Collectivités

L’attractivité résidentielle du Grand Est progresse surtout en milieu rural

Région. Si le solde migratoire négatif de la région s’est légèrement amélioré en 2020 avant de stagner en 2021 et de vraisemblablement régresser en 2022, l’INSEE note une attractivité résidentielle particulière et contrastée dans les espaces ruraux autonomes du Grand Est.

Lecture 5 min
Photo de panneaux de signalisation routière de direction
Les espaces ruraux, dits autonomes, qui progressent le plus sont ceux situés hors des principales aires d’attraction des villes. (Crédit : Shutterstock)

Après plusieurs années de recul, l’attractivité résidentielle du Grand Est s’est redressée en 2020. Sa progression est plus sensible en milieu rural. Le profil des nouveaux résidants n’a pas changé depuis la crise sanitaire : jeunes, financièrement modestes, plutôt célibataires et choisissant un habitat indépendant. La part des individus qui déménagent au sein de la France métropolitaine baisse, de 10,7% en 2019 à 10,2% en 2020.

Dans ce contexte, en 2020, le Grand Est compte 88 arrivées provenant des autres régions françaises contre 100 départs. En 2019, le rapport était de 84 arrivées pour 100 départs. Après de nombreuses années de régression, l’attractivité de la région s’améliore : les départs diminuant plus que les arrivées, notamment en provenance de l’Ile-de-France, de l’Occitanie ou de la Bourgogne-Franche-Comté.

Une hausse des migrations vers le rural

Les dynamiques migratoires divergent entre territoires ruraux et territoires urbains. Le ratio des arrivées sur les départs progresse de 11% en milieu rural et recule de 4% en milieu urbain. Ces évolutions sont semblables à celles constatées en France métropolitaine. Les espaces ruraux, dits autonomes, qui progressent le plus sont ceux situés hors des principales aires d’attraction des villes.

Ils concernent 900 000 habitants, soit 16% de la population régionale. Ces espaces sont les seuls en 2020 à accueillir davantage de nouveaux entrants, avec une progression très nette des couples avec enfant.

À l’inverse, l’attractivité résidentielle stagne ou recule dans tous les espaces urbains et notamment ceux de plus de 200 000 habitants. C’est le cas notamment à Strasbourg et Reims. Toutes les évolutions constatées sont principalement des mouvements internes à la région. 78% des individus changeant d’espaces résidentiels en 2020 habitent déjà dans le Grand Est.

Des néoruraux aux profils inchangés

Les profils des ménages installés dans les espaces ruraux autonomes en 2020 sont quasiment comparables à ceux d’avant la crise sanitaire : 42% sont des couples, 40% des personnes seules avec plus d’hommes que de femmes. 75% sont majoritairement salariés, 13% sont à la retraite et 7% au chômage. La moitié de ces nouveaux résidants dispose d’un revenu inférieur de 11% au niveau métropolitain (revenu disponible de 1 660 euros par mois pour une personne seule). 19% des membres de ces ménages, nouvellement installés dans le rural, vivent sous le seuil de pauvreté.

Plus de 40% de ces néoruraux sont propriétaires, c’est cinq points de plus qu’il y a cinq ans. Les ménages s’installent de plus en plus souvent dans des maisons individuelles ou dans des logements plus spacieux, dans le cadre d’une accession à la propriété.

Attractivité des communes rurales les plus isolées

Le dynamisme migratoire constaté s’étend aux communes rurales les plus isolées, avec de grandes disparités. Un quart de ces petites communes bénéficie d’au moins 240 arrivées pour 100 départs, un autre quart n’atteint pas les 50 arrivées. Aucun autre type d’espace du Grand Est ne présente de telles disparités. Les temps d’accès à l’emploi ou à des services et équipements n’expliquent pas cette hétérogénéité migratoire.

Dans son enquête 2020, l’INSEE, se basant sur les données de réexpédition des courriers, avance : « Dans le Grand Est, le rapport entre arrivées et départs stagne entre 2020 et 2021, puis recule de 4% entre 2021 et 2022, retrouvant ainsi son niveau d’avant-crise sanitaire ». Globalement, le rapport se dégrade toujours dans les espaces urbains tandis qu’il progresse dans les espaces ruraux.

Quel que soit le type d’espace considéré, les trajectoires sont assez contrastées d’un territoire à l’autre. Le rapport entre entrées et sorties se redresse dans les pôles de Metz, Nancy et Troyes (+3, +2 et +1%). Il poursuit sa baisse dans les pôles de Strasbourg, Mulhouse et Reims (-2, -1 et -1%). Dans les pôles de moindres importances, cet indicateur progresse fortement à Epernay, Epinal et Chaumont, entre 7 et 11% et recule nettement à Sarreguemines ou Châlons-en-Champagne, de 9 à 5%.