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François Baroin s’explique sur la hausse de la taxe foncière

Fiscalité. Le maire de Troyes déplore le désengagement de l’État qui l’amène à augmenter l’impôt, pour la première fois depuis 1999.

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Photo de François Baroin et Stéphanie Fraenkel
François Baroin et son adjointe aux finances, Stéphanie Fraenkel. (Crédit : LL)

Il avait tenu bon pendant 23 années, mais cette fois-ci, François Baroin devra se résoudre « à augmenter pour la première fois depuis 1999 le taux de fiscalité sur le foncier bâti de 4,2 points pour ce budget 2023 ». Le taux de fiscalité sur le foncier bâti à Troyes passe ainsi de 46,2 à 50,4 % soit une hausse de 9 % environ.

Un choix fort pour l’élu qui avait promis de maintenir le taux pendant sa campagne municipale, mais qui s’est imposé par des circonstances imprévues comme la crise énergétique mais aussi et surtout, par la politique d’Emmanuel Macron vis-à-vis des collectivités, selon le maire de Troyes qui s’en est expliqué en conférence de presse.

« Lorsqu’Emmanuel Macron a décidé, sans discussion, de supprimer la taxe d’habitation, il a pris 2017 comme année de référence et tous ceux qui comme moi n’avaient pas touché aux impôts ont été pénalisés ! S’il y avait eu discussions sur la problématique de l’année de référence, les choses seraient probablement différentes aujourd’hui », regrette l’ancien président national de l’Association des maires de France. François Baroin en veut à l’État de « ne pas respecter sa parole, ni d’ailleurs les collectivités locales ».

Il fustige toujours Emmanuel Macron sur le désengagement du gouvernement à tous les niveaux en détaillant l’impact de cette attitude, mais aussi du contexte international, sur les dépenses de la ville.

7 Millions d’euros de charges supplémentaires

« Au total, nous allons subir 7 millions d’euros de hausses de charge pour 2023 », constate-t-il. En détail, 3,3 millions d’euros liés à la hausse du prix du gaz, 1,9 million suite à l’inflation sur les dépenses de fonctionnement, un million pour la hausse du point d’indice de la fonction publique « décidée sans aucune concertation des collectivités ni compensation de l’État » et 600 000 euros liés à la hausse des taux d’intérêts.

« Certes, le contexte international pèse sur la hausse des charges mais c’est avant tout le désengagement de l’État qui est à l’origine de ces difficultés », analyse le maire de Troyes. La baisse progressive de la part forfaitaire de la DGF depuis 2012 a généré un manque à gagner global de 33 millions d’euros pour les finances troyennes.


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Même lors de la crise sanitaire, « 5 millions d’euros ne seront pas remboursés par l’État à la ville de Troyes contrairement aux engagements pris », déplore-t-il. Les propriétaires troyens devront mettre la main à la poche d’autant que l’augmentation de la base (la valeur cadastrale), fixée par l’État sera de 7 % et vient s’ajouter à celle décidée par la municipalité. En conséquence, la hausse des taux et des bases va se traduire, pour les propriétaires troyens, par une hausse d’environ 16 % de la taxe foncière sur une année.

Le prix à payer pour « conserver son autonomie financière et la capacité à investir dans l’avenir du territoire », note encore le maire de Troyes en indiquant que bien d’autres villes comme Strasbourg, Lyon, Grenoble, Paris appliquent des hausses sensiblement supérieures.

Ainsi, dans le budget 2023, ce sont 40 millions d’investissements qui sont prévus afin de poursuivre le projet Troyes 2030. Un levier permettant de soutenir l’économie locale, 45 % des marchés publics attribués par la ville de Troyes le sont à des entreprises auboises.

La solidarité et les services publics ne sont pas en reste, avec par exemple le choix de ne pas augmenter le tarif de la restauration scolaire malgré l’augmentation du coût du service pour la collectivité. « Nous devons continuer de développer l’attractivité de la ville et la dynamique qui nous a permis de faire venir des grands groupes comme Clarins », conclut le maire de Troyes qui espère que cette hausse sera la première et la dernière jusqu’à la fin du mandat.