Champagne / In Vino

Le SGV fixe ses nouvelles ambitions pour la filière champagne

Champagne. Suivi de la récolte 2021, expéditions et stratégie commerciale... le Syndicat Général des Vignerons de la Champagne se veut plus que jamais un accompagnateur de ses adhérents.

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Laurent Panigaï et Maxime Toubart partagent le même optimisme pour les années à venir. SGV

« Une demi-récolte avec une hétérogénéité très forte ». Voilà comment se résume le bilan des vendanges 2021, selon Laurent Panigaï. Pour le directeur général du Syndicat Général des Vignerons, avec un rendement moyen de l’ordre de 6 500 kg/ha, la Champagne enregistre un record à la baisse, inédit depuis 1987. La faute notamment à 30% de pertes de rendement enregistrées en 12 jours, la pluie ayant entériné la sensibilité exceptionnelle de la vigne au mildiou. « Ces hauts et ces bas, on ne les découvre pas, mais ils sont plus difficiles à supporter économiquement pour les exploitants ».

Au cours des dernières années, la Champagne a enregistré une baisse tendancielle de 3 000 kg en dix ans « liée à un vieillissement du vignoble et à un changement de pratiques », alors que, depuis les années 50, les exploitations enregistraient une évolution de rendement de 2 000 kg tous les dix ans. « Cette année, la nature a été la plus forte », souligne Laurent Panigaï, qui note « une année qui connaîtra plutôt une belle issue au final », avec des petites quantités mais des champagnes de bonne facture grâce à la réserve qualitative qui permettra un déblocage des vins des années précédentes et donc une continuité dans les assemblages.

La question des stocks

En matière commerciale, le président du SGV Maxime Toubart anticipe une année 2021 aux alentours de 305 millions de bouteilles pour l’ensemble de la filière. « Il n’y a pas d’euphorie mais on revient à des chiffres auxquels on était habitué. On repasse au-dessus des 300 millions de bouteilles et l’objectif c’est d’y rester », assure le président du SGV, qui enregistre 300,6 millions de cols expédiés entre octobre 2020 et septembre 2021.

Entre janvier et septembre 2021, les expéditions ont progressé de +40,4% par rapport à 2020 et de +8% par rapport à 2019. Avec une vraie question que se posent les professionnels en Champagne : le rebond des expéditions est-il destiné à remplir à nouveau les tuyaux ou répond-il à une consommation réelle ? Difficile d’y répondre dès-à-présent. « Mais le champagne expédié semble consommé », avance Laurent Panigaï. « Rendez-vous en janvier pour les chiffres définitifs », promet Maxime Toubart.

« La bonne nouvelle c’est que la Champagne se réinvente et a de l’ambition »

Face à cette reprise et à des rendements en berne, les stocks seront-ils suffisants pour absorber la demande des consommateurs ? Pour le président comme pour son directeur général, la question est un peu prématurée, la Champagne étant armée pour absorber durablement des exercices à plus de 300 millions de bouteilles. À tel point que le Syndicat Général des Vignerons lance même une opération d’envergure destinée à relancer la commercialisation de ses adhérents.

Potentiels de croissance

Car si l’on regarde dans le détail, les bouteilles vendues par le vignoble sont toujours en baisse, ce qui incite le SGV à concentrer ses efforts sur la commercialisation. « C’est de plus en plus compliqué de vendre de plus en plus loin, souligne le président. Un de nos objectifs c’est de relancer le commerce ». En effet, 26% des volumes mis sur le marché le sont par les vignerons et il est désormais acté que le marché français consomme moins d’une bouteille sur deux.

Pour accompagner ses adhérents dans la commercialisation, le SGV a mis en place un dispositif spécial baptisé Booster, qui fixe six objectifs : cibler, optimiser, financer, vendre, expédier et pérenniser. « Nous voulons continuer à garantir le partage de la valeur et permettre au champagne de gagner des terrains de jeu tout en étant plus professionnels », souligne le président.

Et les bonnes raisons pour Maxime Toubart de continuer à rester résolument optimiste sont là : ainsi, l’Amérique du Sud et l’Afrique du Sud mais aussi l’Europe du Nord et de l’Est affichent des potentiels de croissance intéressants. Au sein du vignoble aussi, les nouvelles sont bonnes : « On sent une appétence pour le champagne de vignerons et une montée en gamme des jeunes vignerons dans un vignoble de plus en plus décomplexé. La bonne nouvelle c’est que la Champagne se réinvente et a de l’ambition ».