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Des emprunts en hausse pour maintenir le niveau élevé des investissements du Grand Est

Région. Le financement des investissements de la Région repose sur l’autofinancement, les subventions et l’emprunt. La baisse des deux premières sources impose au Grand Est des nouveaux emprunts et donc un grossissement de la dette.

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Investissement Grand Est
"Malgré une hausse prévisionnelle de 5%, la dette par habitant du Grand Est figure dans la moyenne nationale" (Crédits : GD)

Un mois entre l’information sur les orientations budgétaires (13 novembre) et le futur vote du budget primitif (18 décembre), c’est bien peu de temps pour faire bouger les lignes des finances régionales, d’autant que cette fois-ci, plus que jamais compte tenu des incertitudes nationales, la Région à la main sur ses dépenses bien plus que sur ses recettes (un trou d’au moins 5 Md€ pour les recettes nationales de TVA annoncé pour 2025).

Si gouverner c’est prévoir, la dernière séance plénière du Grand Est informe les élus : incertitude confirmée sur les recettes et baisse obligatoire des dépenses. De plus, l’investissement devenu pilier de la politique régionale, la baisse va concerner le fonctionnement. En ouverture des débats, quand d’autres régions ont repoussé l’examen de leurs orientations budgétaires, le Président Franck Leroy s’explique sur le maintien des échéances : « Nous avons respecté notre calendrier pour ne pas décaler les investissements prévus » et s’attarde sur les investissements : « Nous investissons 327 euros par an et par habitant, nous sommes ainsi la première région de France, 48% au-dessus de la moyenne nationale, avec une progression de 191% depuis 2016 ». C’est dire qu’à ce niveau, la Région Grand Est vient de loin.

Préserver les compétences propres

Il a beaucoup été question des coupes budgétaires lors de cette avant-dernière session plénière de l’année, et plus précisément des coupes qui visent les compétences que le Grand Est partage avec d’autres collectivités : sport, culture, tourisme, numérique, langues régionales ou encore éducation populaire, pour ne citer que les secteurs les plus évidents. Ajoutez à ce tableau la contribution des collectivités au redressement des finances nationales figurant dans le projet de loi de finances 2026, contribution incluant la part de la Région Grand Est à hauteur de 85 M€, comme en 2025. Encore loin du port de l’angoisse, le bateau Grand Est, armé de sa boussole des bons ratios comptables, se déleste des dépenses « accessoires » de fonctionnement pour accoster aux rives bienfaitrices de l’investissement. L’emprunt et la dette étant des carburants encore fréquentables, dans les eaux troubles de l’effet ciseaux, moins de recettes et plus de dépenses.

Accroissement du budget mobilités

Pour l’essentiel, les orientations 2026 proposées annoncent un budget de 4,1 Md€, quasi équivalent à celui de 2025. D’infimes variations existent cependant par grandes priorités entre ces orientations et le budget primitif 2025. Les dépenses projetées sont de 1 630 M€ (+3%) pour les mobilités, de 1 030 M€ (-2,5%) pour la jeunesse, l’emploi et la formation, de 590 M€ (+2,6%) pour les ressources et moyens, ces trois postes pesant près de 80% du total des dépenses de fonctionnement. Viennent compléter ces orientations les 530 M€ pour l’attractivité et les 350 M€ pour la transition, les territoires et les ruralités.

Les investissements prévus en 2026 restent à un niveau élevé de 1,6 M€, comparable à celui du budget primitif 2025. Ils concernent principalement les mobilités (490 M€), la jeunesse, l’emploi et la formation (300 M€), les ressources et moyens (250 M€), ainsi que la transition, les territoires et les ruralités (240 M€).

Un investissement qui fait gonfler la dette

Les sources d’investissement, autofinancement, dotations et subventions, emprunts, pèsent chacune un tiers en moyenne nationale. L’emprunt est la variable d’ajustement pour maintenir le niveau d’investissement souhaité. Dans cette séance plénière des orientations budgétaires, il a surtout été question, dans les rangs de l’opposition, d’emprunts nouveaux et de niveau de la dette. Si les subventions et dotations viennent de l’Etat et des fonds européens, l’autofinancement, différence entre les recettes et les dépenses de fonctionnement, peut être piloté par la Région en agissant sur l’évolution des dépenses. Dans ces orientations 2026, la Région annonce une baisse de 6,6% de l’autofinancement et un taux d’épargne brut qui passerait de près de 17% à 13%.

C’est donc des nouveaux emprunts qui vont permettre d’investir à un haut niveau, avec 50 M€ supplémentaires s’ajoutant aux 79 M€ de la décision modificative n°2. Au final, la dette gonfle, tout en restant cependant dans la moyenne nationale : 2 715 M€ en 2023, 2 765 M€ en 2024 et un prévisionnel de 2 915 M€ en 2016, soit une hausse de 7,4% en trois ans. La capacité de désendettement, en baisse depuis trois ans, n’est plus très loin des 6 ans. Rendez-vous le 18 décembre pour le vote du budget primitif 2026.