Automobile

Les niveaux de stocks au plus haut

Grand Est. Des stocks de véhicules au plus haut au cadeau presque empoisonné du leasing social en passant par l’embellie du marché de l’utilitaire, les concessionnaires ardennais et régionaux sont dans l’expectative.

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Photo de Christian Messmer
Christian Messmer, président de Mobilians Grand Est. (Crédit : DR)

« Globalement, pour le véhicule neuf, par son inconstance le législateur ne nous aide pas beaucoup », souligne Christian Messmer, concessionnaire Toyota et Hyundai dans les Ardennes et président régional du Grand Est de Mobilians. « Depuis quatre à cinq ans, on a mis la transition énergétique dans l’esprit du client, même si, depuis quelques semaines c’est beaucoup moins prégnant ». Résultat, tandis que le consommateur s’interroge sur ce qu’il convient d’acheter, les concessionnaires sont eux aussi dans une forme d’incertitude, au regard des nombreux changements, notamment en matière de politique fiscale.

« Les bonus, les malus, les taxes au poids, les taxes selon l’autonomie, tout cela contribue à polluer le ressenti du prospect qui ne sait plus quoi faire. Sans oublier les taxes sur les SUV alors que ce sont les véhicules les plus vendus », souligne celui qui était encore récemment le représentant des concessionnaires ardennais. Des concessionnaires qui se retrouvent face à un attentisme des consommateurs et éprouvent parfois des difficultés à atteindre les objectifs fixés par leurs constructeurs. « Le marché a progressé par rapport à 2022 mais il est encore en-deçà de celui d’avant-covid. On devrait péniblement atteindre le niveau de 2015 en étant à -20% par rapport à 2019 ».

Par ailleurs, les augmentations de tarifs enregistrés post-covid ne favorisent pas la prise de décision des prospects, qui, quand ils franchissent le pas, se tournent vers des véhicules de plus petite taille. Un « downsizing » engendré par un pouvoir d’achat global des ménages en berne. Après avoir vécu une pénurie de véhicules en 2022, les concessionnaires ne manquent pas de modèles en stock en occasion. « Nos parcs sont plutôt bien garnis », précise Christian Messmer. Une situation qui a un coût et qui pourrait bien inciter les constructeurs et les importateurs à consentir à des efforts importants sous la forme de conditions commerciales, d’extension de garanties ou d’autres avantages pour écouler les stocks en occasion mais aussi en neuf.

Impact du leasing social

« Les véhicules électriques neufs restent difficiles à vendre en raison des incertitudes sur leur avenir, et cela rejaillit sur les voitures électriques d’occasion : un produit ou un modèle qui ne se vend pas en neuf ne se vend pas non plus en occasion », précise-t-il. Si le diesel est logiquement en baisse, les hybrides rechargeables restent appréciés des clients qui peuvent trouver dans cette technologie un équilibre intéressant entre conscience écologique, autonomie et confort d’utilisation.

Le marché ardennais, qui représente environ 6 000 voitures en année pleine, n’a pas échappé au succès du leasing social, qui propose des véhicules électriques à 100 euros par mois pendant trois ans sous conditions de ressources. S’il a considérablement boosté le marché du véhicule électrique dans le département comma ailleurs, ce dispositif a aussi mis certains concessionnaires dans une situation de fragilité.

En admettant que le marché ardennais représente de 250 à 300 véhicules concernés par le leasing social, à 10 000 euros d’aides par véhicule en moyenne, on peut estimer que les avances de trésorerie supportées par les concessionnaires locaux s’élèvent à environ 3 millions d’euros. Au niveau national, l’impact est de plus de 300 M€ selon Mobilians. « Il est incompréhensible que nos dirigeants ne mesurent pas l’impact de ces décisions », poursuit Christian Messmer, observant au passage le silence des constructeurs et des importateurs à ce sujet.

Du côté des utilitaires, les nouvelles sont plutôt bonnes, avec des parcs renforcés et une détente du marché après trois années compliquées. « Il y a plus de produits sur le marché, avec de belles conditions commerciales et des prix à la baisse. L’utilitaire est un marché qui progresse plus que celui de la voiture particulière. Il a progressé de +15,8% en avril et de 9,8% en moyenne sur l’année 2024 ». Une tendance que les concessionnaires espèrent voir se poursuivre sur le second semestre.