêteurs formés aux infractions relatives à l’environnement permettront de mieux lutter contre ces nouvelles formes d’atteinte au cadre de vie. Le Tribunal judiciaire de Troyes s’est doté d’un magistrat référent, d’un juriste assistant, d’un délégué du procureur et d’une vingtaine d’enquêteurs, tous spécialisés dans les affaires liées l’environnement.