2 000 soldats formés et un train de matériel repartent pour l’Ukraine
Sécurité. 2 000 soldats ukrainiens sont formés depuis deux mois par les forces armées françaises dans un camp de Champagne. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, ainsi que celui de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sont venus renouveler le soutien de la France aux combattants.
Un exercice en conditions réelles vaut mieux qu’un long discours. Les balles à blanc claquent et sifflent sous les fumigènes lancés le long de 1 400 mètres de tranchées creusées par les soldats ukrainiens formés dans un camp de Champagne… Une mise en situation venant parachever 9 semaines de formation avant de retourner sur le front, au contact de balles bien réelles cette fois-ci et au cœur de l’hiver…
Voilà presque deux mois que 2 000 soldats ukrainiens, hommes et femmes, sont formés par les forces françaises engagées dans la Task Force « Champagne ». Une formation totalement inédite, avec l’appui de 1 500 militaires français. « C’est une mission grave, à l’impact stratégique, que tous les soldats ukrainiens et français mesurent jusqu’à l’appréhension tactique extrêmement concrète des dures conditions du combat. Car celles-ci mêlent à la fois la haute technologie et le savoir-faire que nos Grands Anciens ont connu à Verdun », souligne le Général François-Yves Le Roux, commandant de la Task Force Champagne depuis septembre.
Une référence à Verdun qui ne doit rien au hasard, les conditions de combat de la guerre en Ukraine s’apparentant à celles connues par l’armée française lors de la Première Guerre mondiale, à ceci près que sur le terrain, on y retrouve des équipements de pointe (drones, guerre électronique).
« C’est une mission profondément opérationnelle qui a été conçue et co-construite entre nos armées », précise le Général. Ces mises en situation, principalement axées sur des missions tactiques de défense, visent à enseigner aux combattants à maintenir leurs positions face aux assauts.
Car les soldats formés sont pour 90% d’entre eux des appelés et seulement 10% des soldats déjà formés, bien souvent des vétérans, avec une moyenne d’âge proche de 40 ans... « Il s’agit bien de former 2 000 hommes qui ont été récemment mobilisés et qui, pour l’instant en Ukraine, n’ont eu qu’un mois de formation générale initiale. Tout le reste après, nous revient aujourd’hui », précise pour sa part le Colonel Vancina. « 9 semaines, c’est très court mais on peut faire évidemment beaucoup de choses. Nous devons coller aux besoins du partenaire, défini initialement pendant l’été en liaison avec notre mission de défense. »
Don de matériel
« Cette mission est un partenariat entre deux armées d’emploi, qui par-delà les différences se sont retrouvées sur le fait de monter des opérations, définir des leadership en identifiant des cadres ainsi que sur l’esprit de combativité », estime ainsi le Général François-Régis Jaminet. « L’armée française est une armée très professionnelle qui dispose d’une doctrine extrêmement robuste. Et en face de nous, nous avions une brigade qui avait à la fois le professionnalisme des vétérans mais aussi un pragmatisme absolu sur la manière de conduire le combat. » La Task Force Champagne s’est appuyée « sur un modèle mixte assez original et singulier où on a un peu de France et un peu d’Ukraine. »
Néanmoins, c’est non seulement par de la formation mais surtout par le fait de fournir du matériel à l’armée ukrainienne que la France affiche son soutien. 128 anciens modèles de VAB (remplacés aujourd’hui pour l’armée française par les Griffon et Serval) seront donc donnés, 18 AMX 10 RCR, (remplacés dans l’armée de terre par des Jaguar) ainsi que 18 canons Caesar, toujours utilisés par l’armée française. « Nous avons formé les soldats à l’utilisation technique de ces matériels ainsi qu’aux savoir-faire fondamentaux de la reconnaissance blindée en cavalerie », précise le Colonel Vancina. « Pour nous, c’est une guerre de survivance, la guerre de notre existence », affirme le responsable de la brigade ukrainienne « Anne de Kyiv ».
« On s’approche de la fin de cette première tranche de formation de la brigade dite « Anne de Kyiv » avec également, dans les prochaines 48 heures, la livraison d’un premier train de matériel d’une centaine de véhicules avant blindés », fait savoir Sébastien Lecornu, Ministre des Armées. « C’est un point clé qui permet de marquer notre endurance dans le soutien à l’Ukraine car le retour d’expérience de l’année 2023, nous a permis de voir qu’à un moment donné, la diffusion des efforts avait aussi sa limite et que c’était la cohérence et la masse qui permettaient d’avoir un effet de levier important sur la ligne de front. Nous pouvons nous le permettre aussi parce que nous avons la loi de programmation militaire (413 Md€ pour la période 2024-2030, ndlr) qui nous permet aujourd’hui d’acheter beaucoup de matériels neufs et donc de sortir d’anciens matériels rénovés. »
Concernant la poursuite du soutien de la France, le Ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot l’affirme : « 1 000 jours après le début de cette guerre, la France et l’Europe soutiennent l’Ukraine comme depuis le premier jour avec constance, détermination et endurance. La Commission européenne a annoncé une nouvelle enveloppe de 300 millions d’euros qui va permettre de financer l’acquisition par des pays européens d’équipements et de munitions à destination de l’Ukraine dont 60 millions pour les missiles anti-aériens Mistral. » Des équipements qui viennent s’ajouter à la formation, au sein de l’Europe, de 60 000 soldats ukrainiens.