SGV : Les vignerons font face à leur avenir
Champagne. Lors de son assemblée générale dématérialisée, le Syndicat Général des Vignerons de la Champagne a assuré ses adhérents de sa volonté d’accompagner au mieux les vignerons “dans les changements majeurs de la Champagne”.
Après une année sous tension, une baisse d’expéditions sans précédent et une multitude de transformations en interne comme à l’extérieur, le Syndicat Général des Vignerons en appelle plus que jamais à l’unité de toute la filière. Laurent Panigai, le Directeur général du SGV, arrivé le 11 janvier dernier en provenance du CVC Nicolas Feuillatte, s’est montré à la fois optimiste et déterminé pour sa première assemblée générale dans ses nouvelles fonctions. Surtout à l’issue d’un exercice 2020 qui a soufflé le chaud et le froid sur les vignerons. Car si l’année 2020 avait plutôt bien commencé avec des expéditions à la hausse et la disparition du fantôme de la taxe Trump sur les vins effervescents français (qui menaçait le champagne dont le marché américain est le premier marché en valeur et le 2e en volume), les choses se sont gâtées au printemps. Le Covid et le premier confinement ayant mis un coup d’arrêt brutal à la commercialisation, la Champagne s’est ensuite enfoncée dans une crise larvée à l’approche des décisions interprofessionnelles liées aux rendements vendanges. à ce sujet, le Président Maxime Toubart rappelle les « propositions indécentes » en faveur d’un rendement « trop bas » de la part du Négoce quand le Vignoble voulait conserver des rendements couvrant a minima les expéditions en 2020. « Nous avons défendu pied à pied un niveau de rendement pour préserver l’équilibre économique de nos exploitations. Avec le recul, nous sommes convaincus d’avoir pris les bonnes décisions au sein du Comité Champagne », assume-t-il à l’attention des adhérents qui seraient toujours tentés de lui reprocher les 8 000 kg, assortis de 400 kg de déblocage.
Et pour 2021, si la reprise est à l’ordre du jour sur les marchés, il est encore trop tôt pour évoquer le niveau de rendement de la future vendange, insiste le Président, même si les négociations sont sur le point de débuter, pour une décision courant juillet. Dans cette perspective, il annonce d’ores et déjà être déterminé à défendre les mêmes objectifs qu’en 2020 : « Assurer un avenir et un équilibre collectif pour la filière Champagne, soutenir l’économie des entreprises, et en particulier celles du vignoble, et prendre en compte les attentes environnementales ».
Communication et unité
Le cap est fixé, d’autant que l’appellation doit composer avec des enjeux d’avenir : les démarches environnementales, en premier lieu. « Plus de 40% des surfaces bénéficient d’une reconnaissance environnementale ». Un bon chiffre mais qui nécessite « d’accélérer » puisque la loi prévoit que les exploitations non certifiées en 2030 ne pourront plus revendiquer l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). D’autant que les marchés tant convoités sont eux aussi de plus en plus attentifs à ces certifications.
Pour le SGV, l’avenir réside donc dans les démarches environnementales, dans l’évolution des méthodes de culture mais aussi dans la communication grand public. Dans la foulée des campagnes initiées il y a trois ans, et fort des résultats probants de celle-ci (19 millions de personnes touchées en digital) le Syndicat relance sa communication pour continuer à séduire la cible des 30-50 ans. La crise n’a pas altéré les facultés des vignerons à être solidaires, puisque 800 d’entre eux ont offert 5 000 bouteilles aux soignants en 2021. Elle n’a pas non plus découragé la filière de mener d’intenses campagnes de lobbying auprès du gouvernement ou de l’Europe, pour obtenir gain de cause sur des dossiers chauds tels que la réduction des charges employeurs (votée par le Sénat et l’Assemblée nationale contre avis du gouvernement) ou la mobilisation contre la déréglementation des plantations (la régulation a été obtenue jusqu’en 2045).
Des victoires qui doivent en appeler d’autres, à condition d’être unis, a soufflé Laurent Panigai, après avoir rappelé les enjeux qui se profilent : valoriser les métiers de vignerons, développer la commercialisation, pérenniser les exploitations ou encore « être une force respectée et puissante à côté du négoce ». « Le défi est de taille, mais nous avons envie de le réussir avec vous. Pour cela, parlons-nous, écoutons-nous, soutenons-nous et restons unis ».