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Jean-Marc Roze élu Président du Département de la Marne

Département. Plus aisément élu (32 voix sur 46) que certains observateurs le prédisaient, Jean-Marc Roze entame un mandat d’un peu plus de quatre ans à la Présidence du Conseil départemental de la Marne, avec un double engagement : maintenir un partenariat soutenu avec tous les cantons et renforcer les délégations des élus.

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Photo de Jean-Marc Roze
Jean-Marc Roze, nouveau Président du Conseil départemental de la Marne. (Crédit : GD)

Jean-Marc Roze, 1er Vice-président, succède à Christian Bruyen à la présidence du Conseil départemental de la Marne, face à Julien Valentin, 5e Vice-président. Dans une assemblée territoriale largement dominée par la droite et le centre, 42 élus contre 4 pour la gauche, pas de bouleversement possible mais quelques subtilités électorales cependant, lesquelles issues d’un affrontement de campagne, en tout bien tout honneur, entre deux candidats de la majorité.

Le choix de l’expérience politique

Pour Jean-Marc Roze, c’est l’expérience politique qui s’impose : 40 ans de mandats, élu et réélu à la Mairie de Reims dès 1983, dans la majorité de Jean Falala, en 2008, dans l’opposition à Adeline Hazan, puis en 2014, Adjoint aux côtés d’Arnaud Robinet. Pour lui, ancien conseiller de la Banque de France, une spécificité dans la finance et la construction budgétaire qu’il exerce à Reims, dans le Grand Reims et au Département, un atout dans les aléas actuels et à venir des finances départementales et qui lui fait dire, une fois élu : « Je persiste à dire que les deux ou trois années à venir vont être budgétairement difficiles pour la Marne qui ne dispose pas, contrairement aux communes, par exemple, d’autonomie financière. J’ajoute que nous allons perdre 30% de nos recettes liées à la taxe sur les transactions immobilières à titre onéreux. »

Contre Jean-Marc Roze, une constance depuis des décennies, pas de Président du Conseil, général ou départemental, depuis 81 ans, avec le fameux slogan en sourdine : « Dans la Marne, tout sauf Reims. » Un état de fait que l’intéressé regrette : « Le R de Roze associé au R de Reims était vraiment agaçant durant la campagne électorale. Ce n’était pas très élégant, parce qu’il me semble que l’on doit regarder les gens pour ce qu’ils sont plus que par d’où ils viennent. Je suis né à Reims, mais j’habite depuis 35 ans à Merfy. Je suis quelqu’un de profondément juste. J’ai toujours pris des décisions pour le département et parfois au désavantage de Reims. »

Le score plus surprenant que l’issue

Pour son adversaire, Julien Valentin, sa jeunesse, 44 ans, sa ruralité évidente, Maire de Dampierre-sur-Moivre, commune de 116 habitants, et Président de la Communauté de la Moivre à la Coole. Et, vraisemblablement certaines promesses de campagne électorale, rapportées par le candidat : « Certains vous disent qu’ils vont voter pour vous et puis après c’est le verdict des urnes. »

Au final, c’est le score qui a surpris les deux candidats : 32 voix pour le Merfien et 14 voix pour le Dampierrot, un score au premier tour à près de 70% pour le vainqueur auquel ne s’attendaient ni les observateurs, ni les candidats. Pour Jean-Marc Roze : « Nous pensions, avec Julien Valentin, que le vote serait serré. D’où ma surprise d’être un élu avec un score assez net. » Pour Julien Valentin : « C’est l’écart de voix qui me surprend plus que le résultat. »

Un président départementaliste

Face à ce score large, Jean-Marc Roze mesure la portée du scrutin et insiste sur son engagement : « Ma présidence ne sera pas rémoise, elle sera départementaliste ».

Quant à l’avenir de cette gouvernance, le nouveau Président s’inscrit dans la continuité avec une première variante : « Je veux m’inscrire dans la continuité de Christian Bruyen. Il a redonné une véritable identité au Département. Cependant, je souhaite recenser les besoins par priorité de chaque canton. » Et pour y parvenir, dès sa première intervention de Président, Jean-Marc Roze fait appel à toute l’assemblée départementale : « Je souhaite pouvoir toujours améliorer et simplifier le quotidien des Marnais en difficulté. Je souhaite, après vous avoir consultés, recenser finement les besoins de nos cantons … Mettre en place une politique adaptée, avec de véritables délégations de compétences, en donnant toute leur place aux conseillers et Vice-présidents. »

Poursuivre le partenariat avec les cantons

L’avenir étant plus que jamais aux économies, se pose la possibilité d’un retour pur et dur aux compétences du Conseil départemental : la solidarité, les collèges et les routes départementales. Ce n’est pas, pour l’instant, le point de vue du nouveau Président : « Ce n’est pas de notre compétence, mais nous maintiendrons au maximum nos partenariats avec les communes en matière d’investissement. »

À la question : l’opposition a-t-elle voté pour vous, la réponse du Président est : « Il semblerait que oui ». Conséquence directe ou pas se pose la question symbolique de la présidence de la Commission des Finances, attribuée dans d’autres assemblées à l’opposition et aujourd’hui occupée par Jean-Pierre Fortuné au Conseil départemental, membre de la majorité. Avec cette réponse de Jean-Marc Roze : « Ce serait logique. Mais, je vous rappelle que ce sont les membres de la Commission qui doivent élire leur Président ».

Quatre ans pour faire ses preuves

Jusqu’à mars 2028, Jean-Marc Roze aura quatre ans et quatre mois pour faire ses preuves ? Au total : gérer un budget de 600 M€ contraint à 93% par l’Etat et jongler avec les 7% restants, avec ou sans la tentation de prioriser, un jour ou l’autre, les seules dépenses inhérentes aux compétences du Département. Faire face à des réductions drastiques des ressources, notamment les 30 M€ de recettes en moins de 2023, conséquence de la baisse des DMTO, baisse qui pourrait bien perdurer. Sans oublier l’avenir de l’aéroport de Vatry, un trou d’air à plus de 300 M€, construction et fonctionnement depuis 23 ans compris à minima, avec ses fantômes chinois et ses désillusions métropolitaines.