L’Aisne se prépare à une réduction des aides et subventions
Département . Il n’y a pas que l’Etat qui se débat dans les préparatifs compliqués de son budget. Les collectivités territoriales sont logées à la même enseigne, subissant en outre la pression du gouvernement exigeant et programmant une baisse de leurs dépenses et de leurs ressources.
L’Aisne, l’un des départements les plus mal lotis, où le chômage touche 11 % des travailleurs et la pauvreté près d’un habitant sur cinq, se trouve dans une situation financière pratiquement insoluble, après avoir tiré le signal d’alarme il y a six mois. Pour ne pas mettre dans la même situation les organismes qui dépendent en partie de son soutien, le président du Conseil départemental, Nicolas Fricoteaux, a pris son bâton de pèlerin et parcouru le territoire à la rencontre de tous les responsables.
Une demi-douzaine de réunions s’est tenue en octobre, en présence des élus locaux et des présidents de syndicats locaux, d’associations, de clubs et autres groupements. Le discours, dur à tenir comme à entendre, n’a pas varié. L’Aisne est prise en tenaille entre des dépenses sociales qui augmentent et des recettes qui diminuent. L’annonce par le gouvernement du gel de la part de TVA affectée aux collectivités locales et celui de la DGF (dotation globale de fonctionnement), ajoutée à la baisse des DMTO (droits de mutation à titre onéreux) dépendant de l’activité immobilière, contraint le Département à des choix drastiques et brutaux.
Repli sur les compétences particulières du département
Le président Fricoteaux a donc redit et répété que le Département devrait se concentrer sur ses obligations prioritaires. Son premier poste budgétaire, ce sont les dépenses sociales, comme le RSA (Revenu de solidarité active), la PCH (Prestation compensatoire du handicap) ou l’APA (Aide personnalisée à l’autonomie). Dans l’Aisne, celle-ci se monte à 100 € de plus par habitant que pour la moyenne des départements, pauvreté oblige. Autres dépenses obligatoires, l’entretien des collèges et leur fonctionnement matériel et, bien sûr, celui des services départementaux ainsi que les salaires de leurs agents. Le budget devra tenir compte des coûts supplémentaires induits par l’inflation et la hausse du smic.
Tout ce qui vient ensuite, en matière de politique et d’engagements du Département, d’aides et de subventions, sera raboté, réduit, voire suspendu jusqu’à meilleure fortune. L’économie à réaliser est évaluée à 10 millions d’euros pour 2025, sans compter un probable déficit d’exécution en 2024, contrairement à l’an dernier.
Les sacrifiés
Premières touchées, les communes et leur groupements (com’com, agglo, syndicat, etc.). Le Département va réduire ses subventions via l’APV (Aisne partenariat voirie) et mettre l’API (Aisne partenariat investissement) à la portion congrue. Affectés aussi, les centres sociaux et les services d’aides et d’accompagnement à domicile, comme Aid’Aisne. Ces derniers sont incités à augmenter leurs tarifs pour compenser le retrait de la collectivité. Idem pour les Ehpad, soutenus dans le prolongement de l’APA, poussés à s’adresser à l’Etat, via l’ARS (Agence régionale de santé) pour les soins et vers leurs pensionnaires pour l’hébergement.
Enfin, les associations sportives et culturelles vont se retrouver plus ou moins abandonnées à elles-mêmes. Parmi les premières, les clubs de l’élite, comme le SQBB (Saint-Quentin Basket-Ball) et quelques autres, ne sauveront qu’une partie de leurs subventions. Quant aux secondes, à défaut d’imposer aux familles des cotisations rédhibitoires, elles nourrissent l’espoir de collecter des dons, voire de dénicher des mécènes…
En attendant, à l’occasion de leurs toutes récentes assises nationales, Nicolas Fricoteaux et ses pairs ont, tous partis confondus, lancé un appel au gouvernement. « Nous avons déjà absorbé beaucoup plus que nous devions et on nous demande encore l’impossible, écrivent-ils (…) Ce qui est en jeu ici, c’est notre modèle de solidarité nationale et de justice sociale et territoriale. » Reçu par eux, le Premier ministre, Michel Barnier, a voulu leur laisser un peu d’espoir, en évoquant des « ajustements significatifs ». Mais, pour l’instant, l’objectif de 5 milliards d’économies sur les dépenses des collectivités locales est maintenu.