Les autoroutes de plus en plus sûres mais...
Sécurité. En deux décennies, la sécurité n’a cessé de progresser sur le réseau autoroutier. Avec un bémol toutefois, une inversion de la courbe au cours du premier semestre 2022.
Deux fois moins de tués en 20 ans : les statistiques sont dépourvues d’ambiguïté. Elles confirment ce que l’on sait depuis longtemps, se déplacer en utilisant les autoroutes constitue un gage de sécurité sans pareil. Certes, le coût des péages ne cesse de galoper, dépassant les chiffres officiels de l’inflation. Mais la tranquillité a un prix. Hélas trop élevé pour une partie des automobilistes, contraints, faute de moyens suffisants, de se rabattre sur le réseau national ou secondaire avec les risques supplémentaires qui en résultent...
En 2021, 131 personnes ont trouvé la mort sur le réseau autoroutier. Selon les données de l’AFSA qui regroupe les différentes sociétés autoroutières françaises, si on rapporte ce chiffre à celui du trafic enregistré l’an dernier, cela représente le meilleur résultat depuis vingt ans avec seulement 1,2 accident par milliard de kilomètres parcouru. En comparaison avec l’ensemble du réseau routier, les autoroutes sont cinq fois plus sûres pour ceux qui les utilisent.
Sur ce total, 12% des personnes tuées ont été des piétons, marchant sur la bande d’arrêt d’urgence à la suite d’une panne ou d’un accident, voire des individus n’ayant strictement rien à faire sur l’autoroute et traversant les voies pour la plupart. Ils représentent à eux seuls plus du quart des victimes à pied. Il convient d’y ajouter le personnel intervenant sur le réseau, par manque de respect de la signalisation de la part des automobilistes et des conducteurs de poids-lourds. Depuis le début de l’année, quatre membres d’équipes travaillant sur les autoroutes françaises ont été tués et plusieurs autres gravement blessés. Inacceptable. Rappelons qu’en 2021, 3 219 personnes ont été victimes de la route selon les chiffres officiels définitifs rendus publics par l’Observatoire national de la sécurité routière. Parmi eux, la moitié à bord de voitures, utilitaires ou poids lourds auxquels il faut ajouter 500 circulant sur une moto.
La vitesse, c’est dépassé
Contrairement aux idées reçues qui perdurent à force d’être ânonnées sans discernement, ce n’est pas la vitesse, éternel coupable facile à mettre au ban des accusés, qui constitue la principale cause des accidents sur autoroute. Peu susceptibles d’être complaisantes avec les excès de vitesse, les sociétés autoroutières pointent du doigt le facteur « alcool, drogues et médicaments » comme premier responsable de la mortalité autoroutière. Depuis quatre ans, ce sinistre triptyque est à l’origine de près du quart des accidents mortels. Un pourcentage qui ne cesse d’augmenter. Avec à la clé une forte surreprésentation de l’ordre de 40% des conducteurs de moins de 35 ans impliqués. Le tout se conjugue avec des taux d’alcoolémie significatifs : plus d’un conducteur sur deux égale ou dépasse les 1,2g/l d’alcool dans le sang. Pas de données précise par contre pour ce qui concerne les dépistages de la drogue dont on sait qu’elle est de plus en plus présente dans le quotidien, notamment des jeunes conducteurs.
Deuxième facteur majeur répertorié par les sociétés autoroutières : « somnolence et fatigue ». Il est identifié dans un accident mortel sur cinq et de façon logique, essentiellement la nuit et plus particulièrement au petit matin entre 6h et 8h, deux heures qui concentrent 17% du total des chocs mortels. C’est également la nuit que la « vitesse excessive » est les conséquences les plus préjudiciables. Sur les cinq dernières années, elle a été la cause de 15% des accidents mortels. Constat : ce sont les conducteurs de moins de 35 ans qui en sont les principaux responsables. Bonne nouvelle relative : depuis 2007, les drames consécutifs à une trop grande vitesse n’augmentent plus.
Situation inverse pour les accidents directement liés à l’utilisation en roulant des téléphones, smartphones, tablettes et GPS. Leur usage ne cesse de progresser tout comme leurs conséquences. On leur doit 14% des accidents mortels et les sociétés autoroutières craignent que ce facteur « inattention » ne prenne une importance croissante dans les années à venir. Autre préoccupation : l’inversement de la courbe de réduction des morts sur autoroute, constatée depuis le début de l’année. Au cours du premier semestre, 71 accidents mortels ont été comptabilisés – 20 de plus qu’en 2021- ayant tué 82 personnes (57 en 2021 sur la même période). Une aggravation également mesurée sur l’ensemble des routes. Le tribut douloureux du retour à une vie « normale » après plus de deux années plus ou moins entre parenthèses à cause de la crise sanitaire.