Automobile

Marché auto : rien ne va plus

Marché. Avec seulement 1 7189 417 voitures particulières immatriculées en 2024, le marché français a reculé de 3,5% alors que les ventes des modèles 100% électriques stagnent.

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Photo de Toyota Yaris
Toyota progresse de façon spectaculaire sur un marché en baisse grâce en particulier aux Yaris « made in France ». (Crédits : DR)

Personne n’a été surpris mais quand même ! Sans un coup de rein salutaire en décembre (+1,5%), moins de 1,7 million de voitures particulières auraient été immatriculées en 2024. On est loin des 2,24 millions de 2019 – dernière année avant la crise sanitaire – avec une chute de 22,4%. Et plus encore, si on remonte à 1990, période bénie pour l’automobile avec un exercice record de plus de 2,3 millions ventes. Plus inquiétant, cela fait cinq années consécutives que le marché automobile national patine et reste sous les deux millions d’unités. Avec 1 718 449 voitures écoulées, on est revenu à peu de choses près au niveau de 1997.

Autre signe qui interpelle : le recul de 2,6% des ventes de 100% électriques, passées de 298 525 à 291 143 voitures. Leur part de marché reste stable (16,9%) mais ce coup d’arrêt constitue une première dans leur montée en puissance continue depuis une décennie. Pourtant, l’offre n’a jamais été aussi pléthorique dans les gammes de tous les constructeurs, ce qui aurait dû entrainer une progression mécanique des ventes, au moins au détriment des autres types de motorisations. Ce n’est pas le cas, comme si on avait fait plus ou moins le plein des acheteurs potentiels. Chez les distributeurs, une réflexion revient en boucle : « Les clients n’en veulent pas ! » Ce n’est pas la baisse significative des aides de l’Etat qui risque d’arranger la situation.
À l’inverse, les hybrides ne cessent de rallier davantage de suffrages, gagnant en l’espace de douze mois plus de 9,5% de part de marché, passant de 595 251 à 735 288 immatriculations. Avec 42,8% du total des ventes 2024, les hybrides, toutes catégories confondues, arrivent en tête des types de motorisations pour la toute première fois, dépassant les modèles thermiques essence (29,5%) et les diesel (7,3%). Ce succès tient pour une bonne part à la généralisation des hybrides dans les catalogues des marques et à la multiplication des modèles à hybridations légères (mild hybrid) qui ont gagné 5% de part de marché en douze mois. À l’inverse, les versions rechargeables reculent : 16 500 voitures immatriculées en moins.

La chute est impressionnante pour les motorisations thermiques classiques : les essence ont perdu plus de 133 000 unités alors que les diesel en ont abandonné près de 47 000, divisant presque par dix leur taux de pénétration de leur époque la plus faste. Qui aurait pu prédire, il y a quelques années, cette évolution radicale ?

Toyota en forte progression

Ce recul général se répercute à des degrés divers au niveau des groupes français. Avec 452 900 véhicules particuliers, Stellantis mord la poussière (-7%) alors que Renault avec ses 425 116 modèles écoulés limite plutôt bien la casse (-2,7%). Certaines marques tirent bien leur épingle du jeu comme Renault avec une quasi stabilité : 277 297 pour une part de marché de 16,1% alors que Peugeot recule de 3,6% (232 714 – 13,5% de pdm). Dans l’un et l’autre cas, rien de dramatique. Mais que dire des contre - performances de DS (-22,9%) et Citroën (-11,4%) ? Les années se suivent et se ressemblent pour le duo du Groupe Stellantis. Ce n’est pas l’arrivée du haut de gamme électrique n°8 qui suffira à inverser la tendance chez DS alors que le renouvellement et le repositionnement cohérent de la gamme Citroën laissent l’espoir d’une amélioration sensible. Du côté de Dacia (144 979), le recul de 7,3% interroge alors que l’on remarque le résultat de Jeep qui avec 11 790 voitures écoulées progresse de plus de 58% d’un exercice à l’autre. Certes, sa part de marché reste anecdotique (0,7%) mais quand même !

Sans faire de bruit mais avec une constance rarement démentie, le Groupe Toyota poursuit sa marche en avant année après année et profite à plein du succès des hybrides dont il est l’incontestable spécialiste. En 2024, le Groupe a immatriculé 134 770 véhicules. 18,6% de plus qu’en 2023 : une progression aux allures de record dans un contexte morose. Dans ce total, la marque Toyota se taille la part du lion avec 127 519 (+18,1%) voitures mais Lexus réalise une réelle performance avec 7 203 immatriculations (+26,9%) et fait encore mieux si on s’en tient à la seule catégorie premium où la marque est considérée comme une valeur sûre. Instabilité politique prolongée, économie en berne, aides fiscales en forte baisse pour les 100% électriques, alourdissement du malus pour toutes les autres : 2025 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. On a l’impression que l’Etat s’ingénie à mettre des bâtons dans les roues de l’automobile. Pas de quoi donner envie aux clients potentiels de pousser les portes des distributeurs. Dommage car les derniers modèles commercialisés et les nouveautés attendues au cours des prochains mois sont attractives.