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Nicole Belloubet annonce, à Reims, 150 postes supplémentaires dédiés à la lutte contre le harcèlement scolaire

Education. Pour son premier déplacement en tant que ministre de l’Éducation Nationale, Nicole Belloubet a choisi Reims et le collège Robert Schuman pour parler de harcèlement scolaire.

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  • Photo de Nicole Belloubet
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  • Photo de Nicole Belloubet au collège Robert Schuman
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  • Photo de Nicole Belloubet à Reims
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Après avoir pris la suite de la très polémique Amélie Oudéa Castera, Nicole Belloubet, nouvelle ministre de l’Éducation nationale a choisi Reims pour son premier déplacement après sa nomination. Et c’est au collège Robert Schuman qu’elle est venue parler de harcèlement scolaire, l’occasion de restituer les résultats de la 1ère enquête nationale dédiée à ce fléau, qui démontre que le phénomène touche en moyenne plus d’un élève par classe. « J’ai souhaité traiter du harcèlement scolaire lors de ma première visite, car pour bien apprendre, arriver à maitriser ses connaissances, il faut vivre dans un espace où la sérénité règne et où il n’y a pas de violence. Un élève ne doit pas venir la peur au ventre mais au contraire, le sourire aux lèvres. » À l’école élémentaire, 11,7% des enfants sont victimes de harcèlement, ils sont 10% au collège.

Au cours d’un échange avec les professeurs puis avec les élèves, elle a pu récolter la parole d’élèves de 6e et de 3e. Ces derniers ont été amenés à réfléchir sur ce qui poussait des enfants et des adolescents à en harceler d’autres : « le physique », « la différence », le « handicap » arrivaient en tête. L’enquête nationale a d’ailleurs identifié que 19% des jeunes sont « à risque » dans le fait de se faire harceler. L’enjeu a été d’expliquer que souvent, les harceleurs se cachent derrière l’humour pour expliquer leurs actes. « Si cela fait mal, si vous êtes vexés ou blessés, ce n’est pas un jeu », soulignait Cédric Lucas, le Conseiller principal d’éducation du collège.

Ce dernier fait partie de l’équipe de huit personnes qui a été montée au sein de l’établissement afin de servir de référent auprès des élèves qui subissent des actes de harcèlement. « Devant chacune de nos portes, un logo est apposé vous permettant de nous identifier », a-t-il précisé. Les CPE, l’infirmière scolaire, le psychologue scolaire ainsi que cinq enseignantes font partie de cette équipe, qui a été formée en amont pour répondre aux problématiques du harcèlement.

Échange et annonces

L’échange s’est poursuivi avec des élèves de troisième, nommés ambassadeurs et également disponibles pour parler avec leurs camarades. Sorte de relais auprès des adultes, ils sont « une première porte d’entrée » pour nouer le dialogue et ne pas rester dans l’isolement.

« Les conséquences du harcèlement scolaires sont dévastatrices, elles vont de l’isolement, aux troubles alimentaires, en passant par l’addiction et peut conduire, dans le pire des cas, jusqu’au suicide », a rappelé le conseiller principal d’éducation. Ces ambassadeurs tiennent une permanence un jour par semaine pendant la récréation. C’est ce type de premières actions du plan interministériel contre le harcèlement qu’est venue constater Nicole Belloubet, qui fut auparavant, Garde des Sceaux (2017-2020).

Mais ce sont également de nouvelles mesures que la désormais ministre de l’Éducation nationale est venue annoncer. « Un plan a déjà été mis en place, il est déjà largement appliqué, mais je souhaite ajouter deux choses : d’une part, nous souhaitons renforcer la mise en place de ce plan avec la création d’un baromètre annuel sur le harcèlement. Sur la base de celui-ci, les endroits où l’on repérera des situations tendues, nous pourrons approfondir les enquêtes pour donner à l’ensemble des personnes impliquées, les moyens d’agir plus précocement. D’autre part, il faut que nous puissions accompagner les équipes qui se sont déjà formées à agir sur le terrain et c’est la raison pour laquelle nous créons 150 emplois, à temps plein, sur ce sujet, 30 dans les Académies et 120 dans les Départements. »

Dans la continuité de… Gabriel Attal

Ceux qui sont le plus impliqués dans la lutte contre le harcèlement, les professeurs, les CPE, les infirmiers et les assistants sociaux, recevront en outre une prime de 1 250 euros. Concernant les leviers dont dispose le gouvernement sur les réseaux sociaux et l’usage des téléphones portables dans l’enceinte de l’établissement, ce qui accélère le phénomène de harcèlement, et qui le poursuit, en ligne, « un texte de loi a été adopté par les deux Chambres sur des sanctions importantes qui viseront à rompre la présence d’un élève sur le réseau social ».

Lors de son court passage à l’Éducation nationale, Gabriel Attal avait annoncé une série de mesures sur le harcèlement dont celle « de changer d’établissements les élèves harceleurs ». 30 millions d’euros ont déjà été affectés fin 2023 à la création de brigades anti-harcèlement au sein des académies. Nicole Belloubet affirme ainsi s’inscrire dans la continuité de son prédécesseur. « J’ai pour l’école l’ambition de l’existence de règles, le respect de ces règles et le respect des enseignants. Le constat de résultats insuffisants de nos élèves, révélés par les études Pisa, est indéniable et nous ne pouvons pas rester dans cette situation-là, nous devons donc tout faire pour aider les élèves et accompagner les enseignants pour obtenir des résultats scolaires meilleurs. »

Concernant sa position sur le port de l’uniforme pour lequel elle n’était pas forcément enthousiaste, Nicole Belloubet confie : « Si c’est un moyen d’éviter les discriminations, il faut tenter. Une expérimentation est en cours, elle sera évaluée, on verra ce que cela donnera. » Une visite au pas de course mais qui aura permis de poser les premiers jalons de sa politique, en continuité avec ceux posés pendant quatre mois par celui qui est aujourd’hui Premier ministre.