Automobile

R5 Turbo 3E, l’extravertie

Nouveauté. Produite à seulement 1980 unités, la mini supercar électrique de Renault a déclenché un engouement immédiat avec 500 exemplaires réservés en seulement 24 heures.

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Photo de Renault 5 Turbo 3E
Cette boule de muscles de 540 ch électriques reprend les couleurs historiques de la marque en compétition. (Crédits : DR)

Ce genre de voiture ne sert à rien d’un point de vue utilitaire. C’est pour cette raison qu’elles sont indispensables. Au diable la rationalité et le fonctionnel. Savoir qu’un industriel comme Renault a donné le feu vert à un tel projet hors normes montre que tout n’est pas encore perdu et qu’un grain de folie peut encore perturber l’ordre des choses. Comme un coin de ciel bleu dans la grisaille de notre univers motorisé corseté par des normes toujours plus contraignantes. Que Renault ait choisi de donner vie à un tel projet confirme le vent de liberté qui souffle sur la marque dirigée par Luca de Meo. Après les R5, R4 et en attendant la future Twingo, cette R5 Turbo 3E signe de façon spectaculaire le retour dans le riche passé du constructeur. Cette fois, il s’agit des années 80 et d’une famille de voitures hors normes, stars des spéciales des rallyes, dont les versions routières, construites en toutes petites séries, sont devenues des mythes sur roues et font le bonheur des collectionneurs.

Ce sera sans aucun doute le destin de cette R5 pas comme les autres au design « exubérant » comme le souligne le constructeur. Et pour être extravertie, elle l’est d’un bout à l’autre de ses 4,08m de long. Ne serait-ce que par sa largeur : 2,03m ou ses « peintures de guerre » reprenant les couleurs officielles de la marque en compétition à la fin du siècle dernier. Tout est excessif : le bouclier avant, le monstrueux diffuseur arrière ou encore la double entrée d’air latéral dont l’une cache la prise de recharge. D’autres couleurs, décorations et habillages intérieurs seront proposés à la demande pour proposer des modèles uniques. Normal pour une voiture jouant la carte de l’exclusivité et de la personnalisation.

Il ne faut pas se fier aux apparences. La 5 Turbo 3E a peu de choses à voir avec la R5 E-Tech à l’exception de ses optiques, de ses feux arrière, de ses rétroviseurs extérieurs et d’une partie de sa planche de bord. Pour le reste, elle fait plate-forme à part avec sa structure en aluminium exclusive et sa carrosserie en fibre de carbone. De même, il s’agit d’une stricte deux places, équipées de sièges baquets issus du monde de la course, tout comme son imposant frein à main vertical.

Deux « moteurs-roues » à l’arrière

Coeur de cette voiture unique en son genre : son originale motorisation 100% électrique, constituée de deux blocs installés sur chaque roue arrière. Ces « moteurs-roues » comme le constructeur les a nommés, font de la R5 Turbo 3E, une propulsion comme ses illustres ainées. La puissance affichée de 540ch est respectable mais, surtout, elle va de pair avec un couple de 4 800 Nm. C’est à peu près 20 fois plus qu’une berline compacte de gamme moyenne. Cela promet des accélérations voisines de celles des hypercars les plus huppées. D’autant plus que le poids n’excède pas 1 450 kg, raisonnable pour un modèle à batterie. Renault annonce un 0 à 100 km/h en moins de 3,5 secondes, un 400 m départ arrêté sous les 11 secondes et, c’est anecdotique, une vitesse maxi de 270 km/h.

La R5 Turbo 3E reprend des éléments des planches de bord des R5 E-Tech et Alpine A290. (Crédits : DR)

Le tout avec une autonomie conventionnelle de l’ordre de 400 km dont il ne faudra pas tenir compte si on a l’intention de profiter (au moins partiellement) du potentiel de cette Renault pas comme les autres. La batterie de 70 kWh acceptant une charge jusqu’à 350 KW devrait permettre de passer de 15 à 85 % de marge de manoeuvre en seulement une quinzaine de minutes. Des précisions auxquelles les acheteurs potentiels accorderont une importance sans doute relative.

Renault a décidé de limiter la fabrication de la R5 Turbo 3E a seulement 1980 exemplaires en référence à l’époque de la naissance de celle qui l’a inspirée. Le tarif de base pour les 500 premières réservations a été fixée à 155 000 €. Sous-entendu : ceux qui tarderont à se décider pourraient payer davantage pour avoir le privilège de mettre dans leur garage la Renault la plus chère de l’histoire de la marque... En seulement 48h, plus de 500 clients se sont manifestés en signant un chèque de réservation de 50 000 €. Autant dire qu’il n’y en aura pas pour tout le monde. Comme quoi, une voiture électrique peut faire battre les coeurs des passionnés.