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L’Argonne labellisée Zone atelier

Environnement. La Zone atelier Argonne (ZARG) a été officiellement inaugurée. Elle est la 15e d’un réseau national de recherches interdisciplinaires sur les socio-écosystèmes et l’environnement, porté par le CNRS, l’URCA ainsi qu’une dizaine d’autres acteurs académiques.

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Photo de l'Argonne
L’Argonne, entre prairies, forêts et bocage fait un terrain très intéressant d’études socioenvironnementales. (Crédit : ZARG)

La Zone atelier Argonne, ZARG pour les intimes, est l’aboutissement d’un travail de collaboration entamé en 2017 par le CNRS, l’URCA et de nombreux partenaires universitaires dont l’Université de Lorraine et celle de Strasbourg. Elle est la 15e Zone atelier à être reconnue, cette dernière s’intéressant particulièrement aux socio-écosystèmes dans l’hyper-ruralité.

La ZARG s’étend ainsi sur 3 000 km2 et est composée de 48 000 habitants. Soit une densité de 16 habitants au km2 (elle est de 106 habitants en moyenne nationale). Un ratio, qui, s’il peut être considéré comme un inconvénient pour de nombreux Français (et même Ardennais) a en revanche été pour le CNRS, considéré comme un atout. « L’Argonne constitue un territoire riche et diversifié sur le plan environnemental, avec une faune et une flore exceptionnelles et une qualité de vie inégaliée », vibre Bernard Dekens, Maire de Vireux-Wallerand et président de la communauté de communes Ardennes Rives de Meuse.

« Le travail de recherche de la ZARG vise à comprendre le fonctionnement de notre système socio-écologique à faible densité… Car le territoire est confronté à de nombreux enjeux : le changement climatique est une réalité et les environnements ruraux ont un rôle crucial à jouer. Nous constatons déjà ses effets. Les ressources en eau ne sont plus aussi abondantes, les forêts sont confrontées à des variations de température et les agriculteurs doivent faire face aux restrictions hydriques… », rappelle-t-il.

À l’aune de la richesse du territoire argonnais, la Zone atelier va ainsi « décupler les capacités d’études du massif forestier aussi bien en termes de biodiversité qu’en termes de socio-écosystèmes », explique Dominique Joly, Directrice de recherche environnement au CNRS.

Le socio-écosystème que l’on peut comprendre comme un système complexe impliquant aussi bien des composantes biophysiques (écologie, hydrologie, etc.) que des composantes sociétales (économie, politiques publiques, institutions, etc.), celles-ci étant en constante interaction. Cinq sites ateliers ont d’ailleurs été déterminés (Bassin de Bairon, Marais de Germont, Parc de Belval, Forêt de la Gruerie, Etang de Belval en Argonne).

Les Zones ateliers qui sont un ensemble de dispositifs interdisciplinaires ancrés sur des temps longs et dont certaines ont plus de quarante ans, permettent ainsi de travailler à l’interface entre les composantes environnementales et les composantes humaines.

« Ce réseau s’enrichit et s’élargit pour répondre à la fois aux enjeux des échelles globales pour affronter les crises environnementales actuelles mais aussi aux enjeux des échelles locales. » Les recherches du CNRS permettront de croiser les constations émanant de différentes zones. Ainsi, la surveillance d’une tourbière en rétractation malgré sa réhabilitation sera effectuée tout comme plusieurs suivis dont celui de la faune en milieu contrôlé (domaine de Belval) ou encore celui de la faune sauvage en milieu ouvert (notamment l’impact des infrastructures de transport sur la connectivité écologique).

Les chercheurs s’intéresseront aussi à la compréhension des pratiques humaines pouvant favoriser la diffusion des tiques et de leurs maladies.

90 enseignants-chercheurs rattachés à 24 laboratoires

« La ZARG est un dispositif laboratoire à ciel ouvert basé sur une entité géographie structurante », indique pour sa part Emmanuel Guillon, Directeur de la Zone atelier, précisant que ce processus de labellisation a été long. La délimitation de la ZARG s’appuyant sur plusieurs critères : elle tire en effet sa spécificité en étant une zone de transition de climats (semi-continental et semi-océanique) et en étant sur une ligne de partage des eaux de deux bassins (Reims / Meuse et Seine/Normandie).

Pour répondre aux différentes questions soulevées lors des études de terrain, la ZARG mise sur la collaboration entre sciences exactes et naturelles, sciences humaines et sociales et santé.

Elle s’appuie ainsi sur un réseau de plus de 90 enseignants-chercheurs rattachés à 24 laboratoires et 9 établissements : le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), l’Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA), l’Université de Lorraine, l’Université de Strasbourg, l’Université de Bourgogne-Franche-Comté, l’Université Picardie Jules Verne, l’Université Claude Bernard de Lyon, l’Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques (INERIS) et l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA).

La labellisation est valide pour la période 2023-2025 avec un budget de 30 000 euros reçus de l’INEE (Institut de l’Écologie et de l’Environnement), du CNRS auxquels s’ajoutent 20 000 euros de l’URCA. Cinq années ou d’intenses recherches vont être menées.