Champagne / In Vino

La valeur des exportations porte la hausse du chiffre d’affaires du Champagne

Champagne. Avec un recul de 26,5 millions de bouteilles (-8,2%), les expéditions 2023 de Champagne progressent de 125 millions d’euros (+ 2%) à 6,4 Md€. L’exportation (57% des volumes), également en recul en volume, pèse 65% du chiffre d’affaires 2023 et 78% de la valeur de la progression. Elle gagne 2,4% en valeur. Le premier semestre 2024 accuse un recul des expéditions de plus de 15%.

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Photo d'une cave de Champagne
Avec 299 millions de bouteilles expédiées dans le monde (187,2 millions à l’exportation et 127 millions en France), le bilan 2023 du Champagne se solde pour un recul moyen d’un peu plus de 8%. (Crédit : BB)

En perdant plus de 8% de ses volumes expédiés, le champagne peut néanmoins s’enorgueillir de son bilan 2023 en termes de valeur : +2% dans le monde, +2,4% d’exportation et +1,2% sur le marché français. Avec 299 millions de bouteilles (26,5 de moins qu’en 2022) expédiées dans le monde, 187,2 millions à l’exportation (15,2 de moins qu’en 2022) et 127 millions en France (11,3 millions de moins), le bilan 2023 du Champagne se solde pour un recul moyen d’un peu plus de 8% pour chacun des trois segments : monde, France et exportation.

Alors que les volumes sont en baisse, le chiffre d’affaires global de la Champagne passe de 6,3 à 6,4 milliards d’euros, soit une progression aux alentours de 2%. Beaucoup moins de volume et un peu plus de valeur, un bilan qui recouvre bien des paramètres.

26 millions de bouteilles en moins et 125 M€ en plus

La baisse des expéditions de champagne s’inscrit dans un contexte de baisse de la consommation mondiale de l’ensemble des vins (-3%) et de leur exportation (-6%). Le recul des expéditions mondiales de vins effervescents (-4%) s’accompagne cependant d’une hausse de 1% en valeur. Le Comité Champagne expose les différentes raisons du recul des volumes en 2023. Les performances de l’année 2022 (325,5 millions de bouteilles) n’étaient pas tenables en termes d’approvisionnement. Ces performances s’expliquent par un surstockage conjoncturel de la part des opérateurs mondiaux. Après les années Covid et le rattrapage 2022, le champagne reprend son rythme de croisière.

Moins de volume et plus de valeur, Charles Goemaere, Directeur Général du CIVC explique : « La montée en gamme du champagne avec l’appétence grandissante pour des cuvées davantage valorisées, surtout à l’exportation, a permis à l’appellation de maintenir son chiffre d’affaires au-dessus de 6 milliards d’euros. Par ailleurs, un renouvellement de consommation et des marchés est observé. Longtemps cantonnés au brut sans année, les consommateurs se tournent désormais vers plus de diversité, comme les champagne rosés ou les vins peu dosés ».

Une résistance remarquable du marché français

On aurait donc stocké en 2022 et consommé en 2023 ? C’est globalement ce que les chiffres laissent entendre. Avec quelques nuances selon les destinations. En volumes expédiés, et dans le détail, la France (-8,%) résiste mieux que l’ensemble du marché (-8,2%) et que les pays tiers (-8,7%). L’Europe fait cependant mieux (-7,3%).

À l’exception de 2021, le marché français du Champagne recule depuis 2010. On est loin du record des volumes de 2007, pour l’ensemble des marchés (338,8 millions de bouteilles) et pour la France (187,9 millions). En quinze ans, les volumes expédiés dans l’Hexagone ont perdu près de 61 millions de bouteilles (-32,3%). Le poids de la France dans le monde reculé en volume de 55,5% à 42,5%.

Le marché français fait cependant de la résistance et terme de valeur avec une augmentation du chiffre d’affaires de 1,2%, un score supérieur au marché mondial (+1,1%) ou à celui des pays tiers (+0,6%). La meilleure valorisation vient de l’Union Européenne (+6,5%). Entre 2022 et 2023, le prix moyen de la bouteille (+11,6%) a connu une progression quasiment égale à celle constatée dans le marché mondial (+11,5%). La plus forte augmentation appartient à l’Union Européenne (+15,3%). Le prix moyen 2023 est de 21,4 € dans le monde, 17,3 € en France, 23,3 € dans l’Union Européenne et 25,1 € dans les pays tiers.

Un chiffre d’affaires porté à 65% par l’exportation

À près de 6,4 milliards d’euros, en 2023, le chiffre d’affaires du Champagne dans le monde a progressé de 2%. Avec 4,2 milliards d’euros (+2,4%), les exportations pèsent un peu plus de 65% de la valeur du marché mondial. On retrouve quasiment le même équilibre qu’en 2022. La valeur du marché français a gagné 1,2% et celle des exportations 2,4%, en un an. En valeur, les Etats-Unis (810 M€ en 2023) ont régressé de 14,5%, soit 137 M€. Le premier client du Champagne à l’étranger ne pèse plus que 19,3% des exportations contre 23% en 2022. En volume, les États-Unis ont importé près de 7 millions de bouteilles en moins. La baisse des achats américains correspond 46% de la baisse mondiale des volumes exportés.

La qualité des achats amortisseuse de la baisse des volumes

Sur les 15 premiers pays à l’exportation, au-dessus de 3 millions de bouteilles, 11 affichent une baisse de leur importation et notamment, aux côtés des États-Unis, l’Australie (-15%), la Belgique (-22%), le Canada (-20%), les Pays-Bas (-12%) et la Suède (-18%). Deuxième et troisième clients du Champagne, le Royaume-Uni et le Japon affichent une baisse de 7,5%. Les quatre pays en hausse en volume sont l’Espagne (+1,3%), la Corée du Sud (+9,5%), les Emirats Arabes Unis (+49%) et Hong-Kong (+7,6%).

Cependant, ce sont 9 pays sur ces 15 qui, en valeur, enregistrent une augmentation de leurs importations de champagne. Pour les hausses relativement les plus conséquentes : l’Espagne (+17%), la Corée du Sud (+25%), les Emirats Arabes Unis (+45%) ou encore la Suisse (+13%). Ces 15 premiers importateurs enregistrent une baisse de 11% en volume et de 1% en valeur. Toujours sur ce panel, les prix moyen de la bouteille est passé de 23,1 euros à 25,6%, soit une hausse de 10,8%.

Cette hausse résulte de deux sources : l’inflation et la montée en valeur du mix produit, c’est-à-dire un ensemble de bruts sans année, de rosés, de millésimes et de cuvées spéciales. Ces deux dernières pèsent lourd en valeur dans les exportations. Dans le cas des rosés, parmi les premiers client du champagne, figurent entre 10 et 20%, la Suisse, l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Dans celui des cuvées spéciales, on remarque, entre 11 et 13%, les Emirats Arabes Unis, la Corée du Sud, le Japon et Hong-Kong. Le champion en la matière, le Quatar, 35e client du Champagne avec 0,7 million de bouteilles, a consacré en 2023, plus de 20% de ses achats aux rosés et près de 14% aux cuvées spéciales.