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Bruno Le Maire salue une CCI Marne Ardennes « modèle »

Développement économique. La CCI Marne-en-Champagne organisait sa traditionnelle Assemblée générale lors de la Foire de Châlons. Une AG exceptionnelle à plus d’un titre puisqu’elle abordait la feuille de route stratégique de la nouvelle CCI Marne Ardennes ; qu’elle signait le départ en retraite de son Directeur général Philippe Wittwer et qu’elle voyait sa conclusion effectuée par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.

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Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie et des Finances et François Gomariz, Président de la CCI Marne Ardennes, lors de l’Assemblée générale de rentrée.

Le président de la CCI Marne-en-Champagne, François Gomariz, le soulignait lors de son allocution, cette assemblée générale de rentrée était « extraordinaire ». « Notre Assemblée générale a lieu sur la Foire de Châlons, dans laquelle nous sommes engagés à plus d’un titre », indiquait-il. « C’est ici même que nous avons lancé il y a un an le rapprochement entre les CCI de la Marne et celle des Ardennes. Ce chantier, nous l’avons mené avec énergie et enthousiasme, avec comme ligne directrice « plus et mieux de CCI » pour nos entreprises et notre territoire. Nous sommes fiers d’avoir créé une nouvelle CCI dotée d’un projet puissant avec une autonomie financière renforcée. »

La CCI Marne Ardennes a été officiellement créée le 23 mai 2023 par un décret paru au Journal Officiel et deviendra effective après les élections de rigueur, qui se dérouleront selon le calendrier suivant : une campagne électorale du 3 novembre au 5 décembre, le vote entre le 23 novembre et le 6 décembre, la proclamation des résultats le 11 décembre au plus tard pour une installation avant la fin de l’année 2023.

Avec comme objectif d’être « plus forte et influente », les élus tout autant que les collaborateurs des deux départements ont ainsi, depuis 6 mois, entamé une nouvelle manière de travailler ensemble, en multipliant les séminaires et collaborations.

« Prendre en exemple les territoires »

Six leviers stratégiques ont été mis en place pour rendre le projet cohérent : accompagner de façon prioritaire les entrepreneurs dans les grandes mutations de demain telles que : la transition écologique avec le soutien des filières d’avenir ; développer des coopérations fortes notamment à l’échelle des grandes régions et des régions transfrontalières (la question de l’apprentissage des jeunes vers la Belgique et le Luxembourg a par exemple été abordée) ; former et accompagner vers l’emploi en mettant en place des événements innovants ; accompagner l’entrepreneuriat au quotidien (Journée des Réseaux, Grand Pitch) ; agir pour les territoires en soutenant la filière logistique et en prenant part aux solutions de mobilité, et enfin, créer des alliances locales en accompagnant les collectivités et en développant des conventions avec les territoires.

Après de brèves délibérations concernant la vente de terrains ou la participation à l’actionnariat de la SEMCHA et de la Société Champenoise d’Énergie, François Gomariz a adressé au ministre de l’Économie qui est venu exceptionnellement clôturer l’Assemblée générale, quelques mots :

« Notre CCI développe des offres de service et des investissements dans de nombreux domaines d’activités : la formation, le foncier et l’immobilier d’entreprise, les infrastructures, l’événementiel… Nous avons développé des modèles pérennes et rentables. En ce domaine nous avons surtout besoin que vous poursuiviez les assouplissements institués dans la loi PACTE à destination des entreprises afin de nous donner plus d’agilité. »

Une « agilité » saluée par Bruno Le Maire : « Vous êtes un modèle », n’a-t-il pas hésité à souligner.« Ce que vous faites au sein des CCI est ce qu’il faut faire dans toutes les CCI. C’est d’ailleurs le modèle qui doit être décliné dans toute l’administration : la capacité à faire mieux avec moins d’argent, je tire mon chapeau ! » a loué celui qui tient les cordons de la bourse du Pays.

« Cela demande du courage, de l’énergie et du renoncement. Je ne connais pas l’hôtel particulier dans lequel était auparavant installée la CCI de Reims, mais cela n’est pas évident de se séparer d’un actif prestigieux », indiquait le locataire de Bercy.

« Moi qui plaide pour la vente de tous les ministères installés dans des palais de la République pour s’installer dans des endroits plus fonctionnels et moins prestigieux, il faut prendre en exemple ce qui est fait dans les territoires », a-t-il insisté, proposant à l’équipe dirigeante de la CCI de participer aux Assises de la simplification, organisées par Olivia Grégoire, Ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie et des Finances, chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce et de l’Artisanat.

La suppression de la CVAE en question

Bruno Le Maire a profité de son passage devant les entrepreneurs pour délivrer quelques messages : « Nous sommes un pays qui se réindustrialise. Pour un pays qui, ces trente dernières années, a connu la vague de délocalisation la plus forte des pays de l’OCDE, c’est un changement historique. Nous sommes devenus aujourd’hui, le pays le plus attractif de l’investissement étranger en Europe », a-t-il assuré devant les entrepreneurs marnais et ardennais.

« Néanmoins, il reste encore du chemin à parcourir pour atteindre le plein emploi et passer de 7 à 5 % de taux de chômage. On n’y arrivera que si l’entrepreneur, les salariés et les pouvoirs publics trouvent les bonnes solutions. » Et de jeter un pavé dans la mare : « La question de l’immigration par exemple. Faire appel à plus d’immigration ou mieux former les compatriotes ? Moi je suis clair, c’est mieux former les compatriotes. Ces sont des choix fondamentaux à faire », a tranché le ministre. Bruno Le Maire a aussi répondu aux inquiétudes concernant la suppression de la CVAE, cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises.

« On va poursuivre le cap de la baisse les impôts des entreprises. » Cet impôt de production instauré au profit des collectivités territoriales, était prévu pour être supprimé sur deux ans, en 2023 et en 2024 mais est finalement reporté en 2027, après une annonce faite par le ministre au mois d’août.

La suppression de cet impôt de production, créé en 2010, vise à accroître la compétitivité des entreprises, notamment industrielles. Son report a été considéré comme « un très mauvais signal », de la part du Medef. « Si on baisse les impôts à un rythme un peu plus long, le cap sera tenu. Il ne faut pas que vous perdiez d’argent avec la disparition de la CVAE », a répondu le ministre, cette taxe faisant en outre partie des ressources fiscales des CCI. « Elle doit être compensée. J’ai fixé un niveau de ressources pour les CCI, vous faites déjà un effort financier important, il ne s’agit pas d’aller au-delà de cet effort. »

Des négociations commerciales plusieurs fois par an ?

Répondant à quelques questions du public, Bruno Le Maire a insisté sur les investissements nécessaires dans la décarbonation pour les entreprises et a également rappelé son attachement au « modèle agricole français ».

« La distribution avait besoin que l’on revienne plus rapidement à la table des négociations, car ceux qui ont réussi à avoir des marges élevées ce sont les industriels. On va ouvrir une réflexion sur le fait que les négociations commerciales n’ont lieu qu’une fois dans l’année. Nous sommes le seul pays en Europe où c’est le cas. Alors c’est bien quand l’inflation est stable, mais quand les prix n’arrêtent pas de bouger c’est beaucoup trop rigide pour préserver le revenu des producteurs mais aussi permettre aux distributeurs de baisser les prix. »

Idem pour le soutien à l’accélération d’implantation d’entreprise, Bruno Le Maire a assuré « avec la loi Industrie Verte, essayer de passer à neuf mois dans les délais d’installation, c’est décisif ». Une écoute appréciée du public présent en assemblée générale qui attend maintenant des applications concrètes.