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Entre pauvreté et niveau de vie, le Grand Est au milieu du tableau de la France métropolitaine

Conjoncture. Sixième région métropolitaine la plus pauvre et même classement pour le revenu moyen, le Grand Est occupe à ces niveaux une place moyenne dans l’Hexagone. Son taux de pauvreté, 14,5% de sa population, est là encore dans la moyenne nationale. Grandes cultures, viticultures, céréales et travaux annexes placent cependant les ménages agricoles au rang des plus aisés de la France.

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Photo d'une Moissonneuse batteuse dans un champs de blé
Les exploitations céréalières permettent aux chefs d’exploitations, comme aux autres membres de la famille de se consacrer davantage à des travaux annexes. Dans ces cas, les ménages ont le plus souvent des revenus du patrimoine plus élevés. (Crédit : ND)

Le Grand Est occupe le 6e rang des régions métropolitaines les plus pauvres, derrière l’Ile-de-France et devant la Nouvelle Aquitaine, avec pour certains experts « un taux assez modéré », il est vrai dans la moyenne métropolitaine. Pour les régions les plus riches, direction Pays de la Loire et Bretagne, pour les pauvres, la Corse et les Hauts-de-France. Pour les départements les plus riches, Paris et la Haute-Savoie et pour les plus pauvres la Seine-Saint-Denis et le Nord.
339 000 ménages du Grand Est, représentant 764 000 habitants, vivent sous le seuil de pauvreté (1 102 € pour une personne seule et 2 314 € pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans). La proportion régionale de cette situation (14,5%) est quasi comparable à celle de la France métropolitaine (14,4%).

Six des treize départements régionaux atteignent un taux supérieur à cette moyenne : les Ardennes (18,3%), l’Aube (16,2%), la Moselle (15,3%), la Haute-Marne (15%), les Vosges (14,9%) et la Meurthe-et-Moselle (14,6%). Les Ardennes (10e) et l’Aube (22e) comptent parmi les départements métropolitains les plus pauvres.

Plus de pauvreté à l’ouest de la région

Viennent ensuite la Marne et la Meuse (14,2%), le Bas-Rhin et le Haut-Rhin (13,2%). La Collectivité Européenne d’Alsace, entité issue de ces deux départements, occupe la 58e place dans ce classement de la pauvreté. Le niveau de pauvreté du Grand Est affiche une quasi-stabilité durant les cinq dernières années, avec cette particularité comparativement à la France métropolitaine : un taux de pauvreté plus élevé qu’ailleurs dans les villes et une ruralité moins touchée. Marne exceptée, le Grand Est connaît plus de pauvreté à l’ouest qu’à l’est.

Les taux moyens départementaux supposent des contrastes importants au niveau des communes. Par exemple, sur le territoire de la Champagne-Ardenne, les écarts dans les Ardennes vont de 11% à Bazeilles à 33% à Sedan. Ils affichent dans l’Aube 8% à la Rivières-des-Corps et 30% à Troyes. Les écarts dans la Marne vont de 6% à Cormontreuil à 28% à Vitry-le-François, en passant par 24% à Reims. Enfin dans la Haute-Marne, ces taux vont de 15% à Nogent à 29% à Joinville.

Des revenus plus confortables aux frontières de l’est

6e plus pauvre région métropolitaine, le Grand Est, avec une moyenne annuelle de 28 000 euros de revenus déclarés contre 37 500 pour l’Ile-de-France, occupe le même rang parmi les régions les plus riches Derrière les 29 700 euros de Paris et les 28 100 euros de la Haute-Savoie, le niveau de vie médian annuel des départements du Grand Est oscille entre 24 500 euros pour le Haut-Rhin et 20 900 pour les Ardennes. Comme pour la géographie de la pauvreté, la richesse de la région se trouve plutôt à l’est, aux frontières du Luxembourg, de l’Allemagne et de la Suisse. Outre les Ardennes, le niveau de vie des trois autres départements champardennais est de 21 500 euros pour l’Aube, de 22 800 euros pour la Marne et de 21 400 euros pour la Haute-Marne.

Les niveaux de vie médian les plus élevés dans le Grand Est peuvent atteindre 34 000 euros dans le Haut-Rhin ou 29 000 euros en Moselle. Par référence, le niveau médian se situe à 25 000 euros en France métropolitaine, soit 12% de moins que dans le Grand Est. Les niveaux les plus bas touchent l’Aube (16 400 euros) ou le Bas-Rhin (16 600 euros). Pour les quatre départements champardennais, les fourchettes, selon les bassins d’emploi, vont de 17 000 à 23 000 euros dans les Ardenne, de 16 500 à 25 000 dans l’Aube, de 18 000 à 26 000 dans la Marne et de 18 000 à 22 000 en Haute-Marne.

Un niveau de vie relativement plus élevé pour l’agriculture

Le Grand Est est la région de province dans laquelle les ménages agricoles ont le revenu médian le plus élevé. Cette situation s’explique par le poids de la viticulture et celui des exploitations de grandes cultures, et également par des revenus extra-agricoles conséquents. Cependant, les ménages agricoles sont plus souvent en situation de pauvreté monétaire que les autres ménages actifs. Tous revenus confondus, entre 2015 et 2019, les ménages agricoles du Grand Est ont vécu avec au moins 4 070 euros par mois. Ce niveau de vie médian régional est le plus élevé, devant celui des Hauts-de-France. Son montant dépasse de 27% la moyenne des autres ménages agricoles de province et de 20% celui de l’ensemble des ménages actifs non agricoles.

Les céréales et les grandes cultures fortement rémunératrices

Ce niveau soutenu s’explique également par des spécialisations agricoles fortement rémunératrices, principalement dans les céréales et les grandes cultures, un secteur qui occupent 32% des exploitations de non-salariés dans le Grand Est contre 20% en moyenne métropolitaine. La région se distingue également par une surreprésentation des viticulteurs (+14%) et des céréaliers (+12%). Les éleveurs bovins sont moins nombreux (-18%) qu’au niveau national.

Les exploitations céréalières permettent aux chefs d’exploitations, comme aux autres membres de la famille de se consacrer davantage à des travaux annexes. Dans ces cas, les ménages ont le plus souvent des revenus du patrimoine plus élevés.

Des revenus supérieurs dans le Bas-Rhin, l’Aube et la Marne

Les revenus médians viticoles des exploitations du Grand Est dépassent de 32% ceux de leurs homologues de province. Ceux des grandes cultures sont de 15% supérieurs et ceux de l’élevage bovins supérieurs de 9%. Malgré un niveau de vie élevé, il existe de fortes inégalités entre les ménages agricoles. Entre 2015 et 2019, 14% des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté, soit 9 points de moins qu’en moyenne de province.

Cette situation de pauvreté touche plus fortement les territoires d’élevage dans les départements du centre et du nord-ouest du Grand Est, ou encore dans les espaces éloignés des principaux pôles d’emploi. Les orientations agricoles les plus rémunératrices sont très fortement présentes dans le Bas-Rhin, l’Aube et la Marne.