Collectivités

Après la dissolution, les sortants repartent en campagne

Politique. La plupart des députés sortants ont rapidement annoncé leur volonté de poursuivre leur mandat et de se présenter à nouveau devant les électeurs de leur circonscription pour achever le mandat engagé en 2022. Mais avec quelle majorité cette fois ?

Lecture 7 min
Photo d'une personne mettant son vote dans une urne
(Crédit : Freepik)

Si elle a pris tout le monde de court, la dissolution express de l’Assemblée Nationale, prononcée par le Président de la république au soir des résultats des élections européennes le dimanche 9 juin, enclenche de facto une campagne électorale éclair d’une quinzaine de jours, d’ici au premier tour de ces législatives anticipées, prévues le 30 juin prochain. Passée la stupéfaction, les députés sortants de tous bords se sont rapidement prononcés et la plupart d’entre eux ont annoncé leur candidature.

Un vote contestataire

« Ces résultats, que ce soit au niveau national ou dans les Ardennes, je les pressentais », réagit de son côté Pierre Cordier, député LR de la 2e circonscription des Ardennes. « Dans les permanences, les assemblées générales, les remises de prix ou les inaugurations, les gens me font part régulièrement de leur ras-le bol. Les habitant des Ardennes ne sont ni fascistes, ni racistes ni extrémistes, ils en ont juste assez qu’on se fiche d’eux et cela se traduit par un vote contestataire de haut niveau ». Pour l’élu de la Vallée de la Meuse, la dissolution est avant tout « un coup politique d’Emmanuel Macron ».

« C’est une démarche purement personnelle de sa part dans le cadre d’un coup politique que je condamne avec la plus grande force. Il se fiche bien de la France, il cherche seulement à avoir un système binaire avec lui contre le Rassemblement national », poursuit le député. Le 30 juin, Pierre Cordier sera donc candidat, toujours avec son étiquette LR, à un nouveau mandat de député dans sa circonscription ardennaise où il est élu depuis 2017. S’il compte jouer la carte de la fidélité à ses convictions pour continuer à convaincre ses électeurs, il ne s’avance pas dans la politique-fiction au niveau national. « Je ne sais pas dans quel état d’esprit seront nos compatriotes le 30 juin, donc je ne me risquerai pas à quelconque pronostic ».

Objectif trois députés

Jordan Guitton, député sortant RN de l’Aube compte surfer sur les résultats du 9 juin pour poursuivre sur cette lancée et être réélu au soir du 7 juillet : « On arrive en tête dans plus de 32 000 communes sur les 35 000 françaises, donc c’est à la fois un vote d’espoir et un vote de défiance envers la politique et l’Europe de Macron. Il y a un message qui a été envoyé et qui a tout de suite été assimilé comme une défaite par le Président de la République qui a dissout l’Assemblée. Tous les membres de la majorité nous avaient expliqué que ce n’était pas possible de confondre scrutin national avec élections européennes. Vu le message envoyé, le président était presque dans l’obligation démocratique de dissoudre. »

Au-delà de sa propre circonscription, Jordan Guitton voit bien le RN faire un Grand Chelem dans l’Aube. « On va essayer de gagner les trois circonscriptions. Mais on ne va pas s’enflammer et faire la campagne au fur et à mesure. Le seul mot d’ordre sera : allez voter. Il se passe quelque chose dans le pays, je le ressentais à l’Assemblée nationale, je le ressentais dans le monde économique et sur le territoire. C’est sérieux, c’est une page de l’histoire qui s’écrit. Les résultats des européennes sont historiques. »

Pas peur du combat électoral

Dans la deuxième circonscription marnaise, le sortant Xavier Albertini considère la dissolution comme une demi-surprise, puisqu’il l’attendait à l’automne, au moment de la discussion de la Loi de Finances à l’Assemblée. « Après les 17 recours à l’article 49-3, j’imaginais qu’il y aurait une motion de censure à cette période », souligne celui qui avait même prévu une réunion avec ses collaborateurs pour préparer et simuler cette éventualité lundi dernier… veille de la dissolution. Constatant « l’atomisation de l’électorat français », mais aussi « les alliances de circonstance entre LFI et le PS qui se tapaient dessus hier encore », le député rémois élu en 2022, sous la bannière Horizons emmenée par Edouard Philippe, en appelle aux électeurs, notamment dans sa circonscription où il est sans surprise candidat à sa succession. « Je n’ai pas peur d’aller au combat électoral. Je fais confiance aux électeurs et ferai tout pour mobiliser autour de tout ce travail entrepris sur les dossiers de l’aménagement du territoire, d’aide aux entreprises, d’accompagnement des collectivités, de la sécurité, de l’agriculture, de la viticulture… ».

L’abstention n’est pas une solution

De son côté, dans la troisième circonscription de la Marne, Eric Girardin, le député sortant issu de la majorité présidentielle est lui aussi candidat à sa succession. Et au-delà de sa volonté de poursuivre le travail engagé depuis sa première élection en 2017, Eric Girardin a passé un message clair en réaction aux résultats de Européennes, qui ont vu la liste RN emmenée par Jordan Bardella, arriver largement en tête du scrutin avec 31,37 % des voix. « Élu de terrain, je souhaite continuer mon action au service des habitants de la 3ème circonscription de la Marne, en poursuivant le travail de fond que je mène depuis 7 ans, aux côtés des élus locaux, des représentants associatifs, des chefs d’entreprises, du monde viticole comme agricole, de toutes celles et ceux qui ont poussé la porte de ma permanence parlementaire et plus globalement de tous les habitants de la circonscription et de tous les Français », a annoncé le député. « Dès aujourd’hui, j’appelle l’ensemble des électeurs qui partagent les valeurs humanistes et républicaines à se mobiliser le 30 juin et le 7 juillet prochain. L’abstention n’est pas une solution, elle est l’alliée objective de l’extrême droite ».