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Budget 2024 : Des ajustements budgétaires révélateurs d’une situation fragile pour le département de l’Aisne

Budget. Face à des contraintes budgétaires de plus en plus pressantes, le Département de l’Aisne ajuste son budget et ses politiques lors de la première décision modificative de 2024 et alerte d’ores et déjà sur les difficultés à venir en 2025.

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Photo de la mise en place d'un budget
(Crédit : Freepik)

Les élus du conseil départemental de l’Aisne départementaux se sont réunis le lundi 14 octobre pour délibérer sur la première décision modificative (DM1) du budget 2024.

Ce réajustement porte sur un budget total de 5 957 438 €, incluant :

  • une réduction des dépenses d’investissement de plus de 1,2 M€ ;
  • une augmentation des recettes de fonctionnement (+5,5 M€) et d’investissement (+391 000 €) permettant de compenser une hausse des dépenses de fonctionnement de plus de 7,1 M€.

Ces modifications visent à affiner un budget 2024 déjà optimisé, avec un objectif d’atterrissage proche de zéro à la fin de l’année, signifiant l’absence d’excédent à reporter pour 2025.

Le président du Conseil départemental, Nicolas Fricoteaux, a tenu à rappeler l’état préoccupant des finances du Département et les sombres perspectives pour 2025.

En effet, l’absence d’excédents, qui s’élevaient à 15,5 M€ en 2024, compliquera la situation en 2025. Les mesures de redressement des comptes publics imposées par l’État, telles que le gel de la dynamique de la TVA, renforceront l’effet ciseau déjà observé en 2023 et 2024. Face à ces restrictions, le Département anticipe une restructuration majeure de ses engagements.

« Pour 2024, nous avons réussi à préserver presque tous nos partenariats. Cela ne sera pas le cas en 2025, et il est important de le dire clairement. Nous devons dès à présent anticiper, prévenir, et nous adapter, tout comme nos partenaires devront le faire », a précisé le président.

Adaptation des politiques pour optimiser les dépenses et la qualité des services

Pour relever ces défis, la majorité départementale a choisi une approche responsable. Cela passe par un recentrage sur les compétences clés, notamment dans les secteurs de l’éducation (collèges) et des Affaires sociales (enfance et famille, personnes âgées, handicap, insertion et emploi). Des décisions difficiles seront nécessaires, comme la réduction ou le gel de nombreux partenariats et financements, dont les aides aux missions locales et les subventions pour les voyages scolaires en primaire.

Le partenariat avec les communes, essentiel pour le développement territorial, devra également être réexaminé, en particulier le dispositif Aisne Partenariat Investissement (API), qui verra son budget réduit.

Des efforts sont aussi prévus pour réformer la prise en charge de la dépendance, un enjeu majeur pour l’avenir. Les élus ont ainsi adopté le nouveau schéma de l’autonomie 2024-2028, comprenant plusieurs mesures importantes : l’internalisation des CLIC pour plus de visibilité et d’efficacité, la fusion des soins et de la dépendance dans les EHPAD pour une meilleure gouvernance, ainsi que la libre tarification des services d’aide à domicile afin de garantir une équité de traitement.

En ce qui concerne la voirie départementale, le plan de viabilité hivernale, qui assure l’entretien des routes en cas de neige et de verglas, sera également réformé. Le principal changement consistera à réduire le nombre de circuits traités, passant de 50 à 41. Certains circuits, jusqu’ici confiés à des entreprises privées, seront internalisés. Ce nouveau projet vise à ajuster les niveaux de traitement en fonction des conditions météorologiques, à réduire l’impact environnemental du déneigement, et à optimiser les ressources allouées, tout en maintenant un service de qualité pour les habitants de l’Aisne.

Au-delà de ces mesures, le président Nicolas Fricoteaux a conclu en soulignant la gravité de l’année à venir : « Plus que l’équilibre budgétaire, c’est l’avenir même des Départements et leur capacité à agir au quotidien, en solidarité avec les familles et les territoires, qui est en jeu. »

La majorité départementale, par la voix de son président, continuera à plaider pour un dialogue constructif avec le gouvernement afin de réformer en profondeur le modèle social français et son financement, afin que le rôle des Départements restent garants de la solidarité sur tout le territoire.