Collectivités

François Sauvadet : « Les Départements n’ont plus de marges de manoeuvre ! »

Départements. Invité à la Foire de Châlons par Jean-Marc Roze, son homologue marnais, François Sauvadet, président de la Côte-d’Or et président des Départements de France, a tiré le signal d’alarme quant à la situation financière des collectivités locales qu’il représente.

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Photo de Jean-Marc Roze et François Sauvadet
Jean-Marc Roze, président du Conseil départemental de la Marne (à gauche) et François Sauvadet, président de la Côte-d’Or et président des Départements de France : une vision partagée de la dégradation des finances des Départements. (Crédits : JR)

« Les Départements ont perdu 46 milliards d’euros de dotations depuis 15 ans. L’argent ainsi capté par l’Etat n’a eu aucun effet sur la réduction du déficit public. Les Départements ne peuvent continuer à compenser les désengagements de l’Etat en assumant toujours plus de dépenses. Il faut arrêter de les asphyxier. » La visite de François Sauvadet à la Foire de Châlons n’était pas uniquement de courtoisie. L’ancien ministre de la Fonction publique (2011-2012), aujourd’hui président des Départements de France, en a profité pour enfoncer le clou quant à la situation financière de plus en plus critique des Départements. « Entre 2022 et 2024, les Départements ont dû assumer quelque 6 milliards de dépenses supplémentaires imposées par l’Etat, et non compensées. Et en 2025, le train des dépenses financées par les Départements mais issues de décisions de l’Etat s’est encore accru de 610 M€ ! » De fait, les ‘‘dépenses non pilotables’’ (allocations RSA, APA, etc., aide sociale à l’enfance, salaires des personnels, collèges, SDIS) représentent 70 % des dépenses de fonctionnement, ce qui entraîne automatiquement une diminution des investissements.

Nos collectivités sont ‘‘à l’os’’

Un exemple très concret est d’ailleurs fourni par Jean-Marc Roze, pour la Marne : « Il y a 10 ans, la simple opération recettes moins dépenses donnait un résultat de 100 M€, injectés dans l’économie locale sous forme d’investissement. Aujourd’hui, la même opération ne dégage plus que 23 M€… »

Et encore, la gestion du département de la Marne est souvent citée en exemple. D’autres département sont déjà en grande difficulté, à l’image des Ardennes, notamment « Nos collectivités sont ‘‘à l’os". Il faut arrêter de charger la barque et d’annoncer de nouvelles dépenses tous les jours », martèle François Sauvadet. Face à cette dégradation financière, les présidents de Conseil départementaux, qui font face à des défis de société, se sentent bien seuls. « Nous avons besoin de stabilité, nous avons besoin d’interlocuteurs, et ce ne sont pas quatre Premiers ministres en deux ans, six de l’Education nationale, sept de la Santé, cinq des Comptes publics, quatre des Collectivités - autant de secteurs dans lesquels nous intervenons - qui concourent à cette stabilité. Nous avons besoin de réponses rapides car nous n’avons plus de marges de manœuvre. »

Le couple commune/département est le plus efficient

Pour François Sauvadet, les pays qui s’en sortent le mieux sont ceux qui font confiance aux territoires, au local. À ses yeux, le couple commune/Département, avec le soutien de la Région, est le plus efficient. Il en appelle au courage de revisiter les dépenses de l’Etat, la faiblesse politique ayant laissé bien trop de liberté à l’administration (sous-entendu : notamment à Bercy). Il suggère dans un premier temps de geler la dépense, et d’entamer des discussions avec les acteurs locaux pour parvenir à être plus efficace avec moins de moyens. Ce qui passe, pour lui, par une nouvelle réforme de la décentralisation. Mais, face à l’incertitude de la situation politique française de l’heure (ces lignes ont été écrites avant le 8 septembre et le résultat du vote de confiance réclamé aux députés par François Bayrou), pas sûr que l’horizon des Départements s’éclaircisse beaucoup dans les mois à venir…