Voitures électriques : le coup d’arrêt
Ventes. Les ventes de voitures 100% électriques ont reculé de 6,4% au premier semestre sur le marché national. Seulement 9% des Français envisagent d’en acheter une prochainement.

À l’heure des comptes, à l’issue d’un semestre catastrophique pour l’ensemble du marché automobile français, les immatriculations de voitures 100% électriques marquent le pas. Elles ont plongé de 6,4% au cours du premier semestre, un recul légèrement inférieur à celui de l’ensemble du marché. Au total, 148.333 modèles électriques ont été écoulés, ce qui représente une part de marché de 17,6%. On est très loin de l’objectif des 25% à la fin de l’exercice qui sera remis à des échéances beaucoup plus lointaines, si tant est qu’on y arrive un jour...
Ce coup d’arrêt était prévisible après le ralentissement constaté depuis près de deux ans. Reste à essayer de trouver des explications. Ce sont toujours les mêmes qui sont mises en avant d’une enquête d’opinion à l’autre. Tarifs toujours trop élevés, autonomie encore limitée, méfiance vis à vis de la durée de vie des batteries, temps de recharge jugé trop importants, insuffisance du réseau public de recharge...
A contrario, d’autres sondages confirment le fort taux satisfaction de ceux qui ont effectué leur transition énergétique. À une écrasante majorité, aucun d’entre eux n’envisage de revenir en arrière. Le portrait-robot de l’utilisateur type met en évidence plusieurs traits caractéristiques : plusieurs voitures au foyer, une borne de recharge à domicile, dans la plupart des cas une maison individuelle située en périphérie d’une agglomération, voire la possibilité de se brancher sur le lieu de travail... Des conditions qui, à terme, limitent l’augmentation de la diffusion des 100% électriques.
Cela conduit certains observateurs à parler de « plafond de verre ». Une façon de signifier que le marché des 100% électriques n’est pas loin d’avoir fait le plein des clients intéressés. A charge pour l’Etat de trouver les moyens, financiers essentiellement, de stimuler les ventes. On n’en prend pas vraiment le chemin. Aux marques d’apporter des réponses aux réticences des clients potentiels, en particulier par une politique tarifaire plus réaliste et une augmentation significative de l’autonomie de leurs nouveautés.
La Citroën E-C3 bien partie
Si la taille du gâteau électrique se contracte, la répartition des parts évolue à grande vitesse en fonction de la cote d’amour de certains modèles et de la désaffection pour d’autres. Des vases communicants qui font le bonheur des uns et le malheur des autres.
La grande gagnante de ce début d’année est incontestablement la R5 E-Tech. Un carton succès commercial, matérialisé par 15.752 immatriculations au premier semestre. À elle seule, elle concentre plus de la moitié du total des ventes 100% électriques de Renault (29.068), permettant à la marque d’écouler autant de voitures à batterie que Peugeot (15.333) en recul de près de 43% et Citroën (13.724) réunis. Cela même si la marque au Double Chevron bénéficie du bon début de carrière de la E-C3 dont le tarif accessible contribue à sa réussite avec près de 9.500 ventes au cours des six derniers mois. Elle permet à Citroën de réaliser plus de 20% de part de marché en 100% électriques. À comparer aux 12,6% du cousin Peugeot.
La dégringolade de Tesla, autant liée à l’image désastreuse de son patron qu’à une gamme vieillissante, s’est matérialisée par une chute frôlant les 40%. Néanmoins, la marque californienne écoule encore 12.000 voitures sur le marché national dont les deux-tiers à mettre à l’actif du seul Model Y. Volkswagen suit à distance avec un peu plus de 8000 unités, une progression de plus de 28%, due essentiellement à l’ID.3 qui concentre (4199) plus de la moitié des immatriculations.
Une étude récente du cabinet Deloitte a mis en évidence le peu d’enthousiasme des acheteurs pour prendre le virage de la transition énergétique. Seulement 9% des personnes interrogées envisageaient de passer au tout électrique en 2025. Un résultat identique à celui mesuré un an plus tôt. Qui n’avance pas recule, paraît-il...