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Economiser et investir pour l’avenir, l’équilibre casse-tête expliqué par Thomas Cazenave

Budget. L’économie, cela s’organise. Les économies, il faut les faire. La fin du « Quoi qu’il en coûte » s’invite dans le budget 2024 de l’Etat. Contre le pessimisme ambiant, le Ministre délégué chargé des comptes publics prône le modèle français volontariste : moins de dette et plus d’investissements d’avenir.

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Photo de Thomas Cazenave
Thomas Cazenave : « La fin des compétences croisées, une source d’économie comme une autre. » (Crédit : GD)

« Je suis le Ministre qui passe son temps à dire non aux autres Ministres ». Cet humour de Thomas Cazenave, Ministre délégué chargé des comptes publics, chercherait-il à dessiner le visage du bonheur de Jacques Prévert ou tout au moins à justifier qu’il puisse dire : « Non avec la tête, mais oui avec le cœur ». En ces temps d’austérité, un mot qu’il n’apprécie guère, Thomas Cazenave est bien chargé de faire des économies, au sens grec du terme dans l’organisation, comme au sens second, agir avec parcimonie et ici face à la dette de l’Etat.

Il sortait du Conseil des Ministres, avant d’inaugurer à Châlons-en-Champagne les nouveaux locaux de la DGFIP, la Direction Générale des Finances Publiques, nouvellement installée dans l’ancienne caserne Chanzy, locaux dédiés au centre de contacts des usagers professionnels. Devant un parterre d’une cinquantaine d’élus et de professionnels locaux, il s’est exprimé, un peu moins de deux heures durant sur le projet de budget 2024 de l’Etat.

Dans un exercice parfaitement rodé, quasi-répétition de la présentation nationale du Projet de Loi de Finances à la presse parisienne, la semaine précédente, Thomas Cazenave a réaffirmé les priorités du Gouvernement, inscrites dans « le budget le plus lourd et le plus vert de l’histoire de la Ve République » : lutte contre l’inflation, réduction du déficit public et investissements d’avenir, notamment dans l’éducation et la transition écologique.

Fin des aides exceptionnelles et baisse des impôts

Mise en garde en filigrane, pour ceux qui imaginent l’Etat tournant le dos au « Quoi qu’il en coûte », même si l’exercice est difficile, passant de la prodigalité à l’harpagonnerie : on retire les dispositifs exceptionnels (14 Md€ d’économie), on lutte contre la fraude, on durcit le ton, mais on allège les impôts des particuliers et des entreprises et on investit dans les services publics. Bref, on scrute toutes les économies possibles sans tomber dans l’austérité. On, c’est-à-dire tout le monde, de l’Etat aux collectivités territoriales. « Nous nous engageons vers un retour à la normale, mais, précise le Ministre, sans brutalité ».

Face à la crise du logement, on ne choisit pas budgétairement entre la construction et la rénovation. L’Etat vise une autre cible : la libéralisation des plus-values foncières au profit des projets immobiliers. Face à la transition écologique, le Ministre évoque des budgets colossaux : « Il s’agit de la boussole commune à toutes nos politiques ». Face aux économies de fonctionnement, partout sur le territoire : « Il ne faut pas opposer l’Etat aux collectivités territoriales, même si parfois nous devons dire non. Il nous faut travailler ensemble ».

En misant sur plus de croissance et moins d’inflation

Réaliste cependant, Thomas Cazenave n’oublie pas les vents contraires : la croissance et l’inflation ne se commandent pas. Quand une question de la salle l’interpelle sur le prix des carburants, le Ministre lâche :

« Nous sommes dépendants. Nous payons le prix de la guerre et celui des dérèglements géopolitiques. Quant au nucléaire, c’est notre gros problème avec l’Allemagne ».

Alors, les poches pleines de l’Etat avec la hausse des énergies ? « Cette situation a coûté 40 Md€ à l’Etat en 2022 ». Et ce final qui pourrait faire grincer des dents : « Il faut ralentir les dépenses de santé. Il ne s’agit pas d’un gros mot ». Le bruxisme risque-t-il de ne plus être remboursé par la Sécurité Sociale ?