Gérald Darmanin à Reims : « Parler aux quartiers et être ferme avec les voyous »
Gouvernement. Gérald Darmanin, Ministre de l’Intérieur, était en déplacement à Reims pour « apporter le soutien du Gouvernement aussi bien aux élus locaux qu’aux habitants ». Avec une annonce : le déblocage de 20 millions d’euros pour la remise en fonctionnement de nombreuses caméras de surveillance détruites.
Trois visites par jour sur le terrain. C’est le rythme de Gérald Darmanin depuis le déclenchement des violences sur le territoire après le décès de Nahel, jeune garçon de 17 ans, blessé mortellement par un policier lors d’un refus d’obtempérer, mercredi 28 juin.
Depuis, six jours de violences urbaines. Essentiellement en soirée, avec incendies, pillages, et affrontements avec les forces de l’ordre. Du mobilier urbain, des voitures, des commerces, mais aussi des établissements de services publics, postes, écoles, mairie…
S’il appartient à la justice de trancher pour les faits commis à l’encontre de Nahel, il en va en revanche de l’autorité de l’État d’intervenir sur les phénomènes d’émeutes et de violences qui secouent le pays.
C’est pourquoi le ministre de l’Intérieur tient à représenter, partout où il se déplace, cette autorité, en rappelant au passage que celle de l’État ne doit pas être la seule à entrer en compte. « Il en va aussi de la responsabilité des familles », a-t-il insisté, à Reims, lundi matin « Ce n’est pas à la gendarmerie, au Maire, où à l’État de régler le problème quand un enfant de 12 ans met le feu à une école, c’est une question qui relève de l’autorité parentale, qui est un beau mot. Oui il y a des droits et des devoirs. Et il y a aussi l’intérêt de l’enfant », souligne Gérald Darmanin, précisant que sur les 3 200 interpellations qui ont eu lieu ces six derniers jours, la moyenne d’âge est de 17 ans.
« C’est une des leçons que l’on aura à tirer de ces événements. Il y a beaucoup de familles que l’on appelle pudiquement mono parentale mais qui sont en réalité des femmes seules qui élèvent leurs enfants. Il y a donc cette question de l’autorité qu’il faut se poser. En tant que ministre de l’Intérieur, ça m’interpelle qu’un tiers des interpellés soient des mineurs. Et que 60 % soient inconnus des services de Police. »
Une visite qui, à Reims, s’est déroulée aux côtés des élus locaux, Arnaud Robinet Maire, Catherine Vautrin, Présidente du Grand Reims mais aussi le Préfet ou encore le Président du Département, dans le quartier Croix-Rouge, avenue Bonaparte, où la Poste a été en partie saccagée tout comme son distributeur de billets.
Un peu plus loin, c’était le magasin Spar, une armoire électrique et des voitures qui ont été incendiés. « Cette poste ne pourra pas fonctionner avant plusieurs mois », précisait Simon Gamwo Dongho, le responsable de secteur de l’établissement postal, révélant que la poste du quartier Wilson avait été quant à elle, totalement détruite.
« Heureusement personne ne se trouvait dans les bureaux à ce moment-là, mais pour certains employés, cela fait plus de 30 ans qu’ils travaillent ici. »
Nationalement, 20 établissements postaux ont été détruits, dont 15 en Ile-de-France et 3 dans la ville de Reims (Croix-Rouge, Orgeval, Wilson). Plus globalement, au niveau national, en cinq nuits d’émeutes 5 000 véhicules ont été incendiés, près de 1 000 bâtiments ont été brûlés ou dégradés, 250 attaques de commissariats ou de gendarmeries ont été dénombrés et plus de 700 membres des forces de l’ordre blessés.
Reims qui a justement été choisie par le Ministre en raison des violences dès le premier soir et des mesures mises en place pour éviter qu’elles ne se répètent ni ne se diffusent au reste de la ville. Vendredi 30 juin au soir, les commerçants et restaurateurs avaient été appelés à baisser le rideau exceptionnellement plus tôt, dès 20 heures. De nombreux événements avaient été annulés, concerts des Flaneries, du cryptoportique mais aussi toutes les kermesses des écoles rémoises.
« Reims a connu des difficultés dès le deuxième jour et des exactions pas habituelles dans ce territoire. Des unités de CRS ont été déployées, ainsi que des renforts du RAID et du GIGN qui ont évité l’attaque de la mairie et d’autres commerces », indique Gérald Darmanin.
« À Reims, dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, les agents de la Police Nationale étaient complétés par le Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) et des gendarmes mobiles. Le Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) et les membres d’une unité de force mobile (UFM) de Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) ont également été activés. À Châlons-en-Champagne, la Police Nationale était renforcée par les agents du PSIG. Le Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) a mobilisé ses agents et a recensé plus de 35 interventions », faisait savoir à ce sujet la Préfecture de la Marne dans un communiqué.
Ce déploiement a semble-t-il porté ses fruits, en plus des nombreux appels au calme lancés par la famille du jeune Nahel ainsi que par les élus locaux mais également les représentants religieux, qui à Reims, a rassemblé les trois principales confessions. « La nuit du 1er juillet au 2 juillet a été plus calme que les deux précédentes dans le département. Les sapeurs-pompiers, les forces de l’ordre (Gendarmerie Nationale, Police Nationale) et les polices municipales ont constaté moins de tensions et d’incidents », précise ainsi la Préfecture de la Marne.
Nationalement, le ministre de l’Intérieur a annoncé mobiliser 20 millions d’euros afin de réparer et remettre en état les nombreuses caméras de surveillance dégradées. « Il faut prendre le temps de parler aux quartiers et d’être ferme avec les voyous, je pense que c’est cela le bon équilibre », a-t-il conclu, avant de déjeuner avec des policiers, des gendarmes et des pompiers et de se rendre, dans la foulée, à Saint-Quentin (02).