Automobile

Alfa Romeo Tonale, désir d’avenir

Électrique. Le premier SUV compact du constructeur milanais n’est pas seulement une nouveauté. Il incarne le futur d’une marque légendaire dont l’aura a singulièrement pâli.

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Design inspiré d’un concept Alfa pour un SUV de 4,53m. DR

Alfa Romeo n’est pas une marque comme les autres. Le riche passé du constructeur milanais a peu d’équivalent dans l’univers automobile : pléiade de modèles mythiques, monstrueux palmarès sportif, chefs-d’oeuvres esthétiques.... Mais le « Biscione » (le serpent du blason des Visconti) qui orne la calandre en forme de coeur des Alfa Romeo n’est plus très fringant depuis des lustres. Alors qu’Alfa assemblait annuellement plus de 200.000 voitures dans les années 70 - un seuil qui n’a plus été atteint depuis vingt ans – la production est tombée à 66.552 unités en 2019, dernier exercice pré-pandémie. En Europe, les ventes ont été divisées par deux en une décennie et en France, la dégringolade est encore plus spectaculaire. En 2001, plus de 19 000 Alfa Romeo avaient été immatriculées. L’an dernier, seulement 1541 ont trouvé preneur.

Comment pourrait-il en être autrement avec une gamme réduite à deux modèles, la Giulia et la Stelvio ? Dans ce contexte, l’arrivée de la Tonale revêt une importance capitale. À elle de redonner des couleurs au « Quadrifoglio » (le trèfle à quatre feuilles emblématique Alfa) et aux 123 distributeurs de la marque en France qui l’attendaient depuis trois ans et l’exposition au Salon de Genève d’un concept dont elle est le prolongement en série. Avec un objectif mis en avant par Paola Pichierri, la nouvelle directrice de la marque en France : « reconstruire le socle de la marque sans aucun compromis sur la qualité. »

Des signes distinctifs

Premier SUV compact (4,53m) Alfa Romeo, la Tonale qui emprunte ses dessous à la Jeep Compass - ne pas le répéter trop fort - affirme clairement son identité : calandre triangulaire grillagée dont la pointe mord sur la double échancrure du bouclier avant qui fait référence aux fameuses « moustaches », le « Trilobo », blocs optiques avant intégrant trois sources de lumière auxquelles répondent les feux arrière reprenant le même design - la signature lumineuse 3+3 - célébrissimes jantes « teledial » en forme de cadran de téléphone... Des signes distinctifs ancrant la Tonale dans la riche histoire de la firme milanaise.

Ambiance sportive à bord avec un clin d’oeil aux Alfa du passé avec les deux gros compteurs ronds derrière le volant. DR

Même volonté dans la présentation intérieure ou les références classiques se combinent à la modernité la plus aboutie : les deux gros compteurs ronds, autre clin d’oeil, sont bien présents mais l’instrumentation avec un écran de 12,3 pouces est 100% numérique, tout comme l’écran central tactile de 10,25 pouces, la connectivité avec les services multiples proposés par Alfa Connect, l’assistant vocal Alexia développé en partenariat avec Amazon. Le tout se conjugue avec une impression d’ensemble visuellement flatteuse. En matière d’aides à la conduite, le SUV Tonale fait le plein et permet de la niveau 2 de conduite autonome. Mais s’agit-il d’un argument majeur s’agissant d’un modèle promettant le plaisir de conduite attendu d’une Alfa ?

La première alfa électrifiée

La Tonale innove également par ses motorisations, autrefois le point fort des Alfa dont les blocs étaient de véritables cathédrales mécaniques aussi belles à admirer que réjouissantes à utiliser. C’est le premier modèle de la marque à être électrifié. Une évolution indispensable pour exister dans l’univers automobile actuel. Une hybridation simple pour le bloc Hybrid VGT à turbo à géométrie variable de 160ch, soutenu par un moteur électrique de 48volts (15kW) accouplé à une boite automatique à double embrayage TCT à 7 rapports. Une variante 130ch figure aussi au catalogue.

Dans les deux cas, l’alterno-démarreur donne un coup de main lors des phases de démarrage et des manoeuvres tout en allégeant la consommation. Plus ambitieuse, la motorisation hybride rechargeable Q4 combine un turbo essence multi-air 1,3l qui transmet sa puissance aux roues avant avec un moteur électrique animant les roues arrière pour faire de la Tonale une traction intégrale de 275ch. Seulement 6,2 secondes pour le 0 à 100km/h : un niveau de performances digne du Biscione et une autonomie en mode 100% électrique jusqu’à 80 km cycle urbain et 60km en cycle combiné.

Un nouveau diesel 1,6l - 130ch accouplé à une boite 6 à double embrayage complète l’offre. Annoncée dans les concessions de la marque en juin prochain, l’Alfa Romeo Tonale aura la charge de redorer le blason de la marque milanaise et la faire revenir dans le jeu. Elle ne manque pas d’arguments à condition qu’elle soit inclue dans la « shopping list » des clients potentiels pour lesquels le glorieux passé d’Alfa Romeo n’est probablement qu’un souvenir plus ou moins lointain.